Afrique-Europe : Le Franc CFA, passé ou avenir ?

publicite

Burkina24 a reçu d’un de ses assidus lecteurs une analyse d’une grande pertinence, largement axée sur le mariage forcé entre le CFA et l’Euro. Que l’on partage ou pas son raisonnement, on peut convenir tout de même qu’il ne manque pas de cohérence. Lisez plutôt.

La suite après cette publicité

 « Pourquoi les pays d’Afrique sub-saharienne francophones ont-ils assujetti leur monnaie à la monnaie française ?

Dans un premier temps, il faut reconnaitre que dans les années 60, les pays africains francophones nouvellement indépendants avaient besoin de deux éléments importants au développement :

–          Garantir la convertibilité de leur monnaie face aux monnaies étrangères.

–          Stabiliser les prix des biens physiques importés pour faciliter l’industrialisation.

Quant à la France, elle y a vu une opportunité de garder sous son emprise des pays africains pour trois raisons essentielles:

–          Garantir l’importation des matières premières à faible coût.

–          Garantir des prix fixes (stables) à l’importation, peu importe l’état de l’économie internationale.

–          Décider de la politique monétaire dans ces pays et donc du financement de l’économie (même sans considérer l’aide publique au développement).

1)      Garantir la convertibilité de leur monnaie face aux monnaies étrangères.

Les dirigeants des pays africains francophones ont donc décidé de conserver le « franc des colonies françaises d’Afrique » créée en 1945 en l’appelant le « franc de la Communauté Financière d’Afrique ». En réalité, cela n’a rien changé au fait que ces pays restent soumis à l’ancienne puissance coloniale car toute décision sur la politique monétaire dans ces pays restent soumis à  l’accord de la France. Dans les statuts de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO, article 51), de la Banque Centrales des Etats d’Afrique Centrale (BEAC, article 38) et de la Banque Centrale des Comores (BCC, article 38) comme (Arnaud Zacharie, « Franc CFA et néocolonialisme »), la France peut bloquer toute décision des Banques centrales. Toutefois, elle peut décider grâce aux accords sur le change, unilatéralement de la valeur du CFA vis-à-vis de l’Euro.

Cependant, il faut noter que le seul objectif atteint est la convertibilité du CFA, toutefois en dehors des comptes d’opérations, qui est déjà un prix fort payé pour garantir la convertibilité, la zone CFA subit toutes les fluctuations de l’Euro. Autrement dit, lorsque l’Euro prend de la valeur, le CFA prend de la valeur et le problème est que cela pénalise nos exportations vers le reste du monde (en dehors de la zone euro). Les pays africains ont besoin d’une monnaie faible et stable et non d’une monnaie forte et stable, or la stabilité de la monnaie peut se faire à travers nos réserves de change, qui sont stockées auprès du trésor français (65% des réserves de change totales).

Concrètement, nos produits sont compétitifs dans la zone CFA à condition de ne pas avoir de produits importés à un prix plus bas que le prix de vente de nos produits. En dehors de la zone CFA, nos produits ne le sont plus et nous sommes contraints de bradés nos matières premières (au gré du marché) seulement vers la France et les autres pays européens. Les matières premières ne permettant pas de porter la croissance à long terme et vu que nos pays versent 65% de leurs gains à l’échange en devises étrangères, ne nous étonnons pas que nos pays accusent des retards de plus en plus grands.

2)      Stabiliser les prix des biens physiques importés pour faciliter l’industrialisation.

C’est ce que l’on pourrait appeler communément « une farce », car cette stabilité ne fonctionne que vers les pays de la zone euro car notre monnaie évolue vis-à-vis des autres monnaies. Rappelons que les réserves de change qui sont censées permettre l’acquisition de ces biens de production sont reversées à hauteur de 65% à la France et ne sont pas rémunérées. Autrement dit, c’est comme si l’on nous permettait d’acheter un tracteur (les machines) en nous reversant à peine de la valeur des biens que nous avons exportés (la valeur des matières premières fixées par le marché), puis en nous retirant 65% de ce que nous avons gagné. Nous sommes donc condamnés à nous nourrir de ce que « notre maître » daigne nous donner selon ses humeurs (l’aide au développement).

Toutefois, l’industriel français ou européen membre de la zone euro peut continuer à importer des matières premières à des prix toujours stables et bas, à produire et à s’enrichir en revendant ses produits (y compris en Afrique), pendant que l’agriculteur africain se meurt et s’appauvri. Dans ce cas, l’aide humanitaire est faite pour le secourir. L’observateur pourra noter que les émeutes de la fin en 2011 ont surtout concerné les pays de l’Afrique francophone, ce qui est normal, puis que nous bradons nos matières premières  et vu que notre taux de change ne rend pas nos produits attractifs, la richesse créée par nos pays ne permet pas de financer leur développement et nos besoins.

Faut-il alors dévaluer le CFA pour aider le citoyen africain ?

Dans la situation actuelle des pays de la zone euro, la rumeur court sur la possible dévaluation du CFA. Une dévaluation du CFA, ne fera qu’envenimer les choses chez nous en Afrique mais permettra à l’industriel français de baisser ses coûts de production, ce qui permettra particulièrement à l’économie française de maintenir la tête hors de la crise.

Si le franc CFA est dévalué la vie coûtera encore plus chère, en réalité c’est cette dépendance qui a conduit aux marches contre la vie chère. Heureusement, nos dirigeants font quelques efforts dans certains pays, mais la situation est insoutenable à long terme. De plus, nous subissons leur crise pas la nôtre.

La solution la plus plausible serait donc une sortie de la zone CFA pour l’ensemble des pays de la zone, la création d’une nouvelle monnaie avec les pays d’Afrique de l’Ouest  et/ou d’Afrique Centrale pour prendre notre indépendance monétaire et se développer. Pour les questions de convertibilité, il nous suffit de récupérer nos avoirs déposés auprès du trésor français depuis 1962, soit 100% versé entre 1962 et 1973 et 65% par an depuis 1973 (Arnaud Zacharie, « Franc CFA et néocolonialisme »). Nous n’avons donc plus besoin d’assurer la convertibilité de notre monnaie à travers une autre, ni d’attendre qu’un autre pays décide pour nous, nous en avons le pouvoir, le peuple peut décider si nos dirigeants ne le décident pas. « Nous avons soif de liberté et faim de développement, Nous avons le droit de dire non à l’assujettissement et le droit de dire oui à un meilleur  avenir », le développement doit être notre but commun. »

NB : le titre est de l’auteur

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Articles similaires

2 commentaires

  1. Bel article,
    Regardez la guin?e, elle refuse d’entrer dans le CFA; ce n’est pas pour rien! Aucun politique de la zone BCEAO n’ose penser ? quitter le CFA quand bien m?me il existe d’?minents ?conomistes. La colonisation n’est pas termin?e mon cher!!!

  2. N’est-il pas temps de CREER notre monnaie unique? Des petits pays comme le Rwanda Burundi Ouganda… ont leur monnaie a eux.Ce qui freine notre independance monetaire est que nous dirigeants ne veulent pas mourir. Tant qu’on ne consenti pas au sacrifice, nos pays tireront toujours le diable pas la queue. C’est bien dommage.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×