Présidentielle au Sénégal : Les leçons d’un Peuple et le dernier geste d’un Président.

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La date du 25 mars 2012 restera marquée en lettres d’or dans l’histoire politique du Sénégal et sans doute dans celle de l’Afrique entière.

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La première raison à cela c’est qu’à travers le second tour de l’élection présidentielle qui a eu lieu le dimanche dernier au pays de la Téranga, le peuple sénégalais a fait la parfaite démonstration de sa maturité démocratique comme pour dire que le peuple sénégalais n’a de leçon de démocratie à recevoir de quelque Etat que ce soit, aussi puissants soient-ils.

En effet, cette élection présidentielle qui aura été la plus controversée de l’histoire politique du pays a suscité moult inquiétudes à l’intérieur comme à l’extérieur du Sénégal tant le climat politique s’était profondément détérioré. Les violences qui s’en sont suivies se sont  soldée par la mort de manifestants lors des rassemblements organisés par le M23 pour protester contre la candidature, jugée illégale, de Me Wade.

Rappelons que cette candidature a été contestée par la majorité des leaders de l’opposition. Ces derniers avaient estimé qu’elle violait la Constitution qui stipulait que le président ne pouvait briguer plus de deux mandats successifs. Cependant la Constitution avait subi deux modifications au cours de la décennie dernière, ce qui donnait matière a discussion quant à la légalité ou non de la candidature et cela à donné lieu à un débat doctrinale de haute facture.

Toutefois, malgré les manifestations hostiles à ladite candidature les tenants de la théorie de la légalité l’ont emporté et le Conseil constitutionnel a permis au président sortant de se présenter à cette élection. C’est à ce moment que les manifestations ont pris de nouvelles tournures et ont occasionné des pertes en vies humaines.

Bien heureusement, la campagne politique a repris ses droits sur la rue et le premier tour à consacré un second tour disputé entre le président sortant et son ancien premier ministre Macky Sall. Au regard des résultats du premier tour, personne ne vendait chère la peau du candidat sortant et beaucoup d’analystes s’attendaient à une victoire de celui qui fut autrefois son élève.

Aussi le 25 mars dernier, les électeurs sénégalais ont avec honneur parachevé ce qu’ils avaient entamé lors du premier tour en élisant Macky Sall par un score fleuve de 65,80% des voix face à celui qui a incarné la première alternance de l’histoire politique de son pays (celle intervenue en l’an 2000 face à Abdou Diouf).

Ainsi donc la victoire du peuple Sénégalais est d’avoir déjoué tous les pronostics de violence postélectorale et d’avoir imposé une alternance à l’alternance. Quel est la leçon d’un tel comportement ?

Il s’agit de montrer que ce que certains ont obtenu dans la rue, peut être obtenue par les urnes pour peu que le peuple ait la maturité démocratique qui sied et, il n’y a plus de doute quant à celle du peuple sénégalais. Envers et contre tout, le peuple sénégalais, dans la paix et le calme, a exercé sa souveraineté et a veiller à ce qu’elle soit respectée (par l’entremise de la presse locale qui a joué sa partition très importante dans la sécurisation du scrutin de bout en bout).

La deuxième raison pour laquelle cette date du 25 Mars 2012 entre dans l’histoire est, le comportement honorable qu’a eu le président sortant le soir du scrutin alors même qu’à peine un tiers des résultats était disponible.

En effet, dès le moment où la tendance se confirmait en faveur de Macky Sall, le président Abdoulaye Wade tout comme l’avait fait l’ancien président Abdou Diouf, a téléphoné au nouveau élu pour lui présenter ses félicitations. Ce geste a surpris plus d’un, car la majorité des observateurs de cette échéance électorale, au regard du contexte pré-électoral qui a prévalu, ne s’attendait pas à un tel geste de la part du président encore moins avant la proclamation officielle des résultats provisoires.

Dans ce geste, ce qu’il faut retenir c’est l’humilité d’un geste qui permet en une seconde, à un pays de prendre une trajectoire plus sereine. C’est en cela qu’il faut féliciter le président Abdoulaye Wade pour avoir posé ce dernier geste qui marque plus d’un.

Cette élection est aussi la preuve que le Sénégal a occupé de façon irréversible sa place dans le cercle restreint des nations démocratiques en Afrique à l’image du Ghana et du Bénin. Malheureusement le paradoxe africain est là, têtu: pendant que la raison prend le dessus au Sénégal, elle déchoit au Mali à côté. Comme quoi, on ne peut pas tout avoir.

Youssouf Bâ

Correspondant de B24 à Dakar

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Youssouf Bâ

Juriste, Spécialisé en Droit de l'Intégration. Journaliste, Poète.

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