Mohamed VI, l’art de gouverner

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En dépit des manisfestations que connait le Royaume chériffien depuis fin février 2011 , le roi Mohamed VI a tant bien que mal pu gérer jusqu’aujourd’hui.

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Contrairement à la plupart des monarchies politiques et constitutionnelles du monde arabe, le Royaume de Maroc a su faire face à la contestation populaire contre le pouvoir du roi Mohamed VI. Plutôt que de mener une répression aveugle et sanglante des manifestants comme ailleurs (Tunis, Egypte, Libye, Syrie, Yémen), le souverain marocain a eu la sagesse de savoir jouer la politique de la souris, disperser les manifestants avec la manière et négocier en même temps avec le peuple.

Tel, un devin, le roi Mohamed VI avait lancé en août 2010 un appel aux Marocains à s’inscrire dans un processus de régionalisation avancée, annonçant déjà une logique de changement démocratique ; bien avant donc l’avènement du printemps arabe. Après les premières manifs du 20 février 2011, le souverain annonce une réforme constitutionnelle le 9 mars  dans la perspective de réduction de ses pouvoirs et d’instauration de plus de libertés et d’égalités pour les citoyens marocains.

Les manifs, désormais baptisées «mouvement du 20 février», gagnent de l’ampleur mais surtout sur le plan médiatique et prennent une connotation idéologique extrémiste et islamiste, donc plus hostile au pouvoir. L’insuffisance de consensus au sein des manifestants (islamistes et gauchistes) profite au pouvoir qui tout en soufflant le chaud et le froid, fait tout pour éviter d’envenimer la situation.

Le mouvement s’essouffle avec parfois les interdictions, les répressions peu violentes (qui se solde en des blessés et des interpellations), et surtout avec la volonté du souverain d’écouter son peuple; l’art de gouverner dont il fait preuve. La feuille de route proposée répond largement aux revendications de la rue. Les forces de l’ordre ont toujours fait preuve de retenue et de grandeur d’esprit, afin d’éviter les affrontements qui se traduiraient par un carnage. En outre le roi bénéficie du soutien de collaborateurs réputés pour leurs capacités d’ouverture, d’écoute et de dialogue.

Après l’attentat du café Argana le 28 avril à Marrakech (17 morts), Mohamed VI ordonne une enquête rapide et transparente. Avec cet attentat, il obtient le soutien des occidentaux. Le mouvement tente de reprendre son souffre le 5 juin de nouvelles manifestations, mais le paradoxe marocain l’a emporté. Le peuple veut la révolution, Mohamed VI fait sa révolution autrement, réactif à l’écoute et surtout focalisé sur le long terme.

Même s’il na jamais été menacé d’éviction de son trône, le vent des révoltes arabes lui a néanmoins donné leçon. Les 17 juin, le souverain marocain présente dans un discours à la Nation, un projet de réformes constitutionnelles. Ces réformes renforceront les pouvoirs  Premier ministre et du Parlement tout en maintenant le statut religieux du monarque et son rôle de chef de l’Etat, de l’armée et de la diplomatie de son pays.

Selon les termes de Mohammed VI, le projet a pour objectif de «consolider les piliers d’une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale». En attendant qu’il soit soumis à referendum le 1er juillet 2011, certaines reformes y annoncées permettent effectivement de calmer les ardeurs du leader charismatique du mouvement du 20 février Cheick Abdessalam Yassine. Il s’agit l’officialisation de la langue berbère à côté de l’arabe, du rééquilibrage des pouvoirs, de la suppression du caractère «sacré» du roi.

La dynamique réformatrice entamée par le roi Mohamed VI lui a été salutaire. Malgré le caractère monarchique du Maroc, le roi Mohamed VI aurait fait preuve d’anticipation et de discernement, animé d’une volonté réelle de prendre en compte son peuple et ses aspirations ; un état d’esprit qui va lui attirer les sympathies des grandes puissances.

Après seulement 12 années de pouvoir, le souverain marocain s’est forgé une vision personnellement universelle de la gouvernance politique. Son ambition d’aller vers une monarchie constitutionnelle découle sans doute de cette vision reconnue aujourd’hui.

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