REFORMES POLITIQUES : une mode aux multiples traquenards

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La question de l’alternance est très délicate en Afrique et on le voit bien en cette période de crises qui secoue le Burkina. C’est une problématique d’actualité partout sur le continent et surtout au cœur des enjeux électoraux.

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Ainsi, l’actualité politique du continent dans son ensemble est dominée par des réformes politiques. Si ailleurs on doute encore sur ce qu’elles sont, au Burkina Faso, les réformes politiques constituent un objet politique déjà identifié. Il y a quelques mois, la République Démocratique du Congo a modifié sa constitution pour instaurer un système électoral à un tour. Plus proche en date, le Maroc vient d’annoncer des réformes politiques dans le cadre d’une nouvelle constitution qui sera soumis au référendum en juillet. Presqu’au même moment au Sénégal, le président Wade surprend sa classe politique en annonçant des réformes qui arment davantage une critique déjà acerbe à propos de sa candidature pour les élections de 2012.

Pour le Burkina, les réformes politiques annoncées qui divisent la classe politique et la société civile, entrent dans une phase décisive avec la mise en place du Conseil Consultatif chargé de faire des propositions en ce sens.

Le pouvoir, sourd aux autres sons de cloche

L’idée de réformes a émergé dans la vie politique burkinabè depuis déjà plus d’une décennie. Et depuis, les Burkinabès, intellectuels, politiciens, société civile ou simples citoyens, n’ont pas manqué d’imagination pour contribuer à la construction d’un Etat démocratiques. On a en mémoire les recommandations des rapports du Collège des Sages et du MAEP ou les audacieuses propositions de Salif Diallo d’aboutir à un régime parlementaire. On se doute bien que ces propositions ont conforté des partis d’opposition dans les leurs.

Malheureusement toutes ces propositions et contributions ont été étouffées, comme si finalement en matière de réformes, les seules propositions qui vaillent devraient venir d’un seul côté. Les derniers développements dans l’actualité au sujet des réformes politiques et d offrent à voir une course engagée avec beaucoup de non-partants officiels. Pourtant, comme le reconnaissait Tertius ZONGO, alors premier ministres, les réformes politiques impliquent dialogue et concertation. Qu’à cela ne tienne. Le pouvoir semble décider à continuer la course, sourd aux autres sons de cloches. L’adoption de deux décrets par le conseil des ministres le 15 juin dernier dotera ainsi d’une base légale le Conseil Consultatif sur les réformes, malgré les vives dissensions autour des réformes à mener. Que vaudraient alors les réformes qui seront issues des propositions de ce Conseil ?

Désormais, le règne de la méfiance

Dans un contexte marqué par une forte aspiration des peuples à la démocratie, la volonté de s’éterniser au pouvoir se conjugue désormais avec la ruse. Et les tripatouillages les plus néfastes à la démocratie, grâce à une imagination féconde de certains intellectuels, doivent prendre le prétexte de réformes démocratiques pour avoir lieu. C’est à se demander s’il n’est pas proposé à ceux qui appellent l’alternance de tous les vœux de choisir entre « ces réformes-prétextes » et l’alternance. Car nos dirigeants ont beau être démocrates, il ne faut pas attendre de leur part des réformes qui ont pour seul but de favoriser cette alternance et de renforcer la démocratie. Nous ne sommes pas encore à la veille d’une telle ère politique.

Ce n’est plus qu’un secret de Polichinelle : il y a dans toutes ces propositions des pièges. Ce qui n’est pas sûr en revanche, c’est de les avoir tous identifiés, tous. On se souvient encore que la révision constitutionnelle de 2000 elle aussi n’a été finalement qu’un « tripatouillage » qui a servi à repousser l’avènement d’une alternance pour plusieurs années encore. Et cela, grâce au piège juridique de la non-rétroactivité de la nouvelle limitant le mandat à 5 ans. Combien de réformes en Afrique n’ont eu pour seul effet que de consacrer le pouvoir d’un seul homme ? C’est mal parti désormais pour toutes propositions de réformes car la méfiance gagne du terrain au sein de la population, des opposants et de la société civile. Les expériences du passé en matières de réformes, dissuadent de croire à la bonne fois des initiateurs, surtout lorsqu’ils sont du côté du pouvoir.

Les dirigeants africains devraient faire plus,  pour reconquérir la confiance de leurs peuples de plus en plus exigeants et vigilants. On le voit bien au Maroc. Saluées par beaucoup comme un véritable pas vers l’équilibre des pouvoir, essentiel en démocratie, les réformes proposées sont jugées insuffisantes par d’autres, notamment le mouvement du 20 février, un mouvement qui compte plus de 60 000 marocains, en majorité jeunes. La méfiance est encore plus grande chez les jeunes autant que la soif du changement.

Désormais, la ruse fait plus que jamais partie des stratégies que beaucoup de dirigeants africains utilisent pour perpétuer leur règne, avec, si elles n’y prennent garde, le consensus d’une opposition et d’une société civile fréquemment invitées à prendre part activement aux réformes et qui finalement se retrouvent plus tard pris dans un piège. C’est pourquoi la mobilisation actuelle autour de la question des réformes au Burkina doit être maintenue afin qu’elles ne se révèlent pas une fois de plus une duperie.

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Justin Yarga

Journaliste web qui teste des outils de Webjournalisme et datajournalisme, Media strategy consultant.

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