Martyrs de la Révolution : Témoignages

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Des parents et proches de victimes ont accepté, malgré la douleur, dire quelques mots sur les proches qu’ils ont perdus lors de l’insurrection populaire. Deux rescapés racontent aussi leur état d’esprit. Ces propos ont été recueillis ce 2 décembre 2014 au cimetière municipal de Gounghin, lors de l’enterrement des martyrs.

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Sayouba Porgho, cousin de Feu BELEM Abdoul Moubarack

Abdoul Moubarak Belem
Abdoul Moubarak Belem

Il est sorti. On a passé toute la journée on ne l’a pas vu. Le lendemain, son papa est venu chez moi me demander. J’ai dit il n’est pas arrivé chez moi. On est allé faire un communiqué mais on n’a rien entendu. Donc on est allé à la morgue et on l’a retrouvé là-bas. Cela s’est passé comme ça. Il est décédé par balle. C’était à la radio. Il était élève mais il a abandonné et il faisait auto-école.

Augustin Bamouni, grand frère de la défunte Joséphine Kambiné

« Je salue cet esprit patriotique et national des autorités»

Augustin Bamouni, frère de la défunte
Augustin Bamouni, frère de la défunte

Elle a déjà été inhumée, elle est décédée le 03 novembre 2014 à l’hôpital et le même jour elle a été inhumée à Sondogo. Il faut dire que son enterrement dans le vif du moment était dû à la situation de sa maman qui ne pouvait pas supporter. Donc en discussion avec les autorités, nous avons effectivement jugé bon de l’enterrer pour apaiser sa maman qui était vraiment dans une situation assez délicate.

Nous sommes le 02 décembre 2014, date à laquelle le gouvernement a décidé d’enterrer collectivement les sept (7) qui n’avaient pas encore été inhumés. Moi en tant que grand frère de Joséphine, d’abord c’est de témoigner d’une manière ou d’une autre une reconnaissance aux autorités qui ont eu la grande mesure de prendre cette décision pour rendre hommage à toutes ces personnes donc je salue vraiment cet esprit patriotique et national qui les a conduit effectivement à initier un enterrement collectif.

Ensuite le gouvernement a promis d’organiser une journée d’hommage national et cette journée également constitue pour nous une tribune de reconnaissance, aussi la promesse a été faite de les élever au rang d’héros et d’héroïnes national (e) et également il y a une place dédiée en leurs mémoires.

Je crois que toutes ces mesures nous réconfortent en tant que parents et d’une manière ou d’une autre nous montrent que nos frères et nos sœurs sont morts pour une cause noble.

Aujourd’hui, si cela est reconnu comme tel nous saluons les autorités et également nous allons nous mettre à leur écoute pour que ces mesures qu’ils sont en train de prendre soient vraiment des mesures qui vont nous permettre à tous d’œuvrer à ce que leurs noms et leurs mémoires soient effectivement reconnus.

C’est comme le disait un vieux tout à l’heure que toutes ces personnes qui sont décédées dans ces circonstances ce sont les ancêtres du Burkina Faso et Dieu va les accueillir. Je crois également qu’en organisant de tels évènements, de telles manifestations, nous pensons que c’est vraiment quelque chose à saluer et je n’ai pas vraiment des remerciements particuliers.

C’est Dieu qui va rendre et qui va remercier l’ensemble de ces autorités qui œuvrent et qui ont déjà reconnu effectivement le sens patriotique, qui ont reconnu le sens de la mort de toutes ces personnes.

 Issouf NACANABO, blessé de l’insurrection

« C’était de braves Burkinabè »

Emmanuel Zoungrana et
Issouf  Nacanabo et Emmanuel Zoungrana

Chaque fois qu’il y a mort d’homme on ne peut pas dire qu’on est content parce que ce n’est pas nous les vivants qui  avons remporté la victoire tout seul, il faut dire que les morts ont contribué en grande partie à cette victoire.

En fait, si je peux dire que j’éprouve des regrets ce n’est pas parce qu’ils sont sortis en combattant et ils sont morts, non ! C’est le fait qu’ils ne sachent pas réellement à quoi leur combat a abouti, ils sont sortis pour un objectif, cet objectif est atteint seulement eux ils ne le savent pas.

Aujourd’hui c’est le seul regret que je peux éprouver dans cette affaire mais à part ça, que nous soyons blessés ou qu’eux soient morts, de toutes les façons quand on partait au combat, on s’y attendait.

Il n’y a pas un seul Burkinabè qui est sorti ce jour-là avec la certitude qu’il allait rentrer chez lui. Donc aujourd’hui, ce sont des gens qui nous ont quittés mais quelque part qui ont de la fierté en eux.

On est venu aujourd’hui pour compatir à la douleur des parents et témoigner carrément notre reconnaissance à ces victimes-là. Franchement, c’était de braves Burkinabè.

Emmanuel ZOUNGRANA, blessé de l’insurrection

J’ai été blessé par balle vers OUAGA 2000 mais pour le moment ça va. En fait cela a été un moment difficile pour nous mais on reste toujours courageux. Il y a d’autres qui sont morts.

Nous en tant que vivants on prie pour que leurs âmes reposent en paix. Mais on s’est très bien occupé de nous, il n’y a même pas eu de problème. On me fait des pansements chaque lundi et jeudi.

 SANA BOB, artiste musicien

« Nous avons gagné une bataille mais la guerre continue »

Sana Bob
Sana Bob

 C’est vrai je n’étais pas là mais ce qui est arrivé en ces mois, je l’avais prédit il y a dix (10) ans de cela. Je n’étais pas là mais en tant qu’Africain, en tant que Burkinabè, je voyais comment mon pays marchait, comment mon pays était maltraité.

C’est pour cela chaque fois que j’ai un album, je prévenais qu’il y a quelque chose qui ne va pas en Afrique et particulièrement dans mon pays le Burkina Faso, faites attention !

On ne sait pas pour les autres mais moi personnellement, je ne suis qu’un simple artiste mais qui vit avec son peuple et je sais ce qui n’allait pas. Je n’étais pas là mais le peuple s’est levé, il a demandé sa liberté et a dit ce qu’il pensait.

Personne ne pouvait imaginer qu’on pouvait faire partir comme ça un président qui a régné pendant 27 ans. Ce n’était pas facile mais cela dit, il n’y a pas une souffrance sans fin.

Ce jour est arrivé, son jour est arrivé. Mais il faut que chacun de nous aussi fasse attention dans sa vie, le pouvoir que le Blanc nous confère, c’est comme ici en Afrique on dit qu’il y a des chinoiseries et l’original. Quand ça ne va pas en Europe, chez les Blancs, le dirigeant démissionne automatiquement et garde ainsi sa dignité mais chez nous Afrique c’est difficile.

Plus jamais ça ! Nous sommes là au cimetière de Gounghin. Tout le monde veut aller au paradis mais personne ne veut se sacrifier. Les Burkinabè se sont soulevés, ils se sont sacrifiés, il y a beaucoup qui ont perdu leur vie et c’est pour ça que nous sommes là ce matin, nous avons gagné une bataille mais la guerre continue.

Le peuple burkinabè doit se réconcilier et travailler fort pour que dans cinq (5) à dix (10) ans afin qu’on puisse dire « voilà ce qui nous bloquait avant, c’est débloqué aujourd’hui ». Que la terre soit légère à tous ceux qui ont perdu leur vie. Nous ne les oublierons jamais.

Propos recueillis par Stella NANA et retranscrits par Mahmoud ABDELRASSOUL (Stagiaire)
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30 commentaires

  1. zacharia sawadogo u es u CDP ou koi? ge penc qun homme qi ce di responsbl noz pa publi? ca!! ls id? grandic en fonction de l’?ge

  2. Marius Bamouni on se conna?t tr?s bien tu sais sa. Je ne pouvais pas imaginer que tu pouvais agir de la sorte. Insult? la m?re de quelqu’un c’est pas digne d un gourounssi. pr?sente tes excuses.

  3. j croit k tu n pa patriote.un patriote sai c kil est bien pour sa patrie.pa a kelk1 d l montre kil a bien fait.tu doit etr 1 etranger toi.mrci pour tes conseil…

  4. Nos martyrs, Oui, nous ne les oublierons jamais, jamais, jamais……!!!!!!

  5. j v dire a ces individu ki sort soi disan kil salut dotr. d’areter d’insulter les gens.on est tous burkinbe et on voulait tous la paix on la eu point bar.pensons a l’avenir.

  6. Je pleure avec toutes les familles endeuill?es, j?y ?tais, de la place de la r?volution au Cimeti?re des martyrs, j?ai vu des larmes et des larmes coul?s en silence : Mais ce qui est cruelle, c?est qu?en 1998 les m?mes larmes accompagnaient notre valeureux journaliste Norbert Zongo et le lendemain c??tait comme rien n??tait arriv?. Nos autorit? riaient dans les maquis, quelques-uns se pendaient dans les bras de leurs maitresses, Fran?ois Compaor? et Alyzeta Gando f?taient les inaugurations de leurs nouvelles entreprises. Ce qui est , des mots ont ?t?s ?crits ?????NOUS NE TRAHIRONS PAS VOTRE COMBAT???? Rien ne sera comme avant, des promesses comme en 1998, ????? le lendemain rien ne bouge, rien ne se fait,???? dans un mois Zida et Kafando pr?pareront leur avenir de l?apr?s transition, la vie en rose, et tout sera terminer. Peuple Burkinab?, ressortons comme en 1998 pour Norbert Zongo, ?l?ves ?tudiants, syndicats, civils, militaires, afin que justice soit rendu a nos jeunes martyrs. Tapons le fer pendant qu?il est chaud. Ceux qui ont ?crit les gros mots comme ????Nous ne trahirons pas votre combat???? en quittant Goughin avec leurs grosses voitures teint?es, d?s que les portes de ses voitures ferm?s, les mots sont d?j? oubli?s, et les pintades grill?es remplaces ces mots. Nos martyrs tomb?s du 30 et 31 Octobre m?ritent que nous sortons pour dire un autre gros mot ???????Que la justice soit faite tout de suite????? que des enqu?tes d?marres avec des juges enqu?teurs vouer a notre cause, que les familles des victimes soient informer d?heures en heures de cette enqu?te jusqu?au jugement des auteurs. Si non nos martyrs sont d?j? oubli?s par nos gouvernants.

  7. ne t'en fais pas Nacanabo les morts ne sont pas morts ces martyrs savent qu leur lutte a port? fruit ils savent qu'ils ont vaincu. que la terre du Burkina leurs soit l?g?res

  8. PAIX AUX ?MES DES MARTYRS. LA NATION BURKINABE NE LES OUBLIERA PAS.

  9. He la vie! que Dieu notre Seigneur accueil nos martyrs de notre cher Burkina.
    Je pense au dernier martyrs non identifier, est ce qu’il n’est pas mieux si le visage est toujours intacte,de faire passer une photo au niveau des m?dias pour qu?il puisse bien se reposer.

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