Fatou Traoré, actrice : « Si tu te retrouves dans le lit du réalisateur, ta carrière est déjà finie »

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Fatou Traoré, l'étoile montante du cinéma burkinabé (Ph:B24)
Fatou Traoré, l’étoile montante du cinéma burkinabé (Ph:B24)

Elle est burkinabè et actrice de cinéma. Elle a joué dans de nombreux films burkinabè, dont « L’Amour est encore possible », d’Emmanuel SANOU. D’où est-ce qu’elle est venue, qu’est-ce qu’elle fait dans sa vie, que représente le cinéma pour elle, que pense-t-elle du cinéma burkinabè et de ses réalisateurs ? Fatou Traoré livre ses pensées, sans prendre de gants et dans un style bien à elle. 

Burkina24 (B24) : Qui est en réalité Fatou Traoré ?

Fatou Traoré (FT) : Je suis artiste-comédienne de cinéma et responsable d’une agence de communication.

B24 : Parle-nous un peu de ton parcours scolaire jusqu’au moment où tu t’es retrouvée dans le cinéma.

FT : Le primaire c’était à Abidjan, ensuite le secondaire c’était à Bobo-Dioulasso au collège de l’Avenir. Depuis l’école primaire, j’étais très active, donc je faisais un peu de commerce. J’étais à Bobo et je venais à Ouaga où je prenais des mèches et je retournais les vendre à Bobo en même temps que j’allais à l’école.

« Le cinéma est venu à moi »

Pendant un moment, j’ai arrêté les cours pour ensuite reprendre en 2008 pour faire la communication d’Entreprise. Je voulais plutôt me spécialiser dans le Marketing. Mais en réalité, à part la théorie, je trouvais que la pratique, je l’avais déjà. Plus tard, je me suis concentré sur le cinéma.

Le cinéma est venu à moi. J’étais animatrice-radio au début. L’aventure a vraiment commencé à partir de « l’Amour est encore possible » de Emmanuel Sanou.  

B24 : Quelle a été ta première expérience dans le domaine ?                            

FT : « Les Bobodioufs » avec Patrick Martinet.  Je pense que j’ai tourné dans deux épisodes et c’était la première fois.

B24 : En plus du cinéma, que fais-tu d’autre dans la vie actuellement ?

 Fatou Traoré:"Je ne vit pas de mon métier (Ph:B24)
Fatou Traoré: »Je ne vis pas de mon métier »  (Ph:B24)

FT : J’ai mon agence de communication. On fait un peu dans l’évènementiel, dans l’affichage, et puis l’impression de document. Comme je touche un peu à tout, actuellement j’écris  des scénarios et souvent quand j’ai du temps, je me mets à écrire.

Donc ne soyez pas étonnés un jour de voir Fatou écrire un livre. Je fais un peu de commerce de temps en temps, quand je voyage, je ramène des articles que je vends.

B24 : Est-ce que les personnages que tu interprètes reflètent ta nature dans la réalité ?

FT : C’est une question que j’aime bien parce qu’il y a plein de gens qui le disent que celle-là, elle doit être exactement comme ça. C’est un plaisir pour moi, parce que cela veut dire que j’incarne bien le rôle jusqu’à ce qu’on me confonde au personnage.

« A part « L’Amour est encore possible », je n’ai pas connu un plateau de tournage aussi intéressant »

Pour les personnes qui connaissent Fatou, elle est totalement différente de ce qu’elle fait. Quand je joue dans les films où je suis méchante, toutes les personnes qui me connaissent, savent que c’est le contraire.

Fatou, elle est très réservée, elle ne sort pas beaucoup, elle est tout le temps chez elle et donc c’est différent de ce que je joue. J’aime bien ce que je fais, car je ne veux pas qu’on me donne le rôle d’une fille qui est exactement comme moi, cela ne me donne pas l’impression de jouer et je ne ferai pas d’effort.  

Pour moi être actrice c’est quand on me confond au personnage que j’incarne.

B24 : Qu’est-ce que tu dirais  aux jeunes qui veulent se lancer dans le domaine du cinéma ?

FT : Ceux qui ont envie de se lancer dans le cinéma, qu’ils le fassent. C’est une belle expérience le cinéma. Je ne vais décourager personne. On m’aurait découragé, aujourd’hui, je ne serai pas là. Mais quand on vient dans le cinéma, on ne vient pas pour s’amuser.

Quand tu viens et veux être un professionnel, tu veux en faire un métier et pourvoir en vivre, il faut déjà un travail. Il faut se former et surtout beaucoup écouter les réalisateurs, les metteurs en scène et ne pas se mettre dans la tête je connais, je sais. Moi jusqu’aujourd’hui, je continue de me former.

« Au Burkina, je ne sais pas quel acteur qui me dira qu’il vit de son métier »

En plus, c’est un domaine qui apporte beaucoup de choses, des avantages comme des inconvénients.

Les avantages si c’est pour être connu tu le seras, et tu as la facilité de rencontrer des gens. Les inconvénients, c’est quand tu viens et que tu n’a aucun talent. Surtout pour les filles. Si tu veux forcément incarner un rôle et pour cela, tu pars te retrouver dans le lit du réalisateur, il faut savoir que ta carrière est déjà finie depuis le début. A force de s’exercer, on devient professionnel.

B24 : Est-ce que Fatou vit bien de son métier ?

FT : Non, au Burkina, je ne sais pas quel acteur qui me dira qu’il vit de son métier. C’est ce qui est vraiment dommage parce qu’ici, tu te retrouves à faire une vingtaine de films et tu n’arrives même pas à t’en sortir.

Dans d’autres pays africains, après un film tu es parti (lancé, NDLR). Plus besoin de faire autre chose. Tu te concentres juste sur ton métier pour le faire. On est payé, mais c’est comme si on n’est pas payé.

A Accra, c’est les acteurs qui intéressent, on s’en fout du réalisateur !

Tu vas jouer un rôle principal où tu ne vas pas prendre un million de francs et le film est utilisé indéfiniment. Les producteurs eux continuent de gagner et toi tu as prêté ton image pour des années et même après ta mort, on va utiliser ton image, mais en réalité ça ne t’apporte rien. On le fait aussi par amour du métier.

Voilà pourquoi je fais autre chose en plus de mon métier.

B24 : On dit souvent que dans le cinéma africain, le réalisateur est la star et les acteurs restent dans l’ombre. Quel est ton avis là-dessus ?

FT : C’est vrai, mais pas seulement dans le cinéma africain. Je parle du cinéma burkinabé, parce que c’est celui que je connais le mieux. En Côte d’Ivoire, c’est l’affiche qui intéresse le public.

A Accra également, c’est les acteurs qui intéressent, on s’en fout du réalisateur, ce n’est pas lui qui intéresse.

 « J’aimerais bien jouer dans les films nigérians »

Ici, le contraire, c’est le réalisateur qui se met en avant, alors que ce n’est pas lui qui joue dans le film. Les gens partent voir parce qu’ils ont vu Fatou sur la bande annonce.

Nos réalisateurs ne comprennent pas. Je pense même que c’est un peu une rivalité parce que c’est nul. Ça ne veut rien dire de savoir par qui le film été réalisé. S’il veut être vu sur l’affiche comme nous, c’est simple, qu’il joue aussi comme nous. Il faut que les réalisateurs burkinabé comprennent que c’est les acteurs que les gens vont regarder.

B24 : Y a-t-il des acteurs avec qui tu aimerais jouer ?

FT : Au Burkina, je pense que j’ai joué avec la plupart d’entre eux. En Afrique, j’aimerais bien jouer dans les films nigérians avec les acteurs et actrices, parce que ce sont des professionnels.

Voilà pourquoi j’ai commencé à prendre des cours d’anglais. J’ai déjà eu des propositions par rapport à ça vu que je ne parle pas couramment anglais. J’aimerais bien jouer avec eux. En Europe, qui n’aimerait pas jouer dans un film de Luc Besson, ou Scarlette Johnson. Il y a plein d’artistes et j’aimerais jouer avec tous.

B24 : Quel est le film dans lequel tu as joué et qui t’a le plus marqué ?

FT : Sans hésiter, c’est « l’Amour est encore possible« . L’ambiance du plateau était exceptionnelle. Et jusqu’à présent, je n’ai pas connu un plateau de tournage aussi intéressant. On était bien entretenu par le producteur, Idrissa Ouédraogo et le réalisateur Idrissa Sanon, ils étaient à nos petits soins.

Et pour cela, un film qui était prévu en tournage d’un mois, nous l’avons fait en trois semaines. Tout le monde était content, bien travaillé et bien payé. Nous avons d’abord fait des répétitions, chose qu’on ne fait pas ici pour les autres films. Même pour aller aux répétitions, on avait le prix du carburant.

Franchement, les autres plateaux ne me plaisaient pas, mais celui de « l’amour est encore possible« , si.

Sandrine Ashley GOUBA

Pour Burkina 24

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sandy

Journaliste chargé des affaires en société et développement

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13 commentaires

  1. MA SOEUR,TU AS TOUT DIT SANS RESERVE ET JE SUIS FIER DE TOI!K4ALLAH TE GUIDE A REALISER LE RESTE DE TN REVE!COURAGE ET PERCEVERES JE SAIS K TU FERAS MIEUX K CA!BIZU

  2. Id?es bien ?nonc?es et surtout pas de r?serve ans le discours.Je ne peut qu’encourager cette actrice,surtout la f?licit? pour son r?le dans LE TESTAMENT!

  3. bien dis, car ils ya de c'est personnes qui le fond et leur carri?re lais tombe ( dans la dou) et je te comprend car je suis aussi un artiste comme toi. courage soeur

  4. ("ne jamais se retrouver sur le lit d'un r?alisateur" ,bon conseil.) bcp de courage a toi FT, et ne manque pas de tes efforts pour conseillers tes s?urs.

  5. F?licitations Fatou. Tu repr?sentes valablement la femme africaine: simple, active et pers?v?rante. Courage et belle r?ussite dans ta vie priv?e et professionnelle.

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