La Russie de Poutine: Quelle leçon en matière de transition pour l’Afrique ?

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Poutine et Medvedev. Photo: magzquebec.com

La Russie vient de vivre un autre moment de sa démocratie atypique à travers les élections de ce dimanche qui ont reconduit au Kremlin l’ancien président, passé à la présidence du gouvernement en 2008. L’ancien bastion du communisme va son chemin dans l’expérimentation d’une démocratie pour le moins synonyme d’alternance ou de changement qui, à la limite d’être un exemple, pourrait inspiré nombre de chefs d’États africains.

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Un observateur averti parlait, en 2007 déjà, d’une « démocratie à la russe » pour qualifier l’attelage entre un président et son premier ministre. En 2008, Poutine cédait le Kremlin à Medvedev pour la tête du gouvernement de ce dernier. Un subtile tour de passe-passe par lequel Poutine, dans le respect de la constitution russe, prêtait les clés de la présidence à son vice-président et homme de confiance pour un seul mandat. Les dessous des cartes étaient clairement révélés en septembre 2011 lorsqu’au cours du congrès extraordinaire de Russie unie, Poutine annonce sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2012, avec le soutient de Medevedev.

Plus de cinq ans après la chronique « L’année des changements » de Béchir Ben Yahmed qui attendait de voir comment va fonctionner cette « démocratie à la russe », l’histoire semble répondre que le tandem à l’air d’avoir bien fonctionner. Avec plus de 60% des voix, Poutine repart ainsi pour un troisième mandat à la tête du plus grand pays d’Europe. Et cette fois-ci pour un mandat de six ans renouvelable une fois, du fait de la révision constitutionnelle intervenue en novembre 2008 et qui commence à s’appliquer avec cette élection de mars 2012.

 Tripatouillages constitutionnels contre tours de passe-passe

De tout le mal que l’on peut reprocher à Poutine, on lui reconnaîtra au moins le mérite de n’avoir pas réviser la constitution russe, alors même qu’il en avait la possibilité politique et juridique. On lui devra aussi la paternité de cette forme de démocratie qui pourrait bien faire école ailleurs. Il existe en effet dans cette « démocratie à la russe », un modèle qui se prêterait fort bien à certains dirigeants africains, obsédés par le pouvoir et atteints par les limitations constitutionnelles de mandats. S’il est vrai que la Russie ne peut prétendre être un modèle de démocratie pour l’Afrique, il reste néanmoins plausible que la « démocratie à la russe » soit un moindre mal face aux règnes éternels et sans interruption de certains dirigeants africains.

Mais bien que les possibilités juridiques soient ou puissent être ouvertes, pour permettre à un président de briguer plus de deux mandats non-consécutifs, si la limite d’âge ne s’en mêle, on se doute bien que ce modèle ne passera pas sans mal pour beaucoup de chefs d’États qui  ne se sont jamais vus redescendre au rôle premier ministre. D’où la propension pour les révisions constitutionnelles qui finissent par susciter contestations et crises. Ces modifications ont constitué en Afrique, et depuis une certaine génération de dirigeants, la plaie des processus démocratiques. A défaut de mieux faire, on ne s’en plaindrait pas trop de voir la formule russe qui alterne un président et un premier ministre à la tête d’un pays y faire école. Et voir les dirigeants africains troquer les tripatouillages contre les tours de passe-passe.

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Justin Yarga

Journaliste web qui teste des outils de Webjournalisme et datajournalisme, Media strategy consultant.

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