CHRONIQUE DU WEEKEND – Liqueurs frelatées à Bobo : Zoom sur un monde de suicide

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Un consommateur de Sopal dans un kiosque de Bobo Ph. B24
Un consommateur de Sopal dans un kiosque de Bobo Ph. B24

Depuis les temps reculés, les Hommes ont su extraire des boissons enivrantes des plantes, qui, si elles sont consommées avec art et modération, donnent un mieux être. De nos jours, il existe une gamme variée de liqueurs, dont celles fabriquées sans respect d’aucune norme. Ainsi, constate-t-on à Bobo-Dioulasso, ces boissons frelatées qui endeuillent plus d’une famille, et les candidats à l’aventure ne manquent pas.

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Sopal, Gnamaro, Quimapousse, Bousculator, Koutoukou, Aide à mourir.  Les qualificatifs ne manquent pas pour cette liqueur incolore, d’une forte odeur et d’un goût à vous faire grimacer. Nous sommes allés à la rencontre des inconditionnels du « Bousculator » dans les quartiers Sarfalao et Kuinima.

25 et 50 F CFA pour se brûler l’estomac

Debout aux  comptoirs de kiosques, plusieurs de ces amis d’un soir ont accepté de nous ouvrir leur monde, à condition qu’on offre (que l’on paye à boire). Chose que nous-nous sommes empressés de faire, vu que la boule (équivalent de quelques centilitres) ne coûte que 25 francs CFA pour le Sopal, et  50 francs pour les autres liqueurs.

Notre première préoccupation à Sarfalao : Qu’est-ce qui a pu amener ces hommes à consommer le Quimapousse ?

Les raisons des consommateurs

Un quinquagénaire, le plus calme d’entre eux, répond :

Pour noyer les soucis

« Je travaillais à la société S. Je gagnais bien ma vie, et tout roulait bien jusqu’au jour où j’ai perdu mon emploi. Je n’avais plus d’occupation, ma femme et mes propres enfants ne me respectaient plus. C’est ainsi que j’ai commencé à fréquenter ce kiosque. Ici au moins, je rencontre des gens qui ont à peu près les mêmes problèmes que moi.»

Une affaire … congénitale !

« Je bois, parce que c’est familial chez nous. Tout le monde boit dans ma famille », nous confie de son côté un jeune de la trentaine. Un autre homme de la même génération, qui n’arrêtait pas de réclamer son Lênga (bonus de boisson), ajoute : « Je bois tout simplement parce que ça me plaît. Quand je prends le Sopal, c’est comme si on avait déposé du charbon sur mon cœur. »

Les vendeurs se frottent les mains

Le gérant du kiosque nous confie qu’il fait de bons chiffres d’affaires, même si ses clients sont parfois endettés. D’ailleurs, nous avons remarqué sur place que ce gérant a une manière particulière de gérer ses clients : Là-bas, le client n’est pas roi. C’est, le plus souvent, un ivrogne que l’on traite comme un enfant, avec le système du « bâton et la carotte ».

Les prisonniers de la liqueur

Il se faisait déjà tard quand nous sommes arrivés dans le second lieu, le kiosque situé à Kuinima.

Des clients présentaient la même physionomie que ceux du premier lieu visité : Cheveux défrisés sous l’effet du Koutoukou, teints pâles et formes squelettiques. A la question de savoir s’ils étaient mariés, l’un d’eux nous répond sans détours : « Je suis marié. La femme qui ne me veut pas parce que je bois, qu’elle foute son camp. Elle m’obéit ou je la bats.» Visiblement, la conjointe de cet homme a une redoutable rivale : Mademoiselle Liqueur, qui détient Monsieur jusque tard dans la nuit, qui ronge sa bourse et qui réduit son espérance de vie.

« La femme qui ne me veut pas parce que je bois, qu’elle foute son camp ! »

« Il est très difficile de cesser de boire. Je sais que l’abus d’alcool est très dangereux pour la santé, mais je suis obligé de boire », nous confie un homme, l’air insouciant.

En effet, nombreux sont ces esclaves de l’alcool frelaté, qui se sont payés le ticket de l’au-delà, et qui n’attendent qu’une crise cardiaque ou une cirrhose du foie  pour s’en aller.

Ce phénomène mérite d’être pris au sérieux par l’État et les collectivités, car il affecte la santé publique, la sécurité et le développement. L’une des mesures efficaces seraient l’interdiction, ou, tout au moins, la réglementation de la vente des alcools frelatés au Burkina.

Michel KONKOBO

Pour Burkina 24 

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Abdou ZOURE

Abdou Zouré, journaliste à Burkina24 de 2011 à 2021. Rédacteur en chef de Burkina24 de 2014 à 2021.

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2 commentaires

  1. f?licitation pur ces faits expos?s dans la clart?. mais prochainma, il ne fo plus vs empresser pur payer ? boire ? ces gens m?m si c? 25 ou 50f puisq vs savez que c? dangereu pur leur sant?. cherch une otr mani pur avoir votr info, sui certain q vs trouverez

  2. F?liciation M.KONKOBO vos articles sont tr?s pertinents. Courage ? vous.

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