Amadou Ballaké repose à Gounghin

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Après 70 ans de vie qu’on pourrait qualifier de belle aventure, Amadou Traoré dit Ballaké s’en est allé en léguant au Burkina Faso et à l’Afrique en général des tubes qui ont traversé les décennies et les continents. Il a été inhumé dans la matinée de ce dimanche 30 août, mais avant les artiste,s lui ont rendu hommage la veille à travers une soirée musicale au CENASA.

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Après la levée du corps à la morgue du CHU Yalgado Ouédraogo, il a été conduit au domicile de la famille Traoré dans le quartier Dapoya. La communauté musulmane y a alors dit une prière pour le repos de son âme. Puis l’artiste a été inhumé dans la plus grande simplicité au cimetière de Gounghin à Ouagadougou, sous le regard de sa famille et ses amis venus nombreux pour l’accompagner pour son dernier voyage.

La veille, samedi soir, l’émotion était vive dans la salle du CENASA, où les parents, amis et connaissances d’Amadou Traoré se sont recueillis pour dire un vibrant au revoir à celui qui leur manquera tant. De la peine, d’accord, mais pas de pleurs ! C’était le mot d’ordre que tous s’étaient donnés. Alors ensemble et avec l’aide de nombreux artistes qui ont joué pour la plus part en live, ils ont écouté et dansé sur les plus beaux succès de la ‘’voix d’or’’.

Le ton a été donné par l’orchestre ‘’Les Elites’’, avec qui Ballaké a passé ses derniers moments musicaux. Puis se sont succédés Tall Moutaga, ATT Junior, Solo Dja Kabaco, Sissao, Amza et bien d’autres qui ont donné de la voix pour mettre du baume aux cœurs peinés. Ils se sont aussi remémorés des moments importants, détendus ou critiques que certains ont eu à vivre avec Amadou, des blagues qu’il pouvait raconter ou de gestes nobles de sa part.

Témoignages

A travers les témoignages suivants, que nous avons recueillis samedi et dimanche, ceux qui ne l’ont pas vraiment côtoyés peuvent se faire une idée de l’homme, du père de famille et aussi de l’artiste qu’a été Amadou Traoré dit Ballaké.

Fatou Traoré, fille d'Amadou Ballaké ©Burkina24
Fatou Traoré, fille d’Amadou Ballaké ©Burkina24

Fatou Traoré, fille d’Amadou Ballaké : «C’était un père de famille très gentil, compréhensif et qui aimait beaucoup ses enfants. Son décès m’a beaucoup touchée car j’étais très attachée à lui, il m’aidait pour tout ce dont j’avais besoin et essuyait mes larmes en me disant « Tant que je vis ça va aller ». Il nous demandait d’être gentil avec les gens et les respecter. Il n’aimait pas le vagabondage mais il n’a jamais levé la main sur nous. Le jour de son décès, j’étais avec lui à la clinique et il m’a dit : « Je sais que tu vas souffrir mais il faut que tu sois forte comme moi. Je ne veux pas que tu baisse les bras, et il faut bien t’occuper de ta mère ». J’ai bougé un instant et c’est là qu’il a fait une crise ; le temps que j’arrive il était déjà parti. »

Alima, 4e fille de Ballaké : « Je vis à Lyon où je suis mariée et mère d’un petit garçon. Mon père était plein d’humour et d’intelligence même s’il n’a pas eu la chance d’apprendre à lire et écrire en français. Il était très touchant et nous a appris qu’il fallait toujours respecter les autres si on veut réussir dans la vie. Il nous a aussi appris à écouter notre cœur et on n’a que de bons souvenirs. Il a eu deux épouses, dont l’une est décédée, et sept enfants mais c’était le meilleur des pères.»

Ablassé Ouédraogo, homme politique : « C’est un homme de courage, de persévérance. Sa vie n’a pas été facile, il a traversé des difficultés. On retiendra de lui que si vous avez le courage vous traversez le désert. La remarque que je fais c’est que beaucoup de nos artistes s’en vont, ça fait un peu trop et cela fait peur, mais j’espère que la relève soit prise. Je voudrais demander aux artistes de dire à nos autorités de regarder un tant soit peu la situation des artistes comme l’a fait la Côte d’Ivoire.»

Alfred Miningou, arrangeur : « J’ai connu Amadou Ballaké en Côte d’Ivoire. De là il était allé à New York pour une prestation alors on disait et affichait partout ‘’Ballaké à New York’’. J’étais fier de lui et fier d’être voltaïque, car en matière de musique la Côte d’ivoire consommait voltaÏque en ce moment.»

Wango Roger, artiste chanteur ©Burkina24
Wango Roger, artiste chanteur ©Burkina24

Roger Wango, artiste musicien : « C’est une grande tristesse qui frappe encore le monde de la musique. Ballaké était notre grand frère, un phare qui nous a guidés et inspirés. Personnellement j’ai dansé sur sa musique quand j’étais lycéen, les chansons comme ‘’Barkonon Mousso’’, jusqu’à ce qu’il enregistre ‘’Taximan n’est pas gentil’’ en Côte d’Ivoire. On a suivi ses tournées avec Monglito. C’est quelqu’un qui nous a donné envie de faire la musique. On est triste de son départ mais il reste un artiste car son œuvre est énorme et donc il est toujours parmi nous d’une certaine manière. »

Bamos Théo, membre de l’Association des Artistes burkinabé : « Le vide s’est encore créé dans le milieu parce que c’était un monument de la musique burkinabé et même africaine. C’était comme un père pour nous ; j’avais de très bons rapports avec lui, il s’était ouvert à moi et cela élargit encore plus le vide que crée son absence. Mais il a bien accompli son art et a relevé le nom du Burkina dans le monde entier, voilà pourquoi nous lui rendons hommage ce soir. Il est de la génération de ceux qui ont fait la vraie musique, pas celle de l’ordinateur que nous faisons aujourd’hui. Eux ils savaient transmettre la chaleur humaine à travers leur art et ont marqué leur temps, dans la solidarité et la sincérité, un modèle à suivre. »

Salambo dit ‘’L’homme du peuple’’, artiste musicien : « Socialement Amadou était très abordable et aimait faire des blagues. C’était aussi quelqu’un qui ne gardait pas rancune : quand on lui faisait du tort il disait ce qu’il a sur le cœur et ça passait. Artistiquement il était un grand des grands. Il a remporté deux fois le Disque d’Or africain, c’est signe qu’il n’était pas novice dans son art. En plus, le fait d’avoir fait partie du groupe Africando le distinguait sans nul doute. Pour la postérité et la jeunesse, Ballaké a laissé des œuvres dont elles peuvent s’inspirer pour aller de l’avant et satisfaire les mélomanes du Burkina et d’Afrique. »

Salfo Soré, Commissaire général des Kundé : « C’est l’artiste burkinabé le plus titré sur le plan international car il a remporté deux Disques d’Or. Et Ballaké c’était le groupe mythique Africando où il n’était pas un figurant. La dernière production de ce groupe est pratiquement un hymne. C’est dommage qu’il s’en aille maintenant, mais je retiens que c’était un battant.

Pour preuve, l’amputation de sa première jambe ne l’a pas empêché de continuer à jouer sur des scènes comme au FESPACO ou encore au Mali où il a passé les fêtes de fin d’année dernière. Il devait partir bientôt pour un festival en France mais le destin en a décidé autrement. Retenons que les artistes ne meurent pas, ils continuent à vivre à travers leurs œuvres et Ballaké, comme tous les grands, a laissé des tubes dont on se délectera longtemps. Il a eu une vie artistique bien remplie mais malheureusement au Burkina la musique ne paie pas à la valeur du talent. »

Amety Meria, artiste chanteuse ©Burkina24
Amety Meria, artiste chanteuse ©Burkina24

Amity Meria, artiste musicienne : « Amadou Ballaké avait une voix exceptionnelle qu’il a gardée jusqu’à la fin de sa vie. Il nous a beaucoup donné, nous avons beaucoup appris avec lui et nous avions encore beaucoup à apprendre de lui. Malheureusement,  il est parti et va laisser un grand vide pour nous car il a toujours su conseiller la jeune génération.

Notre dernier contact remonte à moins de 3 semaines : un ami m’avait contactée car des Américains voulaient Ballaké pour une tournée chez eux et j’avais fait le relais. Mais voilà qu’il est parti alors que les choses venaient d’être peaufinées. Le promoteur de la tournée n’a même pas pu placer un mot tellement ce départ nous a tous surpris. Nous souhaitons que son âme repose en paix. »

Dez Altino, artiste musicien : « Amadou Ballaké fait partie des grandes personnes qui ont fait que la musique burkinabé est connue dans le monde entier. Son décès est une perte pour la nation et pour la musique du Burkina. Mais que peut-on faire contre la volonté de Dieu ? Nous prions pour que Dieu l’accueille dans son royaume et que son âme repose en paix. Je sais que de là où il est, il va toujours s’occuper de ses frères qui se battent pour que la musique burkinabé aille de l’avant. »

Stella NANA et Reveline SOME
Burkina 24
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