« Le Burkina Faso, digue contre la barbarie et l’obscurantisme »

publicite

Afin que la « digue contre la barbarie, contre l’obscurantisme » que constitue le Burkina Faso ne cède, le Conseil de sécurité des Nations-Unies co-présidé par la France et l’Allemagne a effectué le voyage de Ouagadougou pour mieux appréhender la situation et au passage « redonner une impulsion » à la force conjointe du G5 Sahel.

La suite après cette publicité

La spirale d’attaques terroristes s’est certes arrêtée, mais, « le Burkina Faso parcourt un temps difficile », note l’ambassadeur d’Allemagne à l’ONU. Après douze ans à conseiller la chancelière, Christoph Heusgen a fait ses valises pour rejoindre le siège de l’ONU à New York. Conformément aux accords du traité d’Aix-La-Chapelle, la France a décidé de « co-présider le conseil de sécurité de l’ONU » avec l’Allemagne qui a été élue membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2019 et 2020 le 8 juin 2018.  

Le choix s’explique en partie aussi par l’ordre alphabétique. En effet, selon le règlement, la présidence du Conseil est assurée par chacun des Membres à tour de rôle pendant un mois, suivant l’ordre alphabétique anglais des noms des États Membres. Ainsi, à la suite de la France, l’Allemagne (Germany en Anglais) assurera la présidence en avril. Les deux voisins et maillons forts de l’Union européenne, un des principaux partenaires de l’opérationnalisation du G5 Sahel mettent à profit cette possibilité pour aider à faire inscrire l’organisation sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies.

« Concentrer tous les efforts de la région sur ce pays (Burkina Faso) »

Présent à Ouagadougou avec son homologue français François Delatte pour « envoyer un message d’amitié, de solidarité et de soutien », le diplomate allemand a partagé ses impressions sur le pays des Hommes intègres avec sa « société civile qui est très active, très engagée ». Selon Christoph Heusgen, les Nations-Unies sont unies dans leur soutien pour le Burkina Faso. Cela s’explique selon lui par la décision du secrétaire général qui a « lui-même mis un accent » sur le Burkina Faso en donnant « instruction au représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahara (Mohamed Ibn Chambas) pour concentrer tous les efforts de la région sur ce pays ».

Il s’agissait à travers cette visite de « redire avec force que nous sommes venus au Burkina Faso pour exprimer notre amitié, notre soutien et notre solidarité face aux nombreux défis auxquels est confronté le Burkina Faso et auxquels il fait face avec courage », a insisté l’ambassadeur de France à l’ONU, président du conseil de sécurité de l’organisation. Cela s’explique selon les missionnaires par « la situation sécuritaire et la situation socio-économique (écoles et centres de santé fermés, à peu près 140 000 personnes déplacés) fragiles » du pays.

Sans s’attarder sur les éventuelles explications de la crise sécuritaire qui peuvent avoir leur origine dans la gouvernance défaillante, le message à envoyer par le conseil de sécurité au gouvernement burkinabè est le suivant : « continuer sur le chemin des réformes démocratiques » et « démontrer zéro tolérance » en ce qui concerne la loi portant sur la corruption. Et pas que.

« Le respect des droits de l’Homme est très important »

Le passage à l’an a été marqué par une chasse à l’Homme organisée. Le 1er février 2019, le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) annonçait avoir dénombré 210 morts à la suite l’assassinat du chef de village de Yirgou dans le Centre-nord du pays par des hommes armés non identifiés. Le crime sera imputé à des membres de la communauté peule qui subira en retour la loi du talion du groupe d’autodéfense Koglweogo. Début février, l’armée indiquait avoir procédé à la neutralisation de 146 terroristes dans le Nord du pays.

Un mois plus tard, soit le 13 mars, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) dénonçait des dérives lors des opérations qui ont conduit à ces neutralisations. Inquiets, les missionnaires invitent l’exécutif burkinabè à s’engager pour « calmer les tensions entre les communautés ou la situation qui était calme pendant de longues années et qui maintenant dans quelques cas est difficile ».

Quant aux enquêtes en préparation ils font part de leur souhait de les voir mener « d’une façon impartiale par la justice » et que « les coupables soient punis ». Ce message n’est pas adressé qu’au Burkina mais à tous les Etats en lutte contre le terrorisme. Et Christoph Heusgen d’interpeller la communauté internationale à ce sujet. « La lutte contre le terrorisme doit être menée en respectant les droits de l’Homme », a déclaré le diplomate allemand.

Le G5 Sahel, le chapitre 7 de la charte de l’ONU et la digue Burkina

Les deux co-présidents du Conseil de sécurité, membres de l’Union européenne qui est un des principaux partenaires vers l’opérationnalisation du G5 Sahel veulent « redonner une impulsion » à la force conjointe. « Le conseil de sécurité a fait part de son intention de rediscuter du soutien international à la force, une fois que celle-ci sera opérationnelle et que les premiers résultats seraient obtenus. Nous y sommes », a déclaré l’ambassadeur de France à l’ONU.

Dans leur plaidoirie pour l’inscription de la force conjointe sous le chapitre 7 de la charte de l’organisation, les cinq pays membres peuvent compter sur la Côte d’Ivoire qui siège elle aussi au conseil de sécurité. Kakou Houadja Léon Adom, ambassadeur ivoirien à l’ONU a pris part à ce voyage de solidarité. Le diplomate qui se considère « un peu comme les ambassadeurs du Burkina Faso au sein du Conseil de sécurité » s’est attardé sur l’enjeu qui justifie en grande partie sa présence à Ouagadougou. « Pour nous le Burkina Faso est une sorte de digue contre la barbarie, contre l’obscurantisme et si cette digue cède, c’est la vague de la barbarie et de l’obscurantisme qui va toucher la Côte d’Ivoire, qui va déferler sur le Ghana et plus loin sur le Togo et le Bénin », analyse -t-il.

Prenant le taureau par les cornes sur invitation du président du Ghana Nana Akufo-Addo, les présidents Roch Kaboré, Patrice Talon, Faure Gnassingbe et Daniel Kablan Duncan avaient rallié la capitale ghanéenne le 22 février pour parler sécurité et développement. Kakou Houadja Léon Adom s’est dit heureux que les premiers responsables de ces Etats se soient réunis là pour « penser une appropriation collective de la sécurité dans la sous-région ».

En attendant la rencontre du 28 mars prochain au siège des Nations-Unies à New York, le chef de la diplomatie burkinabè se félicite de l’existence de l’« arrangement triangulaire (G5 Sahel, Union Européenne et Nations-Unies) » qui permettra à la MINUSMA d’appuyer sur le plan logistique, opérationnel la force du G5 Sahel.

C’est là qu’intervient, l’alliance sahel, « l’une des colonnes vertébrales nécessaires pour donner corps à cet effort indispensable en matière de développement » renvoie François Delattre. « Tout le monde a compris [qu’]il est important d’aider, d’appuyer et de soutenir le Burkina Faso dans ses efforts dans la lutte contre l’insécurité et dans la lutte pour le développement », appréciait le chef Alpha Barry, chef de la diplomatie burkinabè, au sortir de la séance de travail avec la délégation onusienne.

Oui Koueta

Burkina24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Oui Koueta

'The vitality of a country can also be measured through that of its journalists'

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page