Le théâtre, pour un changement social et un mieux-être.

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Entretien avec Aristide TARNAGDA, acteur, auteur et metteur en scène de théâtre Burkinabè.

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De son Boulgou natal au théâtre de la fraternité où il fit ses armes au sein de la troupe-école de feu le Pr. Jean Pierre GUINGANE, il est aujourd’hui une figure incontournable du théâtre Burkinabè. B24 l’a rencontré pour vous, à l’issue de sa prestation dans une pièce intitulée « les déconnards ».  Il nous livre ses impressions sur le théâtre au pays des Hommes intègres.

 B24 : comment vous est venue l’idée de jouer la pièce théâtrale « les déconnards » ?

Aristide TARNAGDA : c’est suite à une rencontre avec Lamine DIARRA qui en est le metteur en scène, lors des Récréatrales de 2004 à Ouagadougou, ainsi qu’avec Koffi Kwahulé (auteur de la pièce « les déconnards ») au festival d’Avignon. J’avais également envie de revenir sur les planches, notamment au Burkina où je n’avais pas joué depuis un certain temps. Le texte de la pièce m’a également plu et c’est pourquoi j’ai décidé de la jouer.

B24 : Quel est le message qui se dégage de cette pièce théâtrale ?

Aristide TARNAGDA : Cette pièce théâtrale parle d’un étudiant qui s’est retrouvé à Paris où il s’est jeté sous le métro. Elle suscite un certain nombre de questionnements relatifs à l’exil, à l’inacceptation de l’exilé dans son nouveau milieu, au racisme et à la solitude. L’étudiant en question s’est retrouvé face à la pression de la solitude dans son nouveau monde et il essaie de réinventer  la vie de son village afin d’échapper à cette solitude.

La pièce aborde également des questions liées à la question de l’indépendance et suscite quelques questionnements. Sommes-nous vraiment indépendants dans nos têtes? Est-ce que dans la réalité nous le sommes. Comment se fait-il qu’un étudiant soit obligé d’y aller afin de parfaire ses études et fini  par mourir de solitude ?

B24 : Votre pièce ne fait-elle pas un clin d’œil à l’actualité nationale, vu que vous y racontez l’histoire d’un village où tout le monde déconne à n’en pas finir ?

Aristide TARNAGDA : C’est un hasard, parce Koffi Kwahulé a écrit la pièce depuis l’année 2000. Nous avons démarré le projet de mise en scène à un moment où le pays ne vivait pas les remous que nous connaissons mais la représentation a coïncidé avec cette période de crise au Burkina Faso. C’est une coïncidence heureuse en ce sens que, cela permet au public de savoir que l’on ne joue pas dans le vide, et de s’interroger plus sur le devenir du pays.

B24 : Aujourd’hui, vous êtes entre deux avions pour des spectacles à travers le monde, peut-on déduire que le théâtre nourris son Homme au Burkina?

Aristide TARNAGDA : Le théâtre ne nourris pas son Homme comme il faut. Pour que le théâtre nourrisse son Homme, il lui faut un public et  une politique culturelle. D’autre part, il est indispensable que les décideurs politiques prennent conscience de l’importance du théâtre dans la vie d’une société et mette les moyens à la disposition des acteurs du théâtre afin de leur permettre de créer.

Pour ce qui est du cas particulier du Burkina, le théâtre nourrira son Homme à partir du moment où l’Homme de théâtre pourra se nourrir. Pour l’instant les acteurs s’en sortent un peu mais il reste beaucoup à faire. Il faut donner des moyens adéquats aux créateurs afin de les mettre dans les conditions pour accoucher de pièces qui puissent représenter l’âme du Burkina à travers le monde.

B24 : Quelle est la part sociale du théâtre au Burkina ?

Aristide TARNAGDA : Pour vous répondre, je reprends une expression de l’ancien ministre de la culture du Burkina M. Mahamoudou OUEDRAOGO qui disait : «le théâtre pour une société, c’est sa toilette».  Cette image est assez juste en ce que le théâtre a une place très capitale dans  la vie d’une société, quel que soit le genre ; que ce soit de la comédie ou du drame, puisque, pleurer libère, rire aussi. C’est aussi pourquoi, certains partenaires sociaux qui veulent faire passer des messages de sensibilisation et de prise de conscience sur des phénomènes sociaux passent par le théâtre.

Le théâtre permet à l’être humain de se regarder et de faire son bilan. C’est un art qui traumatise de l’intérieur. Pour un changement social et un mieux-être, l’on a besoin de ce traumatisme. Le fait de voir quelqu’un d’autre jouer une situation qui est la vôtre, permet de se remettre en cause. L’effet n’est pas immédiat et on a besoin de cela en permanence. C’est pour cela qu’il faut des salles de spectacle et qu’il faut donner les moyens aux artistes pour créer et diffuser.

B24 : Y a t-il une culture du théâtre chez  le Burkinabè ?

 Aristide TARNAGDA : Pour faire un parallèle, je dirai que le football est ancré dans les habitudes des burkinabè ; et pourtant pendant les matchs du championnat national, les stades sont vides parce que les supporters estiment que les matchs ne sont pas de qualité et ne nécessitent pas de faire le déplacement. Il en est de même pour le théâtre. Le problème qui se pose est que les pièces sont jouées dans une langue qui n’est pas celle du public. En effet, on ne comprend pas les choses de la même manière dans sa langue maternelle et dans la langue d’autrui. Aussi, le public se sent exclu du théâtre qui est proposé.

 

Entretien réalisé par TAMPOURE.

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4 commentaires

  1. Paul Aucoin dit :C’est bien trop leur ddamneer d’agir de mani?re responsable.

  2. je le connais! je vous assure que c’est a very intellengent gay. Et sa voie est………..

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