Burkina : Le secteur culturel, victime collatérale de l’insurrection populaire

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Les Burkinabè se sont révoltés la semaine dernière pour réclamer la non modification de l’Article 37 de leur Constitution, puis la démission de Blaise Compaoré, alors président du Faso. Dans la foulée, bon nombre de bâtiments administratifs et commerciaux ont été pillés et saccagés par des manifestants en colère ou des profiteurs. Pour le secteur culturel c’est un coup dur, à en croire Désiré Ouédraogo, inspecteur technique des services du Ministère de la Culture et du Tourisme.

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Burkina24 : Quels est l’impact des événements de ces derniers jours sur le secteur de la culture et du tourisme ?

Désiré Ouédraogo : La culture est un secteur qui travaille beaucoup la nuit, et avec le couvre-feu,  il y a évidemment des impacts importants. Prenons par exemple le cas des Récréâtrales, qui étaient programmées du 25 octobre au 2 novembre, avec des spectacles qui commencent autour de 19h et des plateaux musicaux qui peuvent durer jusqu’à 2h ou 3h du matin, elles ont forcément subi les impacts négatifs de ces évènements.

Les activités ne peuvent plus se dérouler selon le programme qui a été établi. Ça ce n’est que le cas de Ouaga et celui d’un seul évènement. Prenez par exemple le CITO où il y a une nouvelle programmation avec des pièces qui devaient être jouées à partir de 20h, évidemment ce sont des activités qui ont été annulées ou reportées dans le temps.

Mais pour les festivals ce n’est même pas possible de reporter, c’est annulé. On l’a déjà vécu en 2011 où ça a été très difficile pour un certain nombre d’événements qui ont dû être reportés dans le temps.

Dans le secteur des loisirs, qui est très proche du secteur de la culture, c’est pareil. C’est des secteurs qui fonctionnent à plein régime en soirée. Ils sont alors tous sinistrés pendant des périodes de couvre-feu ou d’insécurité, car tous ceux qui gèrent ces activités ont peur des casses et des violences. Ils prennent des précautions. Finalement, ces entrepreneurs-là ainsi que la population deviennent victimes de tout cela.

B24: Qu’en est-il du domaine du tourisme ?

D.O. : Dans le domaine du tourisme, il y a eu un certain nombre de casses d’hôtels, à Ouagadougou (Azalaï Hôtel, Jolly Hôtel, Palace Hôtel) et Ouahigouya (Hôtel de l’Amitié). Cela est très grave pour le secteur car il était déjà doublement sinistré à cause de la crise malienne et de la pandémie du virus Ebola.

Il est maintenant triplement sinistré avec la crise nationale. Comprenez que tous les touristes qui avaient envie de venir au Burkina Faso vont simplement mettre une croix dessus. Et du coup, ce sont des hôtels qui vont se retrouver vides, une économie qui ne va plus tourner parce que l’hôtellerie est un maillon important de l’économie de ce pays.

La culture et le tourisme sont donc deux secteurs qui vivent très difficilement les périodes de crise. Ils prennent des coups directs lorsqu’il y a des événements de ce genre. On souhaite que la stabilité revienne très vite, que l’exécutif et l’ensemble des institutions publiques se mettent en place pour que les secteurs puissent reprendre leur fonctionnement normal et que l’économie tourne et particulièrement pour les secteurs de la culture et du tourisme, afin que petit à petit la confiance revienne, et nous allons encore être fréquentés par des touristes internationaux.

B24 : Quelles actions pensez-vous qu’il faut faire pour ramener les touristes et éveiller le secteur culturel ?

D.O. : Pour les événements culturels qui étaient déjà programmés, on ne peut plus rien rattraper, c’est déjà « gâté ». Mais pour le tourisme, il me semble que c’est une action régionale qu’il faut réfléchir et mettre en place. C’est toute la négociation qui se fait pour que le Mali s’apaise et que le virus Ebola puisse être contenu et réduit complètement en Sierra Léone, Guinée et Libéria.

C’est tout ça qui va ramener petit à petit les touristes dans le pays. Il y a aussi le fait qu’il faut qu’au Burkina on revienne rapidement à une vie constitutionnelle normale, que les institutions fonctionnent normalement, et que l’on trouve des remèdes assez rapides pour mettre l’ensemble de la population véritablement en activité.

B24 : Est-ce à dire que le Ministère de la culture et du Tourisme ne fonctionne pas du tout actuellement ?

D.O. : Si, on fonctionne. On a même eu une grande rencontre de toutes les directions ce mardi matin, autour de notre Secrétaire général. Des instructions ont été données par le chef de l’Etat, à tous les Secrétaires généraux pour qu’ils reprennent en main les départements ministériels et les amènent à fonctionner de façon optimale, parce que le principe de la continuité de l’Etat doit être maintenu, les services publics doivent fonctionner normalement.

Au niveau de notre ministère, tout a été remis en place et tout est entrain de fonctionner normalement. Mais il faut accélérer le processus pour que le rétablissement de la confiance puisse venir rapidement. Et pourquoi pas pour que le pardon puisse être remis au goût du jour, que les cœurs soient apaisés.

Si on a déjà accepté de pardonner, je pense qu’on pourra accepter une deuxième fois  se pardonner pour avancer. C’est une vertu, une valeur des Burkinabè, un élément culturel sur lequel on peut jouer en utilisant les forces coutumières, religieuses, de la société civile, des partis politiques pour qu’on se parle mieux, qu’on se comprenne mieux, et qu’on cherche des solutions burkinabè à cette crise qui compromet dangereusement l’exécution des programmes du Burkina sur 2014 et peut-être même sur 2015.

B24 : Avez-vous engagé des  actions pour recenser les points culturels touchés ?

D.O. : Le responsable du département a donné des instructions au Directeur général du tourisme pour qu’il fasse la situation de l’ensemble des dégâts, les dommages enregistrés au niveau des festivals et des activités nocturnes, de celles qui devaient se programmer et qui ont du mal à s’exécuter.

Parce qu’au cours de novembre, il y a de très grosses activités internationales qui doivent se mettre en place au Burkina. Les instructions qui ont été données c’est que nous continuions le travail vaille que vaille ; quelles que soient les difficultés il faut que l’Etat continue de fonctionner.

B24 : Dans le programme normal du Ministère, y a-t-il un point qui permette de venir en aide aux acteurs culturels sinistrés ?

D.O. : La première chose à faire c’est d’évaluer, savoir exactement les difficultés rencontrées. A partir de là, le Ministère  peut accompagner ces acteurs pour poser le problème au niveau de l’Etat.

Lors de la crise de 2011, c’est la démarche qui avait été faite et des solutions avaient été trouvées en son temps. Donc on peut emprunter la même démarche pour voir comment on pourra accompagner ces acteurs pour qu’ils remontent la pente.

Propos recueillis par Stella NANA
Burkina24
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2 commentaires

  1. juste relever que les RECREATRALES n'ont pas subi l'insurrection populiare bien au contraire ,nous avons continu? en ream?nageant le programme et l'affluence n'a pas connu de baisse.ce fut un moment exceptionnel d'emotion et de mobilisation sans pr?c?dent.

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