Ablassé Ouedraogo au Président du Faso: « Déclarez le Burkina en situation de déficit alimentaire »

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Dans cette lettre ouverte adressée au président du Faso, Blaise Compaoré, «Le Faso Autrement», formation politique de l’opposition, se base sur le bilan de la campagne agricole de cette année pour demander aux autorités politiques de «déclarer le Burkina en situation de déficit alimentaire».

«Nos ancêtres nous ont toujours enseigné que «Niff sê  né ka bagha yet yé». Traduit littéralement, c’est: «Ce qui crève les yeux n’a pas besoin d’être dit par le devin». A cet adage il sied d’ajouter le fait que «Gouverner c’est prévoir», pour aborder la situation alimentaire de notre pays au sortir de cette campagne agricole, pour la moins désastreuse, comme le montrent les chiffres présentés dans le rapport de synthèse de l’Atelier de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle de la campagne agricole 2011-2012, organisé par le Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique, du 26 au 28 octobre 2011.

Cette lettre ouverte est motivée par les inquiétudes et les préoccupations que tout burkinabè ayant un contact avec le monde rural où vivent 80% de nos concitoyens, devrait avoir  par rapport au déficit de la production agricole qu’enregistre la  saison 2010-2011 au niveau national. Ce dossier a d’ailleurs été examiné par le Conseil des Ministres de la République du mercredi 2 novembre 2011.
Les prévisions des services techniques du gouvernement  indiquent que,   pour la campagne 2010-2011, la production céréalière  serait en baisse de 16%, représentant un déficit céréalier de 31.649 tonnes. Sur les quarante cinq (45) provinces, dix sept (17) seraient déficitaires, quatorze (14) en situation d’équilibre et les quatorze (14) autres en situation excédentaire. Ainsi présenté, le Burkina Faso a tout simplement enregistré des poches de sécheresse et de déficit, ce qui est très loin de la réalité sur le terrain. En effet, la réalité du terrain voudrait que l’on parle plutôt de déficit généralisé et de poches excédentaires.

Dans ce contexte, il ressort qu’au niveau national et selon les chiffres mêmes du Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique, 58,4 % des ménages ne pourraient pas couvrir leurs besoins céréaliers. Les perspectives alimentaires seront difficiles pour de nombreuses populations installées sur dix régions, 28 provinces et 146 Communes, soit 41 % de l’ensemble des Communes du Burkina Faso.
Malgré cette situation alimentaire catastrophique réelle, le gouvernement garde une sérénité étonnante tout en présentant un optimisme impressionnant face  au  grave déficit alimentaire. Ainsi, pour juguler l’important déficit alimentaire, le gouvernement propose  des solutions hypothétiques en déphasage avec la gravité de la situation alimentaire, comme entre autres, la production de 72.000 tonnes de maïs sur 9.000 ha irrigués alors que le niveau de remplissage des principaux barrages est globalement déficitaire. Devant ces mesures qui n’ont rien d’urgent, l’on peut se poser la question sur la localisation et la disponibilité réelle des 9.000 ha à travers le pays et la motivation du choix sur le maïs qui nécessite tout de même un cycle de soixante dix jours minimum pour arriver à maturité.

Force est de reconnaitre que le Burkina Faso se trouve dans une situation d’urgence, et le problème qui se pose aujourd’hui n’est plus celui de la production, mais de l’accessibilité financière aux produits alimentaires notamment pour les populations rurales qui en temps de pénurie deviennent des acheteurs nets. Et le problème se pose alors en termes de pouvoir d’achat, et donc de revenu.
Et cela nous emmène inévitablement à poser la question de savoir si les services du Ministère se sont penchés sur les possibilités offertes par des spéculations alternatives autres que le maïs, qui de par leur haute valeur ajoutée, pourraient valoriser au mieux la ressource rare que constitue l’eau qui est en même temps la contrainte majeure à la production ; De telles spéculations (cultures maraichères par exemple), augmenteraient plus substantiellement les revenus des populations victimes de la disette, leur permettant de disposer de moyens financiers et partant, d’avoir accès aux denrées alimentaires dont elles ont besoin.

Compte tenu des expériences vécues dans d’autres pays, comme tout récemment au Niger sous le Président Mamadou TANJA, il serait opportun et lucide de déclarer le Burkina Faso en situation de déficit alimentaire et de solliciter immédiatement l’appui de la Communauté internationale pour venir en aide aux populations et ainsi épauler le gouvernement dans la mise en place de mesures plus appropriées pour répondre aux besoins de nourriture et d’alimentation, comme l’ont déjà fait d’autres pays de la région, victimes comme le Burkina Faso des changements climatiques.
La principale richesse de notre pays, ce sont ses femmes et ses hommes. Ceux-ci ne pourront apporter leurs contributions pour l’avènement d’un Burkina Faso émergeant que s’ils sont en bonne santé, ce qui suppose qu’ils mangent à leur faim. Car, comme beaucoup l’admettent,  la première maladie de l’être humain, c’est la faim. Et nous avons tous encore à l’esprit les émeutes de la faim de l’année 2008.
Nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’expression de notre très haute et respectueuse considération.

Le Président/Fondateur
Dr Ablassé OUEDRAOGO
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