Mme Awa Niang NDIAYE : « L’intellectuel de la diaspora, s’il y a une passerelle, n’hésitera pas à mettre ses compétences au service de l’Afrique »

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Mme Awa Niang NDIAYE, à la Triennale 2012 de l'éducation et de la formation. B24

Durant la Triennale de l’Éducation et de la formation en Afrique, qui s’est tenue du 13 au 17 février, la diaspora africaine s’est mobilisée et a activement pris part aux échanges à travers ses représentants. Entres les panels et les sessions plénières, nous avons rencontré une représentante de cette diaspora, Mme Awa Ndiaye, présidente de « Espace-Afrique » et représentante de la société civile de l’Union africaine. Elle revient sur le potentiel que constitue la diaspora pour le développement durable de l’Afrique, et sur la nécessité de créer des passerelles pour faciliter sa contribution au développement du continent africain.

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Burkina24 (B24): Dites nous, Mme, un mot sur vous et sur votre structure.

Mme Awa Niang NDIAYE (ANN): Je suis Awa Niang NDIAYE, Sénégalaise vivant à Genève. Je préside une plate forme dénommée « Espace Afrique Internationale » qui a un statut consultatif aux Nations Unies et au niveau d’autres organisations internationales. Nous travaillons dans les objectifs du millénaire, notamment l’éducation, la santé, les nouvelles technologies et entre autres la culture, dialogue des civilisations et pour la paix. L’autre casquette, je suis représentante de la société civile de l’Union africaine et je coordonne depuis les deux dernières conférences, Union africaine-société civile, les initiatives intellectuelles et économiques de la diaspora africaine basée en Europe. Cette diaspora a été reconnue en 2003 par les Chefs d’États africains comme étant une composante essentielle pour le développement durable du continent.

 

B24: Comment peut-on envisager la participation de la diaspora au développement du continent africain ?

 ANN: On sait qu’il y a une diaspora intellectuelle, compétente ; c’est la deuxième et troisième génération des travailleurs immigrés africains, dont les enfants sont sortis d’excellentes écoles. Malheureusement, ces enfants nés en Europe et aux États-Unis et qui ont des diplômes dans des domaines dont l’Afrique a besoin pour son développement, les ont utilisés pour le Nord. Le moment est venu de se dire que c’est un continent en difficultés certes, mais qui peut s’en sortir si on s’organise et si on mutualise toutes les forces vives de continent, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur. Donc dans cette diaspora, il faut aller chercher toutes les compétences et expertises. Non pas en demandant à ces Africains scientifiques par exemple de rejoindre le continent et les pays d’origine. Parfois ils ne vont pas trouver l’environnement propice pour exercer leur métier. Mais plutôt en les intéressant à la problématique du développement et leur demander de contribuer à la recherche de solutions. Il s’agit de jeter une passerelle de connaissances entre les pays du Nord et l’Afrique. Il faut que cette diaspora scientifique et technique, puisse participer et animer des programmes dans des universités africaines, dans des centres de formation et de recherche. En clair, il y a des mécanismes qu’il faudrait mettre en place pour permettre et faciliter la mobilité des compétences préconisée par l’Union africaine. Mais d’un autre côté, l’Afrique a besoin de financer son développement, d’où la nécessité d’une mobilité financière. Là, on sait que les émigrés africains transfèrent des sommes énormes chaque année, des pays du Nord vers ceux du Sud. C’est d’ailleurs le propre de toutes les diasporas confondues. La Banque mondiale nous dit, que toute diaspora confondue, les travailleurs immigrés, transfèrent trois cent milliards (300.000.000.000) de dollars par an. Quand je dis diaspora confondue, il y a les africains, les latino-américains et les asiatiques. Dans ce chiffre nul doute que l’Afrique aussi a une grande part. La diaspora, pour certains pays africains, contribuent parfois à hauteur du double de l’aide publique au développement. Donc il y’a matière à organiser ces transferts de fonds, étudier l’impact réel et orienter ces transferts vers des investissements productifs pour qu’ils servent au développement durable de l’Afrique.

 B24: Comment percevez-vous les échanges autour de la contribution de la diaspora, et plus précisément dans le domaine de l’enseignement supérieur, comment peut-elle contribuer ?

ANN: La diaspora peut beaucoup contribuer. Comme je l’ai dit, un atout que l’Union africaine aimerait capitaliser c’est la mobilité des compétences, des savoirs et de la technologie grâce à cette diaspora bien formée. Donc il s’agit, puisque nous en avions débattu lors de différents panels et surtout au cours de la journée de la diaspora, de créer un mécanisme, une passerelle pour que les enseignants et les chercheurs qui sont basés hors du continent puissent périodiquement, s’ils ne rentrent pas définitivement, donner de leur temps et de leur savoir aux universités africaines et instituts de recherches. De nos jours, cela est possible car il y a un sursaut patriotique qui fait que l’intellectuel de la diaspora, dès qu’il y a une passerelle, n’hésitera jamais à retourner dans son pays d’origine ou dans un pays africain quelconque qui a besoin de ses compétences pour aller donner des cours. Tout à l’heure [ndlr : au cours du panel consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche], j’ai donné l’exemple du TOKTEN (ndlr : en anglais, Transfer of Knowledge Through Expatriate Nationals). Le TOKTEN, c’est une initiative, qui a été mise en place par le PNUD après la conférence du Millénium. J’aime bien rappeler cette conférence, parce que ça été un coup de semonce pour l’Afrique. Cette conférence qui s’est déroulée à New York, était une sorte de messe et d’exorcisme sur l’état du développement dans le monde. Et l’Afrique a porté le bonnet d’âne dans presque tous les domaines. Que ce soit dans l’éducation, la santé, les nouvelles technologies…même les simples droits de l’être humains. Le PNUD a donc mis en place ce système de transfert de connaissances, à travers les expatriés, vers leurs pays d’origine. C’est pour encourager la diaspora des pays pauvres à s’engager dans le développement de leurs pays d’origine. Ce système de TOKTEN a besoin d’être renforcé. Il existe également un programme de double chaire. Les Africains qui sont des enseignants, qui sont chercheurs, qui sont des formateurs et qui animent des chaires, au Canada, aux États-Unis et dans les pays européens, ils peuvent avoir la capacité, alternativement, d’animer une chaire dans les pays du Nord et une chaire en Afrique. Il y a aussi le renforcement des pôles d’excellence qui ont commencé en Afrique. Dans ce sens, je pense que Ouagadougou a abrité et j’espère que c’est encore là, un institut africains des sciences et technologies. Selon les prévisions, d’autres instituts ont pu être créés dans d’autres pays. Donc la diaspora scientifique encore une fois, doit participer au renforcement des capacités de ces instituts. C’est le plaidoyer que j’ai fait tout le long de la Triennale. Une implication effective parce qu’il y a une prise de conscience des enfants vivant à l’extérieur et qui voient de loin la situation économique, sociale, éducative du continent. Je crois que sans nul doute chaque membre de la diaspora est animé d’un sursaut patriotique. Mais il faut maintenant nécessairement qu’il y ait un organe gérer entre les trois entités : les organisations internationales, les gouvernements africains et la société civile.

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Justin Yarga

Journaliste web qui teste des outils de Webjournalisme et datajournalisme, Media strategy consultant.

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