Insurrection populaire : le témoignage d’un militant du MPP

Ceci est une déclaration du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti politique d’opposition au Burkina, parvenue à notre Rédaction et qui raconte comment un des militants de ce parti a vécu l’insurrection populaire de fin octobre dernier.

C’est une insurrection qui a poussé à la démission puis à la fuite de Blaise COMPAORE, le 31 octobre 2014 après 27 ans de pouvoir. Cette insurrection a été suscitée par les forces vives (Organisations de la société civile et partis politiques) toutes tendances confondues dont le Mouvement du Peuple pour le Progrès(MPP). Depuis sa créationen janvier 2014 , le MPP n’a pas varié de ligne de conduite vis- à- vis des velléités de l’ex- président: « Non à la modification de l’article 37 de la Constitution », « Non au Sénat », « Non au Referendum », « Oui à l’alternance démocratique » . Après des mois de lutte avec les autres composantes des forces nationales, le parti peut se targuer d’avoir contribué au changement historique intervenu dans notre pays.

Un jeune militant du MPP revient sur les péripéties de ces manifestations qui ont ébranlé le pays des Hommes Intègres.

Mieux que les stratégies de Napoléon, la mobilisation populaire qui a conduit à la démission de l’ex-président Blaise Compaoré a été savamment préparée et orchestrée par les organisations de la société civile et des partis politiques. Les militants du MPP, notamment les jeunes se sont mobilisés dans la perspective de faire front aux putschistes du CDP et de ses séides. Dès le 11 octobre 2014 au Palais de la culture Jean Pierre GUINGANE à Ouagadougou, le parti avait, au cours de sa rentrée politique, lancé un appel à tous les militants pour une mobilisation sans faille, afin d’imposer la volonté populaire face aux velléités monarchisantes du clan COMPAORE ; c’est à cette occasion que le premier vice-président du parti, Salif Diallo, a exprimé la détermination du parti du soleil levant : « Nous sommes 17 millions de burkinabè, même si nous allons enregistrer 5 000, 100 000, 1 000 0000 de morts, le reste des burkinabè continueront la lutte jusqu’à la victoire finale contre l’imposture, contre un pouvoir à vie ». Cette position a été réaffirmée par le président du parti, Roch Marc Christian KABORE, lors du dernier grand meeting du MPP, le 18 octobre 2014 à Koudougou. La mise en garde a été on ne peut plus claire.

Connaissant l’entêtement de l’ex- chef de l’Etat, le MPP a pleinement joué son rôle dans les tractations qui ont précédé la chute de Blaise COMPAORE. Par sa clairvoyance et sa capacité de mobilisation, le parti a contribué grandement à la victoire des forces vives. Conscients de l’enjeu de la lutte pour l’avenir démocratique de notre pays, nous avons utilisé tous les outils de communication pour accroitre notre dynamisme opérationnel sur le terrain.

Comment a-t-on abouti à la « prise de la Bastille » que dis-je, à la prise de l’Assemblée nationale?

Pour sa part, le MPP a organisé dans tous les secteurs d’activités et les quartiers, des assemblées générales d’information et de sensibilisation à travers le pays. C’est dans cet état d’esprit que nous, jeunes du parti, répondant aux mots d’ordre de résistance populaire, avons décidé de nous organiser pour faire barrage à l’entêtement et à la forfaiture.

Dès le 28 octobre, début de la désobéissance civile, il s’agissait pour nous, de rendre la tache complexe aux forces de défense et de sécurité  : l’objectif étant d’empêcher la tenue de la session de l’Assemblée Nationale visant à modifier la constitution.

Depuis la nuit, nous avons harcelé par petit groupes jusqu’à leur épuisement, les forces de l’ordre qui, fatigués et usés par plusieurs heures d’affrontements, n’ont pas tenu longtemps lors de l’assaut final.

Cela a été exécuté par 3 « chefs de guerre » qui commandaient les « troupes au sol » et sur les réseaux sociaux avant le « jour  J ». Il s’agit du grand frère  Emile Paré qui dans un premier temps, a fait irruption dans l’hémicycle en compagnie de plusieurs autres camarades. Les autres chefs, Lassina OUATTARA, Alassane SAKANDE, Abdoulaye MOSSE… accompagnés d’autres leaders de la société civile, ont contribué à prendre en tenailles les forces de l’ordre par la maitrise des autres voies d’accès.

L’objectif, c’était la prise de l’Assemblée nationale. Pour ce faire, plusieurs groupes ont été ont été mis en place dont trois principaux ; l’entrée Est du côté de la primature était densement sécurisé, l’ordre fut donnée de lancer l’assaut à partir des 3 autres accès. Le front ouest (côté du Rond-point des Nations Unies) a été ainsi occupé, le côté nord (la voie venant du Musée de la Musique) a également été maitrisé ainsi que le front sud (vers la direction générale de la Coopération). Tous les ingrédients étaient donc réunis pour l’assaut final.

Les différents groupes opérant selon la stratégie mise en place, ont permis non seulement de prendre le parlement mais par la suite, de mettre une fois pour toutes, fin à la dictature du capitaine Blaise COMPAORE.

Aujourd’hui, femmes, jeunes, anciens du parti ont la satisfaction du devoir accompli. C’est avec fierté que nous, jeunes du MPP, revendiquons avec les autres composantes de la société burkinabè, cette victoire que nous célébrons avec humilité au regard du prix payé (des morts et des blessés).

Ainsi prend fin lâchement et sans gloire, le long règne d’un « homme fort » et dictateur au pays des ‘’hommes intègres’’.

Souleymane OUEDRAOGO

Ndlr : Le titre est de la Rédaction