Me Hermann Yaméogo: « Même si la constitution autorise Blaise Compaoré à réviser l’article 37, je souhaite qu’il n’en soit rien. »

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Hermann Yaméogo, Président de l'UNDD.
Hermann Yaméogo, Président de l'UNDD.

Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développent (UNDD) est une personnalité politique qu’on ne présente plus dans l’agora politique burkinabé. Dans l’entretien qui suit, l’homme nous dit ce qu’il entendait par « Refondation politique », ce qu’il attend des réformes politiques en cours et ses attentes sur les conclusions des assises sur les réformes politiques.

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Burkina24 : Bonjour Me et merci de répondre à Burkina24. Vous avez été l’un des premiers (sinon même le premier) à réclamer une refondation politique au Burkina. Qu’est-ce qui vous inspirait et quel sentiment avez-vous aujourd’hui au sortir des assises nationales sur les réformes politiques ?

Me Hermann Yaméogo :L’accumulation des élections mal organisées, que nous dénoncions invariablement, prévenant contre un découragement du peuple vis à vis d’une démocratie factice, explique notre demande anticipatrice de refondation. Cette demande se justifiait aussi par ces dérèglements constatés dans le fonctionnement des organes constitutionnels. Chose qui avait d’autant moins de raison d’être que le pouvoir avait toutes les commandes en main. Nous sentions aussi des distances grandissantes entre gouvernants et gouvernés, ce qui nous apparaissait comme des appels à de nécessaires réajustements. Maintenant, la dynamique des réformes conduites jusqu’aux assises nous donne des motifs de satisfaction, en cela que nombre de nos demandes ont été prises en compte et que surtout, le point non consensuel de l’article 37 est resté comme convenu en l’état. Il reste à voir comment tout cela sera mis en musique, conformément aux conclusions des assises, par le chef de l’Etat.

Burkina24 : On dit que vous êtes un homme politique intellectuellement irréprochable mais politiquement insaisissable. Que pouvez-vous nous en dire ?

Me Hermann Yaméogo :Le fait d’être considéré comme intellectuellement irréprochable ne peut que nous conforter dans nos options. Quand au fait d’être insaisissable, je constate que ma durabilité en politique, en dépit de tant de chausse-trappes d’Etat pour ne pas dire plus, pourrait valider à posteriori mes comportements et choix politiques. Je dirai simplement que nous avons toujours eu à cœur de défendre les convictions qui sont les nôtres, qu’il s’agisse de l’intégration, de la démocratie consensuelle, de la gouvernance responsabilisée, de l’alternance apaisée, etc., et de ne point nous soustraire à notre devoir de contribution active lorsque la situation de la nation l’exige. Cela devrait en principe donner plus de lisibilité à nos prises de positions. Mais après tout y a-t-il vraiment intérêt à être saisissable, c’est-à-dire prévisible quand on connaît la manière dont se vit la politique en général et au  Burkina Faso en particulier ? C’est comme si à la guerre on faisait connaître à nos ennemis nos positions de repli ou nos stratégies de manière générale.

Burkina24 : D’aucuns disent que les assises ont accouché d’une souris, que tous ceux qui y ont participé étaient des maillons d’un cirque qui avait pour chef Blaise Compaoré. Que leur répondez-vous ?

Me Hermann Yaméogo : On a même entendu pire que cela puisque certains m’ont même déjà inscrit au CDP. Je ne m’attarderai pas à convaincre qu’à l’UNDD nos choix politiques nous les déterminons sans aucun conditionnement et que nous les assumons au risque même de voir déchaîner conter nous des djihads ? d’Etat. De toutes les façons les faits ont amplement démontré que les assises n’ont pas été généreusement gratifiées au peuple par Blaise Compaoré. Il a seulement, contrairement à son parti qui n’en voulait pas, estimant qu’il n’y avait pas de crise, pris la bonne mesure de la réalité. Par ailleurs la tournure des événements au sein des assises et tout au long des réformes montre bien que les participants n’ont pas été  en tous cas dans leur totalité instrumentalisés puisque la question de l’article 37 au final n’a pas été abordée. Cela suffit à renvoyer ceux qui identifiaient tous les participants à des porte-voix du chef de l’Etat, à leur méprise.

Burkina24 : Quelle a été votre été votre plus grande frustration au cours de tout ce processus de réforme ?

Me Hermann Yaméogo :Des frustrations, c’est trop dire. J’aurais seulement aimé que l’on s’attache plus à l’intégration, à la régionalisation démocratique, à l’emploi des jeunes, à la refondation de l’armée, de la justice. J’aurai aussi souhaité voir ce processus de réformes  s’approprier comme il le devait la matière électorale pour éviter que la CENI n’engage des actions en se basant sur des pratiques qui ont contribué à dégrader noter démocratie. Mais je suppose que le gouvernement à venir s’y consacrera.

Burkina24 : Votre plus grande satisfaction ?

Me Hermann Yaméogo : Sans hésitation, le fait que les points de non consensus soient restés en l’état, comme décidé depuis le début.

Pensez-vous que Blaise Compaoré va choisir à terme, la voie de la modification de l’article 37 ? Si jamais il le fait qu’en diriez-vous ? Quelle sera politiquement votre réaction ?

Me Hermann Yaméogo :Je ne sais pas ce qu’il va faire. Ce que je sais c’est que même si la constitution l’autorise à revisiter l’article 37, je souhaite qu’il n’en soit rien. Ce que je dirais aussi c’est que notre position au sujet de l’article 37 donc de la limitation à deux du mandat présidentiel, est bien connue depuis la 3 ème république. Sous la quatrième nous avons aussi été en première ligne du combat pour obtenir la reconduction de cette limitation, qui est rappelons le une tradition constitutionnelle puisqu’elle était déjà inscrite dans la constitution de la seconde république.

Tous ceux qui à l’époque ont été témoins des circonstances ayant entouré l’élaboration de cette constitution quatrième du nom pourront en témoigner. Nous sommes en effet à l’origine du consensus qui a reconduit, même sous la forme du septennat, cette limitation dans la constitution de la 4 ème république.

Depuis, notre position n’a pas varié,  loin de la : les luttes que nous avons menées souvent en solitaire contre les atteintes à cette limitation jusqu’à la création du CODECO (collectif pour la défense de la constitution) sont en effet bien connues.

C’est ce que nous avons réaffirmé tout au long de la dynamique des réformes qui montre en suffisance que nous ne varierons pas sur la question.

Burkina24 : Comment entrevoyez-vous le Burkina Faso de 2015 ?

Me Hermann Yaméogo :Il est difficile d’établir une quelconque prédiction en la matière car il faut tenir compte des bouleversements rapides et constants de la donne internationale et qui produisent immanquablement leurs influences au niveau interne. Tout cela crée tant de défis à l’horizon que je me contenterai avec modestie de continuer à en appeler au patriotisme de tous. Lorsque j’entends aujourd’hui de grands hommes politiques comme François Bayrou, Dominique de Villepin en appeler en raison de la crise qui frappe l’Europe et la France à l’union sacrée pour y faire face, j’y perçois comme une validation de la démocratie consensuelle et du pacte transversal que nous défendons.

En 2015 nous devrions avoir franchi certaines barrières pour comprendre la nécessité de cette mutation dans le comportement et nos références politiques pour privilégier le consensus.

Burkina24 : Votre mot de la fin ?

Me Hermann Yaméogo : Merci pour cet échange. Les assises ont clôturé une manche importante des réformes, mais il en reste d’autres : la mise en œuvre mais aussi le contrôle.

C’est ensemble que nous devons y veiller avec à l’esprit, que pointe à l’horizon, avec la nécessité de réaliser la biométrie un risque de disfonctionnement des organes constitutionnels nous conduisant à un vide juridique. Sachons ne pas tomber dans ce piège et décevoir ainsi les espoirs fondés par beaucoup dans la dynamique des réformes.

 

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Un commentaire

  1. C’est juste que ci paire peut r?viser la constitution. Ceci dit le devrait-il ? Je ne le crois pas pour ma part.les risques de troubles sont trop grand.

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