Ces engins à deux roues qui pourrissent dans les fourrières de la police

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Lors d’une session plénière de l’Assemblée nationale consacrée aux questions au gouvernement, un député a interpellé le ministre de la sécurité sur un phénomène pas des moins préoccupants. Celui des engins à deux roues saisis par la police dans le cadre des contrôles de routine et qui encombrent les fourrières des commissariats. Le député Hamidou SANFO présentait son inquiétude en ces termes:« Quand vous faites le tour des Commissariats de police et Brigades de gendarmerie, beaucoup de motos et cycles sont entreposés au soleil et certains sont pratiquement irrécupérables. Notre sentiment est que, ni le propriétaire fautif ni l’État ne peut tirer profit de cette situation ». Nous avons fait le tour de quelques commissariats de la ville pour nous rendre à l’évidence de ce phénomène.

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Non-respect des feux tricolores, l’excès de vitesse, le surnombre sur les engins, le défaut d’éclairage, en général le non-respect du code la route. Autant d’infractions que la police sanctionne par la saisie des engins, dont une bonne partie n’est pas retirée par les propriétaires.

Dans les commissariats, quand nous évoquons la question, nos interlocuteurs ne cachent pas leur gêne. Ils trouvent que les engins sont très encombrants pour leur cadre de travail, occupant une grande partie de leur enceinte.

De la police de Nongr-Maassom à la police municipale, les premiers responsables sont unanimes pour reconnaître que les engins, surtout les deux roues prennent trop d’espace et ne donnent pas une bonne image de leur cadre de travail.

« Ces engins sont très encombrants et c’est pourquoi nous demandons à la direction du patrimoine de l’Etat, des autorisations de mises au vente aux enchères afin de libérer le cadre de travail », a déclaré Jean-Marie Ouédraogo, commissaire adjoint de police.

Au cours de l’année 2012, 10.149 engins à deux roues (vélomoteurs, cyclomoteurs, bicyclettes) ont été mis dans la fourrière de la police municipale de Ouagadougou suite aux différentes opérations.

Pour la plupart ce sont des infractions de premier degré, constituées par le non-respect de feux tricolores, de panneaux de stop, ou de sens interdit. Selon les chiffres de la police, 71.50% ont été saisis pour ces dernières infractions, contre 28.49% pour non-fonctionnement du dispositif d’éclairage ou non-présentation du reçu d’achat, qualifiées d’infraction de second degré.

Une vue d'engins encore utilisables à la police municipale de Ouagadougou. © Burkina24
Une vue d’engins encore utilisables à la police municipale de Ouagadougou. © Burkina24

Ces engins qui s’entassent dans les commissariats préoccupent à plus d’un titre. En plus d’être encombrants pour les commissariats, ils sont l’expression de l’incivisme des citoyens.

Une situation qui place la police dans l’embarras. Comment lutter contre l’incivisme en circulation, sans pour autant se retrouver avec des commissariats pleins d’engins? « Nous sensibilisons la population et déployons nos éléments pour pallier un tant soit peu ce phénomène de non-respect du code de la route et contrôler les engins qui ne suivent pas les réglementations routières.

Nous misons ensemble sur la répression et la sensibilisation, nous croyons que l’un dans l’autre nous pouvions réduire un tant soit peu le phénomène de l’incivisme hors de la ville de Ouagadougou. » selon l’Inspecteur principal de police, Jean-Marie, Ouédraogo.

Les enchères comme solution à l’encombrement

En attendant de gagner la bataille du civisme qui n’est pas pour demain, il faut faire face à l’encombrement des commissariats, résultat de cet incivisme.

Seulement, une question à laquelle nous cherchons encore des pistes de réponse, c’est pourquoi des propriétaires légitimes d’engins abandonnent définitivement leurs engins, alors qu’ils ont la possibilité de s’acquitter des frais de contravention pour les reprendre?

Certains engins, comme nous avons pu le constater, sont hors d’usage. Du moins pour l’usage initial. Pour ces bicyclettes qui pourrissent, attaquées par la rouille, le ministre de la sécurité dans sa réponse au député Hamidou Sanfo, n’a pas exclu une vente aux ferrailleurs qui pourrait faire des revenus pour les caisses de l’État.

Le cas des engins encore en bon état et qui lentement s’usent dans les fourrières est tout autant préoccupant.

A la direction de la police municipale de Ouagadougou, le chef de la fourrière Lamine Zio, nous explique: « Les engins saisis sont gardés pour attendre que les propriétaires viennent s’acquitter des frais de contraventions (de 3.000 à 4.000 francs CFA), muni d’une pièce et de la pièce de l’engin pour un contrôle de fichier à la gendarmerie et à la police centrale voir si l’engin n’a pas été volé, afin de restituer l’engin. Au-delà de trois (03) mois, il est fait un contrôle pour identifier les engins volés et les restaurés aux différents propriétaires. » 

Mais le constat est que beaucoup d’engins sont abandonnés par leurs propriétaires, pour des raisons que l’on ne sait pas. L’Inspecteur principal et commissaire adjoint  Jean-Marie Ouédraogo de  la Police municipale nous a confié ceci: « En moins d’un mois, nous avions fait restituer une quinzaine de motos à la police nationale et à la gendarmerie, des motos qui ont fait l’objet de vol que nous retrouvons à notre niveau et c’est elles qui se chargent de remettre les engins aux personnes ».

  Au commissariat de Nongr-Maassom, il y a eu déjà 30 à 40 engins à deux roues restitués aux propriétaires depuis l’installation de M. Joseph TONI en 2011 à la tête de ce service.

Des engins à deux roues à la police municipale. © Burkina24
Des engins à deux roues à la police municipale. © Burkina24

L’une des solutions, pour les engins encore en moins mauvais état, c’est la vente aux enchères qui permet de renflouer les caisses de l’État.

« Passée la période de trois mois, explique Lamine Zio, les engins peuvent être vendus aux enchères selon les dispositions légales ». Mais le délai pour procéder à cette opération peut même aller jusqu’à un an, pour permettre de faire des vérifications à long terme si des engins venaient entre temps à être déclarés volés.

La police municipale, en 2013 a enregistré 7 430 engins à deux roues dans sa fourrière, et en fin d’année il n’y restait que 124 dont 17 volés restitués aux propriétaires par le biais de la gendarmerie et police nationale.

La vente aux enchères s’est alors appliquée aux 107 engins restants. Les engins actuellement gardés au sein de la police municipale sont en cours de vérification et de contrôle pour une vente aux enchères. 130 bicyclettes seront mises en vente d’ici bientôt.

La procédure de vente aux enchères des engins prend souvent du temps. Selon l’explication donnée par les services de la police, la proposition d’y procéder dure au niveau des impôts avant d’être agréée. C’est ce qui fait que les engins restent longtemps dans les commissariats.

Justin YARGA et Aboubakar KAMAGATE (Stagiaire)
Burkina 24
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Justin Yarga

Journaliste web qui teste des outils de Webjournalisme et datajournalisme, Media strategy consultant.

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3 commentaires

  1. Le Ministre Doit R?ellement Prendre Ses Responsabilit? Face ? Ce Probl?me

  2. En tout cas, il faut trouver une solution rapidement.

  3. quand ils n’y aura plus de place dans les cours des commissariat, parquez les dans vos bureaux!

  4. Salut la securite!a defaut de la vente au enchers,que ces engins aillent a la casse.Si c etait dans un autre service publique,s etait deja une affaire de greve et…Merci a vous pour notre securite.

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