« Il serait adéquat qu’au plus haut sommet des sanctions soient infligées aux coupables de détournements et qu’on mette véritablement l’accent sur l’éducation » dixit Banza Baya, DG de l’INSD

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Directeur INSD
© Burkina24

De passage à Montréal au mois d’août 2011, Le professeur Banza Baya alors Directeur de l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) de l’Université de Ouagadougou avait accordé une entrevue à Burkina24.

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Burkina24 : Bonjour M.BAYA Banza, et merci d’avoir répondu à notre invitation.

Banza Baya (BB): C’est un plaisir de vous rencontrer et c’est une occasion de vous féliciter pour cette initiative (Burkina24) qui contribue à une visibilité de notre Pays.

Burkina24 : Présentez-vous aux internautes de Burkina24

BB : Je m’appelle Banza Baya, c’est BAYALA en réalité mais l’officier de l’état civil à l’époque n’ayant pas bien compris à la prononciation a inscrit « Baya » et c’est resté ainsi. Je suis professeur de démographie à l’université de Ouagadougou et directeur de l’institut supérieur des sciences de la population (ISSP) de ladite université.

Burkina24 :Quel a été votre cursus académique et professionnel? 

BB : Je suis né en Côte d’Ivoire et j’y ai fait mes études primaire et secondaire. Après  l’obtention de mon baccalauréat, je me suis inscrit à l’Université de Ouagadougou pour une licence en géographie et par la suite je suis allé à l’Institut de formation et de recherche démographique (IFORD) de l’université de Yaoundé II au Cameroun pour un diplôme d’étude démographique.

À la suite de ces études universitaires j’ai été recruté comme fonctionnaire à l’institut national de la statistique et de la démographie où j’ai servi pendant 6 ans avant de retourner aux études pour un PhD en démographie à l’université de Montréal, que j’ai terminé en 1993. Suite à mon PhD, j’ai intégré le corps professoral de l’université de Ouagadougou.

 Burkina24 : Pourquoi avez-vous choisi de rentrer au Burkina après vos études doctorales?

BB : D’abord c’est un choix délibéré fait dès le départ, et à aucun moment je n’ai pensé rester en Amérique du nord. De plus, en m’envoyant ici pour ma formation au Ph D, il y avait des attentes vis-à-vis de moi au Burkina et je devais repartir pour contribuer à  l’animation de l’unité d’enseignement et de recherche en démographie (connue aujourd’hui sous le nom de ISSP). Cette unité n’aurait peut-être pas grandi si nous (d’autres collègues et moi) n’étions pas repartis. Je me sens beaucoup plus utile dans mon pays et j’ai respecté un devoir moral. 

Burkina24 : Quelle est l’utilité de former des profils spécialisés en sciences de la population pour le Burkina?

BB : Il importe de préciser que la démographie s’intéresse à l’étude des populations humaines dans toute leur diversité. Si on se bat pour le développement de l’homme, il faut d’abord pouvoir le connaître et connaître ses besoins afin de les satisfaire. C’est grâce aux études démographiques qu’on arrive à avoir une excellente connaissance des différentes catégories de population et à pouvoir satisfaire leurs besoins spécifiques. Dans cette optique et au regard du contexte de décentralisation que nous vivons au Burkina, les « analystes des questions de population » sont indispensables dans les équipes multidisciplinaires, afin de fournir de l’information crédible permettant aux autorités de prendre des décisions éclairées ».

DG INSD
© Burkina24

Burkina24 : Parlez-nous des différents partenariats que l’ISSP entretient avec d’autres universités et instituts.

BB : Je dois tout d’abord rappeler que le premier démographe du département de démographie de l’université de Montréal est un Burkinabè; il s’agit du doyen Sidiki Coulibaly dans les années 70-80.

Depuis ce temps il y a des ententes de recherche entre l’université de Ouagadougou et l’université de Montréal (UdM). À ce titre, je peux citer :

– le programme population et développement au Sahel (PPDS) qui a d’ailleurs offert l’opportunité de financement de ma formation de doctorat;

– le programme population et santé en Afrique (PPSA) qui a permis d’obtenir auprès de la fondation Gate pour 10 ans, un financement pour former des masters en population et santé à ISSP à Ouagadougou et des PhD. à l’UdM. Cette collaboration (sur PPSA) qui a commencé en 2003 viendra à échéance en 2013.

D’autres collaborations avec des universités en Afrique subsaharienne sont en cours et facilitent la mobilité des professeurs du Cameroun, de la Côted’Ivoire, du Niger, du Sénégal et du Togo qui interviennent dans le cadre de la formation au Master à l’ISSP.

L’Institut a une entente avec l’université catholique de Louvain-La-Neuve en Belgique qui accueille actuellement 3 de nos doctorants. Des collaborations sont projetées avec des universités françaises et américaines.

 Burkina24 : Quelles sont les difficultés auxquelles l’université est confrontée dans le cadre de votre mission éducative?

BB : Il y a des contraintes mais elles ne sont pas insurmontables. Un premier constat est que le rapport étudiant -enseignant est élevé d’où des problèmes d’encadrement des étudiants. Objectivement, un enseignant ne peut pas encadrer plus de 10 étudiants à la maîtrise. De plus, les capacités des salles de classes sont insuffisantes. Dans l’ensemble, les infrastructures et les équipements de base sont insuffisants et cela constitue un obstacle aux conditions de réussite des jeunes Burkinabè qui sont brillants.

Il y a des efforts à faire parce qu’on doit s’attendre à ce que la population estudiantine croisse encore. Le Burkina connaît de nos jours un taux de scolarisation de l’ordre de 60% à 70%; Dans les années à venir, on s’attend à ce que les effectifs soient plus élevés. De ce fait, le problème des infrastructures d’accueil risque de se poser avec davantage d’acuité.

Burkina24 : Quel est votre opinion quant à la possibilité d’améliorer les conditions d’études.

BB : Il y a sans doute des voix plus autorisées que la mienne qui réfléchissent à la question, mais à mon humble avis, je pense qu’il y a des actions possibles à petites échelles :

–          Il y aurait lieu de réviser la structure des dépenses au niveau du Burkina pour que le focus soit mis sur l’éducation.

Aujourd’hui il y a des efforts louables tel que les tentatives de multiplication des universités dans les régions du Burkina mais quels sont les enseignants qui y dispenseront des cours? Il va falloir former ces enseignants et cela nécessite des investissements considérables.

–          Un autre effort à faire serait lié à la revalorisation du statut des enseignants; il est vrai que des mesures d’améliorations ont déjà été prises mais il y a la possibilité d’améliorer un peu plus la condition de l’enseignant afin d’encourager davantage les jeunes qui ont le niveau requis et qui souhaitent embrasser la carrière d’enseignant.

–          Pour finir je dois dire que d’une façon générale il y a des problèmes dans notre pays, on ne devrait pas en faire un sujet tabou mais en discuter de façon constructive. Il y a par exemple des cas de dépenses par des responsables de l’administration publique qui envoient leurs enfants au nord mais pas de façon transparente. Ces responsables véreux qui détournent les biens et finances publics pour envoyer leurs enfants à grands frais au nord ne devraient pas continuer d’agir impunément. Ce sont des montants importants qui gagneraient à être investis dans le système éducatif burkinabè afin que nos enfants soient bien éduqués et compétitifs partout au monde.

L’éducation est en perte de vitesse et il conviendrait de situer les responsabilités. Les autorités du pays pourraient exercer davantage leurs prérogatives en étant notamment plus regardant sur les comportements laxistes et égoïstes de certains responsables. Il serait adéquat que  chacun révise sa position et qu’au plus haut sommet, des sanctions soient infligées aux coupables de détournements afin qu’une rectification soit faite et qu’on mette véritablement l’accent sur l’éducation.

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