« Putsch Diendéré » : Retour sur le rôle déterminant des réseaux sociaux

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Facebook et Twitter sont les deux réseaux sociaux les plus utilisés au Burkina Faso. Parler du putsch manqué de septembre 2015, c’est aussi parler du rôle capital qu’ont joué ces réseaux sociaux. Facebook et Twitter ont beaucoup servi d’espaces d’échanges pendant ce dernier coup d’Etat en date sur le continent africain. Certains observateurs parlent de combat sur la toile. Et ce combat a commencé bien avant même l’insurrection populaire d’octobre 2014. Cependant, les réseaux sociaux n’ont pas eu que des avantages.

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L’appel du 16 septembre 2015

Burkina24

La première insurrection a, en réalité, commencé sur les médias sociaux en 2011, et ce, avec le printemps arabe et la mutinerie au Burkina. Et quelque temps après, l’on a vu naître sur la toile, surtout sur Facebook, des groupes tels que « Blaise Compaoré doit dégager », « Mouvement Blaise Compaoré doit partir », « La voix des Burkinabè », « Non à la modification de l’article 37, Non au référendum et au sénat », des hashtags, etc.

Le 16 septembre 2015, en plein Conseil des ministres, des soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) font irruption dans la salle. Des personnalités dont le Président de la Transition sont prises en otage. Le lendemain 17 septembre, le Conseil national de la démocratie (CND) annonce avoir pris le pouvoir. C’est le début du « Putsch Diendéré ». Des groupes tentent de se rassembler dans les rues de la capitale, mais sont dispersés.

Des voix se sont élevées, tant sur le plan national qu’international, pour dénoncer ce coup de force. A l’intérieur du pays, les syndicats et les mouvements citoyens tentent de mobiliser la jeunesse à laquelle ils demandent de s’opposer à l’action des putschistes. Des médias, contraints, cessent d’émettre pendant plusieurs jours. Certains ont même reçu la visite des putschistes. Des journalistes molestés, …

Mais étant au 21e siècle, les populations pouvaient toujours s’informer et rester en contact. Grâce aux médias en ligne et les réseaux sociaux, des millions de personnes suivaient de si près ce coup de force. Le bilan dressé par la Coordination des associations pour l’assistance et le secours populaire (CAASP) fait état de 15 morts et 114 blessés.


Plus d’infos sur le putsch manqué, voir ici.


Un an après, Burkina 24 a pu échanger avec quelques web-activistes. Ils se sont prononcés sur le rôle déterminant joué par les réseaux sociaux pendant le putsch manqué de septembre 2015.

Harouna Dabré dit Lengha Fils (Canada), web-activiste

« Les réseaux sociaux ont été très déterminants ces deux dernières années dans notre marche vers une démocratie plus expressive. C’est à partir des réseaux sociaux que la colère populaire a explosé le plus. Ce qu’on cachait au peuple lui était rendu public sur les réseaux sociaux.

L’impact le plus fondamental pour moi donc, c’est que les réseaux sociaux ont été des plateformes d’expression populaire mais aussi d’organisation et d’échanges de stratégies pour contrer un certain nombre de dérapages qui se déroulaient sur le terrain. Depuis l’insurrection jusqu’à maintenant, toutes les stratégies de lutte ont été construites sur les réseaux sociaux à travers des contributions publiées mais aussi dans des groupes d’affinités qui s’y sont créés. Par exemple pendant l’insurrection, moi j’étais dans presque tous les groupes à des degrés divers.

J’ai pu discuter  directement avec presque tous les leaders politiques en émettant mes opinions de comment il fallait s’y prendre pour contrer telle ou telle action antidémocratique sur le terrain. Tous les leaders et décideurs politiques sont sur les réseaux sociaux et donc on n’a plusvraiment besoin d’une audience pour les rencontrer ou se faire entendre.

C’est un dialogue direct entre le citoyen et son dirigeant. C’est ça la révolution des réseaux sociaux. C’est ce qu’on a fait pour réussir l’insurrection, pour contrer la gabegie des transitaires et pour contrer le putsch. Aujourd’hui, c’est une veille citoyenne sur la gouvernance politique ».

Souleymane Ouédraogo dit Basic Soul (Burkina), membre du Balai citoyen

« Ce sont les réseaux sociaux qui ont permis aux résistants de maintenir le contact et de partager les informations vu que la répression et la stratégie mortifères du RSP empêchaient toute réunion ou rassemblement. Nous avons pu échanger en temps réel des infos sur les positions du RSP, lancer et maintenir la mobilisation dans les régions … Ayant compris cela, Diendéré avait envoyé ses soldats pour couper internet à l’ONATEL au Centre-ville. N’ayant pas les capacités techniques, ils n’y ont pas réussi.

On avait des foras sur Facebook en inbox pour planifier nos stratégies, on publiait les exactions du RSP, on informait le monde entier … L’attaque de l’hôtel Laïco a été relayée par mes soins avec les images des ambassadeurs en train d’être évacués par ascenseur et cela a contribué à dégrader davantage l’image des putschistes auprès de l’opinion publique et des chancelleries ».

Charles Sanches (Sénégal), défenseur des Droits humains, engagé pour la justice sociale

« Les réseaux sociaux particulièrement Facebook et Twitter ont permis de tenir les gens informés en temps réel pendant le putsch.

Les initiateurs du putsch semblent d’ailleurs avoir été pris de court. Ils n’avaient pas imaginé que l’extérieur suivrait de si près le putsch. En ce sens, ces nouveaux médias ont permis de modifier les rapports de force dans la guerre de communication que se livraient les protagonistes ».

Il faut noter cependant qu’il y a souvent eu des dérives sur les réseaux sociaux pendant ce putsch, puisque des informations non fondées et non vérifiées y étaient aussi publiées. Actifs également sur les réseaux sociaux, des pro-putschistes tentaient de « façonner » l’information. Un site web avait même été créé : Ofaso.net.

Telle donc une rumeur, qui n’a « pas de père ni de mère », des informations sur les réseaux sociaux peuvent provenir de personnes à la moralité douteuse, difficilement identifiables, mues souvent par l’envie de nuire. Aux utilisateurs donc, d’investir ce champ numérique avec talent et panache.

« Il faut se rendre compte que les réseaux sociaux deviennent une arme qu’il nous faut maîtriser et retourner désormais contre tous les ennemis de l’Afrique. Les réseaux sociaux sont un « champ de bataille » qui convoque l’intelligence et la créativité », disait un ancien ministre sénégalais.

Noufou KINDO

Burkina 24

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Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

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