Zmo, artiste musicien : « J’ai été déçu par les autorités et les Burkinabè »

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Si Zoungrana Moumouni alias ZMO ne dit rien à bon nombre de personnes aujourd’hui, il fut un temps où le titre « Amélie », une de ses chansons, était fredonné et faisait danser dans toutes les régions du Burkina. Après trois albums, il tombe dans l’oubli depuis 2007. Pour en savoir plus sur l’homme et ce qu’il devient, Burkina24 s’est déplacé à son domicile au quartier Karpala de Ouagadougou.

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Burkina 24 (B24) : Que devient Zmo ?

Zmo : Je suis toujours un artiste. Je n’ai pas changé de statut. Je suis entrain de finir un album qui j’espère sortira courant 2015. Avec le succès de mon premier et deuxième album, j’ai fait beaucoup de choses. J’ai pu construire une maison et m’occuper de ma famille. Mes parents sont tous deux décédés tôt, me laissant la charge de deux petits frères de 8 ans et de 12 ans.

Je vis de la musique mais je ne suis pas dans le show-biz. On ne m’invite plus sur les podiums de la ville ; à des cérémonies. Mais je vis de la musique car j’apprends à jouer aux instruments de musique, à chanter à des jeunes qui viennent me voir pour apprendre et du soutien de mes amis et parents.

B24 : Pourquoi un si long silence?

Zmo : Je me suis retiré de la musique, il ya 5 ans. Mais je compte revenir avec un autre  album. Mon retrait de la scène est dû au fait que j’ai eu des problèmes familiaux.

J’avais ma grande sœur mariée qui est tombée gravement malade. Son mari n’ayant pas les moyens de la soigner, je m‘en suis occupé en l’amenant dans une grande clinique de la place. Je l’ai soignée durant trois ans avec les économies de mes deux premiers albums. Malheureusement, elle n’a pas survécu.

« Personne ne descendra de son bureau pour me recevoir. Je suis donc obligé de monter et redescendre les escaliers comme les autres »

Aussi, il y a eu au même moment le problème de cette fille de pasteur que j’ai rencontrée lors d’une mes tournées et qui est tombée enceinte de moi. Elle est venue me retrouver à Ouaga pour avorter parce que ses parents ne l’accepteront pas avec une grossesse sans mariage.

C’était l’année je dirai de ma gloire ; de mon succès. Je n’avais donc pas le temps de m’occuper d’elle. Je l’ai fait partir à Ziniaré  chez un ami et c’est de là qu’elle a avorté avec la complicité d’une dame clandestinement et à mon insu. Ce sont ses copines qui l’ont dénoncée à la police suite à une bagarre.

La police de Ziniaré étant saisie de l’affaire m’a envoyé une première convocation à laquelle je n’ai pas eu le temps d’aller répondre parce que j’étais à Bobo-Dioulasso pour un concert.

C’est suite à une deuxième convocation à la laquelle je n’ai pas pu répondre encore que je me suis retrouvé à la police de Ziniaré et déféré par la suite à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou.

Au domicile de Zmo, à Karpala, un quartier de Ouagadougou (© Burkina 24)
Au domicile de Zmo, à Karpala, un quartier de Ouagadougou (© Burkina 24)

En son temps, les journaux ont écrit qu’elle est décédée suite à l’avortement or il n’en était rien. Elle est bel et bien vivante et mariée de nos jours à un douanier.

Aussi j’ai été déçu par les autorités et les Burkinabè. Je n’ai eu aucun soutien de leur part alors que j’ai fait danser tout le monde et même le Président. Personne ne s’est préoccupé de ce que je suis devenu après quand on ne me voyait plus.

Je dis que pour un artiste comme moi qui a cartonné, on ne devrait pas m’oublier, on doit me soutenir même si ce sont des problèmes personnels. Je ne suis pas le seul dans cette situation.

B24 : D’aucuns disent que vous avez été ruiné à cause de votre train de vie d’antan ? Les femmes,  la belle vie ?

Zmo : Ce n’est pas tout à fait vrai. J’ai eu des copines ; ce qui est normal parce je n’étais pas marié en son temps et en tant qu’une star les filles ne refusaient pas mes avances. J’ai acheté une parcelle et construit une maison.

Avant de faire la musique, nous n’avions pas où dormir mes frères et moi. C’est dans cette même maison que nous vivons actuellement avec ma femme et mes cinq enfants. C’est encore avec les économies de mes albums que je payais les soins de ma sœur malade.

B24 : Avez-vous eu recours à des structures ou à des burkinabè sans avoir eu gain de cause ?

Zmo :Je suis allé au BBDA, mais ce que je reçois pour les droits d’auteur ne peut rien faire sauf pour les dépenses familiales. J’ai postulé aux subventions du BBDA et du Ministère de la Culture et du Tourisme, mais il n’y a pas eu de suite.

Même cette année, je compte y repartir mais ce n’est pas facile pour moi en tant que personne handicapée. Personne ne descendra de son bureau pour me recevoir. Je suis donc obligé de monter et redescendre les escaliers comme les autres. Mais s’il faut le faire à plusieurs reprises et sans être reçu finalement, cela me décourage.

Je suis un rasta et je dis la vérité que certains ne diront pas. Le Président m’a soutenu en son temps en m’achetant une moto pour handicapé, ce qui me facilitait les déplacements. Je lui resterai toujours reconnaissant pour cela.

Mais quand j’ai eu mes problèmes, je n’ai pas voulu aller vers les personnes qui m’ont aidé auparavant. Pour moi cela ressemblerait à de la mendicité, parce qu’on m’a aidé une fois et repartir serait mal vu. J’aurai voulu que l’on cherche à savoir ce que je suis devenu suite à ce silence.

B24 : Comment vouloir rester dans l’ombre et vouloir qu’on l’aide? Comment faites-vous donc pour votre album en cours?

Zmo : Présentement j’ai moi-même payé plus d’un  million (de F CFA, ndlr) pour enregistrer mon album, des amis me sont venus en aide mais j’ai toujours besoin de plus de 300 00 F CFA pour le finir. J’ai décidé de financer ma musique parce que les producteurs ne font plus confiance aux artistes. Présentement, je n’ai ni  manager ni de producteur.

Je veux avoir quelque chose en main avant de chercher un producteur. Ce qui est déplorable aussi, les producteurs et managers ne viennent pas vers les artistes, ils ne cherchent pas les artistes pour les produire.

Mais mes problèmes se dissipent et j’ai envie de revenir sur scène. J’espère signer le retour de Zmo courant 2015 si tout va bien et faire un anniversaire de 15 ans de carrière.

Je me suis retiré mais tant que je vis, je me dis que j’ai ma place dans l’échiquier musicale au Burkina et je reviendrai en force.

B24 : La musique nourrit-elle son homme alors ?

Zmo : Oui, la musique nourrit son homme si tu as du talent et de belles œuvres, surtout de nos jours jouer sur une scène vous rapporte beaucoup malgré qu’il y a le phénomène de piraterie.

« Je voudrais aussi dire à nos autorités de ne pas attendre que nous mourrions pour nous donner des médailles ou faire nos éloges »

La question de la piraterie n’a pas de solution, il n’y a que les tournées et les concerts qui  rapporteront plus aux artistes. Avant, on nous a fait jouer même à 50 000 F CFA, à 75 000 F CFA à la Maison du peuple mais on s’en sortait avec.

B24 : Quel message voulez-vous faire passer pour espérer un changement ?

Zmo : Je demande à ce que les structures qui financent les artistes de se pencher sur le cas des artistes comme nous, des artistes qui ont fait de grandes scènes et qui sont devenus vieux ou qui ont des problèmes.

Il y a une discrimination dans l’octroi des subventions. Ce sont toujours ceux qui ont les moyens qui gagnent les financements.

Je prends l’exemple d’un artiste qui va postuler à vélo, on recevra celui qui est mieux habillé et qui se déplace en voiture. On devrait écouter les supports des postulants et financer les meilleurs.

Je voudrais aussi dire à nos autorités de ne pas attendre que nous mourrions pour nous donner des médailles ou faire nos éloges, c’est à notre vivant que nous avons le plus besoin d’aide.

Propos recueillis par Reveline SOME

Burkina 24

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Rédaction B24

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27 commentaires

  1. Let not jug people from there pass?
    Life Ok? Ces un artist et Aussi il Es human Meme Jesus ont lui juger avan de le tuer.

  2. je partage ta peine mon ferre, converti ton mal en inspiration et garde toujours la t?te haute et prie dieu pour un avenir meilleur. ce n'est autre que une ?tape de la vie ,biens de chose reste a venir.

  3. Mon frere, tiens bon, ca va aller. Tu as le talent, et c'est ce qui va te lancer. Ce que tu endures ne sera que passager si tu es convaincu de tes potentialites. convertis ces epreuves en source d'inspiration et chante ce que tu vis. Tout le monde reconnaitra ta valeur!

  4. Mon frere, tiens bon, ca va aller. Tu as le talent, et c'est ce qui va te lancer. Ce que tu endures ne sera que passager si tu es convaincu de tes potentialites. convertis ces epreuves en source d'inspiration et chante ce que tu vis. Tout le monde reconnaitra ta valeur!

  5. apr?s amelie ZMO ?tai au 7e ciel il va de quoi qu’il disparaisse sur sc?ne. Il fau qu’il rebooste dur,nou burkinab? on pr? a l’accueillir d nouveau.courage

  6. Je compatis vraiment, mais j’ai du mal ? comprendre! L’artiste reconna?t son tort mais n’accepte pas la sentence sous pretesque de gloire pass?e. Argent et beaucoup de filles riment avec faillite et d?sespoir. ?a ne vous grandit pas mon cher. Soyez humble dans vos propos, regretter sinc?rement vos d?viations pass?s et peut ?tre qu’un producteur vous entendra. Bon courage et vivement un brillant retour

  7. Oubien on est artiste et on vit de son art, d autre le font, oubien on est mendiant et cherche des soutients tout le temps, oubien on va chercher du boulot comme tout le monde.

  8. Si tu parles on va dire tu stigmatises et on pourrait l’aider parce qu’il est une personne vuln?rable qui se bat au lieu de mendier. Mais l? o? il y’a probl?me c’est son train de vie et ses frasques. 5enfants d?j? en plus et il a avort? tout en tentant de nous prendre pour des n?s perc?s. Ceci dis mon cher Zmo resaisis-toi en changeant ton train de vie et on pourrait t’aider

  9. Courage mon cher! Dieu te voit et il viendra a ton secours ? tous les coups.Ne sois pas press?.Vas ? ton rythme et ne jamais envier quelqu'un sur cette terre.Je termine en te disant qu'on peut retarder le devenir d'une personne mais jamais l?emp?cher de r?ussir.Gardes ?a en m?moire.

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