Révolution démocratique arabe : la débâcle des dynasties impériales

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Le peuple reste fort et le demeure. Les crises sociales et politiques qui secouent le Maghreb depuis décembre 2010 ne cessent de nous le rappeler. La Tunisie, l’Egypte, l’Algérie, le Yémen, Bahreïn, les Emirats arabes unis, la Syrie, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et qui encore, illustrent une situation délétère, miséreuse et désespérée dans laquelle les populations ont été reléguées par les pouvoirs autocratiques, monarchiques, totalitaires des chefs d’Etats. Bien assis, ils détournent tout à leur avantage et restent prêts user de tout pour faire taire le peuple.

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Le bonheur du pouvoir c’est la capacité de nuisance, a-t-on coutume de dire. Très souvent les politiques oublient rapidement les promesses faites aux peuples, la gestion et le partage rationnels des ressources de leurs nations. Ils se rappellent rarement qu’ils sont au pouvoir par la volonté du peuple et que, de ce fai,t il faille composer avec celui-ci. Certains présidents l’apprennent à leurs dépens après s’être enracinés et amarrés en despotes des décennies durant au pouvoir.

Pendant ce temps le peuple croupit dans une misère et par-dessus tout, devient victime d’exactions injustifiées des pouvoirs publics, d’absence de liberté,  de corruption, d’injustice. La situation se radicalise et enlève à certaines personnes tout espoir, y compris celui de vivre. Lorsqu’on en  arrive à cette étape dans un Etat qui se dit de droit, démocratique ou non, la révolte devient la seule et unique issue.

Il n’est donc pas étonnant de constater qu’après plusieurs années passées au pouvoir, avec l’envie de toujours modifier les textes fondamentaux de la nation pour y demeurer jusqu’à la mort et même se faire remplacer par son fils ou son frère, certains présidents se heurtent à la furie et la fureur de la rue. Et quand elle parle, cette rue là, les conséquences sont immédiates et souvent fatales pour la cible.

Zine El Abidine Ben Ali, arrivé au pouvoir depuis la fin de l’année 1987,  par un coup de force contre Habib Bourguiba, a été chassé du pouvoir le 14 janvier 2011. Il a été emporté par une manifestation populaire née suite à l’immolation par le feu d’un petit commerçant, Mohamed Bouazizi dont la marchandise a été confisquée par la police. C’est le  déclic de la révolution arabe. Ben Ali a dirigé la Tunisie d’un bras de fer pendant 23 ans, s’accaparant, avec sa belle famille les richesses du pays. Depuis l’Arabie Saoudite où il s’est réfugié, il est poursuivi, par la justice de son pays, pour actes de corruption et pour les tueries causées pendant la révolution. Cette révolution dite du jasmin, s’est propagée sur le magrehb et le moyen-orient.

Mohamed Hosni Moubarak confronté à la pression de la rue, débutée le 25 janvier, et voulant sauver son fauteuil et protéger certains de ses intérêts, a été contraint de faire des concessions, les premières depuis qu’il est aux affaires (octobre 1981). Peine perdue, car le peuple en avait assez de lui. Il pousse la police et ses partisans à affronter la rue qui ne faiblit point malgré les tueries orchestrées (plus de 300 morts). Il finit par s’envoler du palais en hélicoptère pour Charm el cheick (station balnéaire en bordure de la mer rouge), laissant le fauteuil au Conseil suprême des forces armées.

Observant avec inquiétude les deux révolutions (du Jasmin et du Nil) qui, jusque-là, ont abouti, les autres dirigeants arabes ont chacun entamé des réformes politiques et sociales afin de prévenir leur prochaine et éventuelle éviction. Octroi d’argent aux familles et distribution de vivres par ci, ouverture de dialogues et nominations politiques par là, hausses de salaires, etc. Toutes les astuces sont explorées par les dirigeants de l’Algérie, du Yémen, de la Syrie, de l’Arabie Saoudite dans l’optique de pouvoir échapper au sort de Ben Ali ou de Moubarak.

Que la démocratie règne

La rue n’a pas cédé pour autant; elle qui réclamait seulement plus d’égalité, de considération, de liberté, bref  le règne la démocratie, campe désormais sur le départ des dirigeants. C’est dire donc que les radiations de la Révolution du Jasmin ont atteint tout le monde arabe, jadis autocratique. En tout cas Mohamed Bouazizi du fond de sa tombe se sentira fier de ces victoires qui se propagent dans le monde, d’abord en Afrique du nord, au proche et au moyen Orient, puis ….. Interpellation donc à qui veut l’entendre !

S’apercevant que  la chute est inévitablement proche, les pays de la région apportent leur soutien aux régimes contrariés par la pression de la rue. Il faut surtout essayer d’éviter la chute du voisin, car après lui, ce serait son tour, encore que la contagion semble gagner du terrain à grande vitesse et a  abouti jusqu’alors. Les reformes engagées manu militari, dans les pays visés par l’onde de choc n’ont pas suffi à calmer les protestataires. La répression est désormais sanglante et sans répit, d’autant plus que ces assoiffés du pouvoir totalitaire et à vie n’ont pas envie d’être éjectés encore moins poursuivis. La Libye, où l’aviation et les armes lourdes ont été employé contre les manifestants, la Syrie où règne une répression aveugle, le Yémen qui cherche ses marques avec l’équilibre des forces constituent des cas illustratifs de la «guerre des époques».

Qualifiée d’émeutes de la démocratie, cette révolution dans la sphère arabe intéresse les occidentaux qui jouent la politique de l’autruche. Berceau de cette démocratie qu’ils veulent diffuser à travers le monde, les pays d’Europe et d’Amérique appliquent une politique de chauve-souris sur le continent noir et en Orient.

Seuls comptent  leurs intérêts! Oui les intérêts priment sur tout, même sur la démocratie qu’ils prétendent défendre avec énergie. Tant que ces intérêts sont sauvegardés, il n’y a pas de problèmes, ou du moins les problèmes de droits de l’Homme, de corruption, de mal gouvernance, d’oppression des peuples sont négligeables et négligés. Il a donc fallu la chute de Ben Ali, pour que les Américains et Européens pointent du doigt la fortune de la l’ex-famille présidentielle, et reconnaissent l’oppression du peuple tunisien sous le règne Ben Ali. Seulement deux heures après la chute Moubarak, la confédération helvétique annonce le gel de ses avoirs.

L’intervention de l’OTAN en Lybie témoigne clairement une fois encore qu’il n’y a que les intérêts égoïstes qui nourrissent les actions.

Après ces deux présidents, à quoi le tour ? Une chose est certaine, l’agitation se propage très vite et a déjà gagné Djibouti, l’Autorité palestinienne, l’Iran, le Koweït, le Maroc. Le vent qui souffle ainsi devrait interpeller les chefs d’Etat pluri-décennaux de la zone arabe,  d’Afrique et d’ailleurs, et servir de leçon à tous les dinosaures politiques où qu’ils soient.

L’usure du pouvoir est toujours nocive pour celui qui le détient. Pour espérer y échapper, il faut respecter les engagements pris, respecter aussi les constitutions, savoir laisser les chantiers aux autres qui peuvent bien et même mieux les achever. Nul n’est foncièrement indispensable, sinon l’existence n’aurait pas d’histoire.

Boureima LANKOANDE

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