Aux élus locaux de Saponé : Acceptez la « Croix » pour sauver votre commune

publicite

« Un fils de Saponé, momentanément absent du pays sur le plan physique, mais permanemment présent de cœur » écrit aux élus locaux de Saponé pour que la cohésion revienne dans la commune.

La suite après cette publicité

Les élections législatives du 22 mai 2016 ont permis aux fils et filles de Saponé de confier leurs voix à des élus locaux pour la promotion du développement de cette commune. A l’issue de ces consultations, le MPP et l’Opposition (UPC-CDP) ont été au coude- à -coude. Pendant que le premier s’en est sorti avec 41 conseillers, le second en a réuni 39.

Des difficultés à s’entendre pour former un Conseil Municipal de consensus semblent bloquer le fonctionnement de la commune. Face à la position intransigeante de part et d’autre, un ultimatum d’un mois a été donné pour tout résoudre. A défaut, Saponé sera placée sous délégation spéciale selon la mission gouvernementale conduite par Alfred Gouba, secrétaire d’Etat chargé de la décentralisation auprès du ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Intérieure (MATDSI), dépêchée le 9 août 2016. Cette situation inquiète tout originaire de Saponé épris de son épanouissement. Partageant la même inquiétude, je voudrais m’adresser personnellement à chacun des élus locaux.

Cher(e) Conseiller (ère), je te félicite d’avoir mérité la confiance de tes électeurs. Tu as pris de ton temps et de tes ressources financières pour parcourir Saponé que tu aimes tant afin de lui signifier de ta disponibilité à travailler pour son plus grand bien. Quel beau projet ! Donner n’a jamais été si simple et il est plus divin qu’humain. Tu as réussi cet exploit. Le peuple a répondu à ton geste en t’accordant sa voix pour le représenter. Quoi de plus normal que d’achever logiquement ce que tu as si bien commencé !

Rien n’est impossible si tu aimes ton peuple. Dans le cas présent, le sacrifice qui t’es demandé c’est de vous unir pour collaborer. T’entendre avec le camp adverse pour réussir ta mission de serviteur du peuple. Cette étape ne devrait pas être difficile à franchir dans la mesure où il y a des points communs entre toi et tes dits adversaires politiques. La question du développement est ce que vous partagez comme dénominateur commun.

N’oublie pas que nos pauvres parents ont consenti à d’innombrables sacrifices pour vous écouter pendant les compétitions électorales, parce qu’ils ont osé croire en vous. Pour preuve, je te fais une confidence : Un jour, j’ai appelé ma mère au téléphone. Ayant senti que je voulais lui parler pendant longtemps, elle m’a poliment demandé de rappeler plus tard. J’ai voulu savoir pourquoi ? Elle m’a dit qu’elle devrait courir à un meeting politique. Avec insistance, elle a souligné que c’était très important car elle avait même dû surseoir à  son commerce du jour pour ne pas rater la rencontre tant importante.

A l’instar d’elle, beaucoup d’autres, ont dû s’imposer de sacrifices inouïs pour les mêmes raisons. Portés par la confiance que tu leur as inspirée, ils  ont voté pour toi sans tenir compte des clivages familiaux. Le nombre d’élus de part et d’autre est la preuve que Saponé jouit d’une maturité politique. Ils vous ont choisi pour travailler dans la différence et la confrontation d’idées. Des contradictions, pour que le meilleur soit extrait au bénéfice de la commune. Que devrais-tu faire pour leur être reconnaissant ?

Le prix de la reconnaissance à payer se mesurera à ta capacité de porter ta « croix » personnelle pour leur prouver que tu peux dépasser tes intérêts privés au service de la cause commune. Ceci n’est pas impossible car ce n’est pas la première fois que ce défi se présente à des politiciens. Tu as une idée sur la notion de la « cohabitation politique » ? « C’est une situation politique dans laquelle le président et le Premier ministre appartiennent à des partis politiques opposés.

 En France, (pays qui a imposé la démocratie à l’Afrique), l’exemple le plus connu de cohabitation est celui qui s’est présenté à trois reprises sous la Ve République ». (Cf fr.wikepedia.org). Le phénomène de la cohabitation politique n’a jamais été un souhait de premier rang pour un Parti politique.

Obligé par la volonté du peuple exprimée dans les urnes, le parti au pouvoir, ne disposant pas de la majorité absolue, est tenu à cela pour sauver l’intérêt commun. La cohabitation est une démarche de respect pour les électeurs. Les exemples du genre pullulent dans plusieurs pays. A côté de toi, tu as le cas édifiant de la Mairie de Poa. La délégation du Ministère vous en a parlé. Et encore, te rappelle-tu du nombre de fois que l’Ancien président Blaise COMPAORE, au temps de « Tuk gilli », a consenti à des gouvernements de large rassemblement ?

Tantôt pour sauver l’unité nationale, parfois pour calmer des grognes sociales. Voilà ce qui t’es demandé dans cette période de l’histoire politique de Saponé. Si les autres le peuvent, pourquoi pas toi ? Ils n’ont pas deux têtes et ils ne sont pas plus intelligents que toi. S’il te plait, mets de l’eau dans ton vin, donc du vin dans ton eau aussi, pour que ça passe.

S’il est vrai que tu ne puisses pas faire comme ces grands politiciens, il y aurait une seule hypothèse difficile à infirmer : tu aimerais moins ton peuple, ceux qui t’on élu. Si nos pauvres parents ont dépassé leurs différences pour t’accorder leur voix, ce n’est pas pour que tu ailles paralyser le fonctionnement de la commune.

Si tu  ne fais pas d’efforts pour réaliser ce saut, pense-tu pouvoir les convaincre que tu n’as pas volé leurs voix pour un commerce personnel? Tu ne voudrais pas lâcher le morceau car tu préfèrerais servir ton ego au détriment du peuple. Fais de ton mieux pour ne pas décevoir nos pauvres mères, nos braves pères, la vaillante jeunesse de Saponé.

Tu as promis que tu te bats en politique pour le peuple, alors, voici l’heure où tu es appelé à boire le calice jusqu’à la lie  pour lui prouver ton amour. Accepteras-tu de mourir personnellement pour le salut de Saponé ? Accepter coopérer avec le camp adverse, renoncer à une partie de toi pour que l’autre existe.

Cher Conseiller Municipal, jusqu’à preuve de contraire, tout Saponé croit que tu l’aimes et que tu seras prêt à tout pour lui donner un nouveau visage. Longtemps défiguré par les querelles politiques, toujours martyrisé par la division de ses fils et filles,  permanemment déchiqueté par l’esprit de régionalisme de ses héritiers, Saponé te regarde. Ne le laisse pas mourir de soupirs et de manque d’espoir causé par ton égoïsme asphyxiant. S’il te plait, rentre chez toi, invites-toi dans le silence paisible de ton cœur, et penses à quel type d’avenir tu voudrais réserver aux générations futures de Saponé, celles de tes enfants et celles de tes petit-fils etc. Réfléchis à quel bilan historique tu voudrais que la postérité garde de toi. Inspire-toi de Naaba Kuuda, le premier chef de Saponé.

Il est reconnu à Naaba Kuuda, un homme de compassion dont la bravoure se déploie déployait au service de l’autre : «Une femme n’invoque pas Naaba Kuuda et rester stérile. Un homme ne se fie pas à Naaba Kuuda et manquer de courage » (Pag pa sigda Kuuda, n kong roogem ye, rao pas sigdi a Kuuda, n kong raod ye ».

Invoque Naaba Googho de Saponé, de vénérable mémoire, premier à avoir le Certificat d’étude primaire au Burkina Faso, pour te laisser guider par son esprit de solidarité. Fais de son nom de guerre, ton slogan : « C’est quand les arbres se rassemblent qu’ils forment la forêt dense ». (Tii guumdeb laagem taaba, tib taaren  boon ti googo).

Il a prôné l’esprit d’union pour vaincre toute adversité en vue d’une famille soudée et toujours gagnante. Ce qui rejoint l’esprit de l’Etat de Kentucky aux USA dont la devise est : « Unis, nous restons debout, mais divisés, nous tombons » (United, we stand ; divided, we fall ;).

Si tu n’évites pas à Saponé le « secours » d’une délégation spéciale, tu auras perdu ton crédit politique vis-à-vis du peuple. Si tu ne fais rien, « tu auras enterré à moitié le cadavre ». Fais plus, pour ne pas décevoir ton époux/épouse, tes enfants, ta famille dont tu as privé de certains privilèges pour battre campagne. Ils ont accepté, car tu leur aurais dit que tu faisais cela pour le bien de toute la commune.

Si tu ne fais rien, tu ne pourras pas convaincre que tu es en adéquation avec tes discours et tes actes. Si tu ne fais rien, tu auras prouvé que ton  combat politique se résume à tes intérêts égoïstes. Alors, réfléchi et évite de croire que tu t’es fait élire pour « assommer » Saponé. Ne confirme pas la rumeur selon laquelle les fils de Saponé pratiqueraient la politique des singes : « Pendant que certaines construisent d’autres s’acharnent à détruire ».

Ne fais pas dire que Saponé manque de la maturité nécessaire pour se construire. Dans ce contexte, ne confirme pas par ton acte, les vérités du Professeur Joseph Ki ZERBO quand il dit : «  Le Burkina souffre beaucoup plus de la sècheresse du cœur de ses fils que de la sécheresse naturelle ».  La honte du charognard lépreux est celle de tous les charognards.

 Cher élu, ne te fais pas champignon de l’analphabétisme politique dont on a souvent accusé à tort, nos parents restés au village. Ils ont joué leur rôle cette fois-ci, en vous élisant et en acceptant les vérités des urnes. C’est à toi d’agir pour prouver ce dont tu es capable pour le bien de ta zone politique : «  La danse incombe au masque dès que les tambourinaires ont joué la musique ». Le peuple t’attend.

Que Dieu puisse convertir ton cœur pour le plus grand bien de tes électeurs et pour un bel avenir de Saponé qui reste éternel par rapport à toi, passager et dont le poste du moment est très éphémère. Que par la contribution de tous, fécondée par la bénédiction des ancêtres et de Dieu, Saponé ne s’embourbe pas dans la boue des calculs personnels.

Qu’il soit plutôt une bonne graine enfouie dans le sol béni de ses fils unis, arrosée par la pluie de la bonne volonté commune ! Ainsi, elle poussera, grandira, germera et portera des fruits en abondance pour le bonheur de ses habitants et pour le rayonnement du Burkina tout entier.  N’est-ce pas ce qui rencontrera le « nom-programme » de son nouveau chef, le Naaba « Sigri ».

« La semence bénie ne manquera pas de produire de bon fruits ». (Sigr bon bull kon koog neere). Sur ce, je rends un vibrant hommage à toute bonne volonté engagée pour la résolution de cette crise et surtout à l’équipe de médiation conduite par le grand frère, André Eugene ILBOUDO. Que Dieu bénisse Saponé.

Un fils de Saponé, momentanément absent du pays sur le plan physique, mais permanemment présent de cœur.

Sibiri Nestor SAMNE 

Email : [email protected]

NDLR : Le titre est de l’auteur

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×