Sortie du PM au Sahel: Les réfugiés maliens ont faim, les burkinabé aussi

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La sortie dans le Nord et le sahel du Premier ministre Luc Adolphe Tiao n’a pas été un camp de vacances. Bien au contraire.

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Ceux qui ont participé aux successions d’étapes du cortège ministériel garderont en souvenir les journées marathons, les longues files de véhicules, les routes défectueuses, la visibilité réduite due à la poussière soulevée par le cortège, la fatigue, etc. Heureusement, ils auront aussi sempiternellement en mémoire les efforts fournis par certains de nos compatriotes pour améliorer le quotidien et la vie de nos concitoyens à travers des actions novatrices. A ce titre on peut compter le Complexe Olvido à Ouahigouya qui est un cadre aussi instructif que ludique, l’école trilingue de Ipala (Français, Arabe et Anglais), mais aussi et surtout du centre d’éducation de base non formelle (CEBNEF) de Titao qui a déjà mis 80 jeunes sur le marché de l’emploi.

SEM Luc Adolphe Tiao à l'écoute de réfugiés maliens

Comme une marque indélébile, il demeurera dans nos mémoires la faillibilité des hommes. En effet, personne ne pouvait parier il y a seulement une année que nos frères maliens allaient fuir leur pays pour venir demander asile dans la partie la plus aride de notre pays.  Comme quoi, ça n’arrive pas qu’aux autres. Les participants à cette tournée ont pu toucher du doigt ces réalités, âpres, douloureuses , désarmantes par moment des ressortissants du Nord-Mali qui fuient la crise militaire assassine.  Ils sont en effet  des milliers à squatter le sahel. Riches comme pauvres ils ont tous un dénominateur commun : le fait d’avoir fui l’instabilité et les violences. Ils ne sont pas seuls. Avec eux leurs troupeaux. Selon les dernières estimations des centaines de milliers de têtes sont attendus d’ici à quelques semaines. Quant à l’afflux massifs de réfugiés, ce n’est pas demain qu’elle s’arrêtera. Déjà, à Gandafabou, les réfugiés sont plus nombreux (29.000 à 30.000) que les populations locales (25.000).

Ils étaient nombreux à Djibo pour parler de vive voix avec LAT au sujet de leurs préocupations

Enfin, nous avons partagé les préoccupations des burkinabé du Nord ainsi que ceux du Sahel. Les fonctionnaires se plaignent de leurs conditions de travail, de l’absence de moyens logistiques, de vétusté des locaux administratifs, d’absence de lieu de résidence, … ; les commerçants se plaignent de contrôles intempestifs de la Douane et des services de contrôle des prix, de raquettes. Ils exigent (presque) des routes confortables qui permettent de joindre les grandes villes; les syndicalistes parlent des « avancements » au sein de la fonction publique, de cherté de la vie ; les mouvements de Droits humains eux se préoccupent de la circulation des armes légères, de tirs à munitions réelles sur des citoyens, … ;

Pendant ce temps, les femmes crient sur le panier de la ménagère. Pour elles, il est de plus en plus difficile de nourrir la famille. Elles réclament pour faire face à ces difficultés : des moyens pour entreprendre des activités génératrices de revenus;  des allocations de fonds pour diverses actions qu’elles pourraient mener, notamment dans le milieu de l’élevage et du lait, pour s’en sortir ; les jeunes parlent du chômage et demande à ce que l’Etat les soutienne. Enfin, ils lève le ton sur le fait que les  sociétés minières, très présentes dans la zone sahélienne, ne font pas l’effort de recruter plus de jeunes. Pour ce dernier point, ils ont demandé le soutien du chef du gouvernement. Tous ont demandé son soutien. Mais réalistement, le premier ministre leur a répondu. Beaucoup de préoccupations trouveront satisfactions, les autres attendront un peu.

Les réponses du premier ministre, Luc Adolphe Tiao, face à certaines requêtes ont été vertes. Lui et son équipe « ne veulent pas de la démagogie ». Ils y vont franco. « Quand on ne peut rien faire on le dit, quand une chose est en mesure d’être faite on le dit aussi », rassure monsieur Beyon Tiao.

Avant de revenir sur des détails de cette sortie atypique, mentionnons qu’après trois jours de tournée la Premier ministre a accepté de répondre aux questions de ses anciens confrères que nous sommes. Le tableau de bord de cette conférence de presse mentionnait : La question des réfugiés Touaregs et celle de la crise alimentaire ; la question de l’éducation et des nouvelles formes d’enseignement ; les préoccupations des forces vives du Sahel ; la crise alimentaire.

Les réfugiés doivent suivre les recommandations du gouvernement

Les Touaregs souhaitent que l'Etat burkinabé les soutienne dans le cadre d'une réinsertion scolaire des élèves

Les réfugiés touaregs au Burkina Faso ne sont pas tous sur un même site. Comment faire pour les regrouper afin de faciliter les aides, surtout qu’en période pluvieuse plusieurs routes sont inaccessibles ?

Pour Luc Adolphe Tiao, tout est fait pour qu’ils se regroupent sur les sites qui ont été définis. « C’est à eux de laisser tomber les sous-groupes qu’il y a entre eux » a-t-il dit. Poursuivant, il va dire que les Touaregs « demandent à ce que soient respectées leurs spécificités culturelles ». Toute chose qui semble déconcerter Tiao: «Que des artisans ne veuillent pas dormir dans la même zone qu’un forgeron, n’est pas notre préoccupation. Nous on leur donne la terre et c’est à eux de voir comment s’organiser sur celle-ci ».

S’agissant de leurs conditions de vie et surtout la scolarisation des enfants déconnectés du système éducatif, le premier ministre a affirmé : « Si nous finissons de les regrouper nous ferons en sorte de résorber les questions d’école, de lieu de culte, d’assainissement, … En attendant, l’heure est à les regrouper sur les sites choisis par le gouvernement.

S’agissant de la crise alimentaire, le PM a insisté sur le fait que la préoccupation du gouvernement burkinabé est de faire en sorte que les plus nécessiteux entrent en possession de vivres gratuitement et que les moins nantis puissent acheter les vivres à bas prix. Mais il prévient : « Si on surprend quelqu’un qui spécule avec les vivres, il ira en prison ». Ces vivres doivent aller vers ceux qui en ont le plus besoin. Il instruira séance tenante le gouverneur de la région du Sahel et les forces de l’ordre de faire en sorte à ce que tout spéculateur de denrées alimentaires mis à la disposition des plus défavorisés réponde devant la loi.

En ce qui concerne la maitrise et le respect des prix par les boutiques témoins chargés de commercialiser les denrées alimentaires à prix sociaux,  Luc Adolphe Tiao a rassuré que des tournées auront lieu pour s’assurer de la conformité des prix dans tout le pays. Mais il a aussi reconnu que ce que le gouvernement entreprend dans le domaine du contrôle des prix est contraire aux normes dans une société libérale : « Ce que nous sommes en train des faire est contraire à ce que nous avons signé avec les institutions de Breton-wood. Mais les commerçants en font trop. On ne peut pas comprendre qu’un sac de maïs coûte 30.000 FCFA ici dans le Sahel. » Il suggère donc que les populations, la Ligue des consommateur du Burkina, …, « dénoncent les commerçants qui ne respectent pas les prix que nous fixons »

S’agissant de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif burkinabé, Monsieur Tiao a formulé le vœu que dans les années qui viennent, chaque élève de la classe de CM2 puisse choisir la langue dans lequel il composera ses épreuves du CEP. Pour lui il est beaucoup plus facile d’apprendre dans sa langue maternelle que dans toute autre langue.

 

Sur l’employabilité des jeunes dans les mines d’or.  Le premier ministre a reconnu que le gouvernement souhaite que les industries extractives recrutent le maximum de jeunes locaux mais il ne peut pas leur exiger cela. Il encourage les jeunes à prioriser le dialogue et à créer  de concert avec les sociétés minières des cadres de négociation. Pour lui le problème de l’emploi des jeunes dans les mines est un problème de communication. Il a déclaré pour finir que le gouvernement travaillera à permettre aux mines de mener leurs activités dans un climat apaisé.

Comme un cheveu dans la soupe, un journaliste a affirmé que le CHR de Dori n’avait pas une ambulance depuis plus d’un mois. Au ministre de demander au Directeur régionale de la santé de s’exprimer sur le sujet. Ce dernier a renvoyé la balle au directeur général dudit CHR. Le patron du CHR répondra que les ambulances qui servaient de moyens d’évacuation des malades étaient vétustes depuis 2006. Et que la dernière qui était en fonction s’est immobilisée définitivement il y a un mois. Il a rassuré que le Conseil d’administration lui a donné le quitus de doter le CHR d’une nouvelle ambulance et qu’il était à pied d’œuvre pour ce faire. Mal lui en a pris. Le premier ministre lui tombera dessus à bras raccourcis : « Mais ! Vous n’avez rien dit! ». Puis s’adressant à l’assistance il avance: « Vous voyez, ça c’est l’exemple même de la mal gouvernance ! Comment tout un CHR de Dori peut être dans cette situation ? Quand on vous envoie comme responsable dans un poste, il faut que chacun prenne ses responsabilités ». Le directeur du CHR en prendra encore pour son compte: « Vous êtes l’exemple type du bureaucrate qui ne prend pas d’initiatives. Pourquoi attendre qu’il n’y ait plus une ambulance avant de penser à en acheter ? »

C’est sur ces engueulades que prendront fin cette conférence de presse. Les jours du DG du CHR sont désormais (peut-être) comptés à la tête de la structure ?

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Un commentaire

  1. beaucoup de courage au gouvernement Burkinab?. esp?rons que les burkinab? arrivent a g?rer cette mieux que celle de l’op?ration bayiri.

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