Opinion- « A quoi joue l’OPEP face à la chute du prix du baril ? »

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Ceci est une tribune d’un lecteur sur le prix du baril du pétrole.

Cette fin d’année demeura l’une des plus noires des firmes pétrolières et de certains pays exportateurs de l’or noir depuis ces cinq dernières années. Certains experts de grande banque telle que Goldman Sachs prédisaient déjà la chute du prix du baril, prix qui devait s’établir en dessous des 80 dollars.

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Mais il était difficile de s’imaginer que le baril s’échangera à moins de soixante dollars, ce qui fut le cas le vendredi dernier à la bourse de New York le  brut WTI  a terminé en dessous de 58 dollars, le plus bas depuis cinq ans et demi où il avait atteint son dernier pic de 106,91 dollars. Le prix du baril a chuté d’environ 46 % depuis mi-juin.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette chute drastique qui n’a certainement pas encore fini de dévoiler toutes ses facettes si rien n’est fait ?

Et quelles sont les mesures prisent pas l’OPEP ?

Les mesurent prisent par l’OPEP sont-elles les plus idoines ?

L’organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) regroupant les grands pays producteurs de pétrole a été créée en 1960. Elle s’est assignée la mission de veiller aux intérêts de ses membres en veillant à un prix plancher du baril du pétrole, de sorte à permettre à ces pays de tirer une marge de profit acceptable.

Elle compte aujourd’hui 12 pays membres, dont la plus grande démographie et la plus grande économie du continent africain depuis cette année. C’est d’ailleurs le Nigéria qui  depuis le 27 novembre dernier devra assurer la présidence tournante de l’OPEP pour un mandat d’une année à compter de janvier 2015, par son ministre du pétrole Madame Diezani Alison-Madueke.

Du coup cette architecte de formation de 54 ans devient la première femme à ce poste de cette organisation depuis ses 54 ans d’existence. Ce cartel avec sa production journalière de 30 millions de barils jour représente à elle seule 40% de la production mondiale. L’Arabie saoudite produit les 1/3 de la production totale du cartel à savoir 10 millions de barils jours.

La production du cartel est restée constante tout le long de cette dernière décennie. Et pour l’OPEP la raison de cette chute du prix du baril de près de 50% depuis son dernier pic de la mi-juin dernière serait probablement l’œuvre des spéculateurs.

L’histoire du pétrole a montré le rôle majeur que les spéculateurs jouent sur le marché de l’or noir, notamment de par le marché à terme. Qui lui est beaucoup sensible à la conjoncture. Cela nous ramène à citer l’instabilité post-Kadhafi et l’offensive de l’EILL  en Irak qui laissaient présager une baisse de la production de pétrole, a défrayé la chronique et les averses aux risques ont dues prendre des dispositions pour prévenir une éventuelle rupture. Pourtant c’est l’inverse qui se produit car la sécurisation des sites pétroliers dans ces pays a permis la continuité de la production. Il est évident que les spéculations ont pu jouer un rôle dans la chute du prix du pétrole.

Outre ces conjonctures, la production de pétrole de schistes et de sables bitumineux, du pétrole dans des pays comme les USA, le Canada, l’Argentine et dont la production devait croître dans les années à venir ont pu également, en complicité avec les nouvelles découvertes de gisements pétroliers et la levée du mémorandum en ce qui concerne l’exportation du pétrole aux USA depuis 1973  créer une détente sur le marché de la spéculation.

Si nous revenons à la loi normale du marché des classiques, la chute du prix du baril s’explique. Car si l’offre du pétrole des pays de l’OPEP est restée constante tout au long de cette décennie, elle ne fut pas le cas des autre pays non membres de l’OPEP, qui ont vu leurs productions croître, de six millions de barils jour, créant ainsi un surplus sur le marché. Et selon la loi de King quand l’offre est supérieure à la demande le prix baisse. La question reste à savoir à quelle vitesse devrait-il baissé ?

La cerise sur le gâteau c’est que le dollar a commencé à s’apprécier depuis le jeudi dernier. Or pourtant les échanges liés au pétrole sont généralement libellés en dollars. Une appréciation qui ne va sans doute pas encourager la demande car, cela vient renchérir le coût du pétrole dans les pays n’utilisant pas le dollar comme monnaie nationale. Il leur faudrait donc plus de leurs monnaies pour la même unité de dollar d’avant son appréciation.

Ce facteur ne pourrait d’être déterminant que si le taux de chute du prix du baril est absorbé par le taux d’appréciation du dollar par rapport à la monnaie nationale.

Par exemple dans le contexte actuel il faudra que le dollar connaisse une appréciation de 100% pour absorbé la baisse du prix du baril de pétrole qui est d’environ de 50% pour les pays utilisant le francs CFA pour le baril de pétrole avec pour prix initial 100 dollars le baril et pour 1 dollar est égale 500 frs CFA.

Le facteur réel est le surplus de pétrole sur le marché, avec des perspectives de demandes pas très enthousiastes. Et contre toute attente l’OPEP après sa rencontre à son siège le 27 Novembre dernier à vienne a décidé de ne pas réduire sa production de 30 millions de barils jour. Et dit faire confiance à la main invisible d’Adam’s  Smith pour réguler le marché. Le paradoxe c’est que les membres de l’OPEP ont des économies tributaires des recettes pétrolières, et selon James William expert énergétique de WTRG Economics, le prix du baril pourrait même atteindre les 50 dollars.

Malgré les pertes que la chute du prix du baril engendre sur les économies, le cartel de la douzaine reste campé sur sa position de ne réduire sa production. Pourtant tous les pays membres du cartel n’ont pas assez les reins solides pour supporter les pertes qui en découlent.

Le Venezuela a commencé à présenter des signes de faiblesses, le pays a en une semaine utilisé 1 ,3 milliards de dollars de ses réserves internationales et selon le site d’informations Express.b si cela continue à ce rythme le pays épuiserait ses réserves internationales d’ici fin Mars 2015 qui est maintenant de 22,2 milliards de dollars selon le même site.

Et les pays comme le Nigéria, l’Algérie et l’Iran qui lui a commencé à porter la voix, ne sont pas à l’abri d’une telle situation. Pourquoi ne pas réagir ? Et à quoi servirait l’OPEP si elle laisse ses membres peiner face à cette chute ? Juste pour respecter la loi du marché ?

Les Américains voient en cette passivité de l’OPEP un dumping de sortes à faire sortir les producteurs de pétrole de Schistes du marché et le PDG de Pioneer Natural Ressources Scott D. Sheffield,  producteur de pétrole de schiste qualifie cet acte de «  »déclaration de guerre » de l’OPEP a l’industrie américaine du pétrole et du gaz.

Et pour certains une manière pour l’Arabie Saoudite de punir les Ayatollahs d’Iran, une hypothèse soutenue par certaines autorités iraniennes. Et également nuire à l’économie russe. Mais l’hypothèse la plus plausible serait celle concernant le pétrole de schiste même si elle n’est que peut être pour certains membres de l’OPEP, il faut tout de même reconnaître  que l’on ne pas accuser l’OPEP d’avoir créé cette situation car elle est restée constante dans sa production depuis une dizaine d’années.

Mais  les interventions de certains responsables de l’OPEP le dimanche dernier prêtent à croire qu’ils tirent profit d’une situation de dumping naturel en semblant répondre à certaines banques américaines qui affirmaient que la production de pétrole de schiste américaine serait rentable jusqu’à 40 dollars le baril, et que certaines de ces firmes américaines auraient passer des accords à termes pour environ six mois, ce qui les garantie de meilleurs prix pour au moins un semestre   même si d’autres estiment déjà que 15 % de ces producteurs ont commencé à perdre beaucoup d’argent et que d’autre risqueraient de faire faillite si ça continue.

A cet optimisme le ministre émirati Suhail Al-MazroueiLe  répond ‘’ nous n’allons pas changer d’avis parce-que les prix descendent à 60 dollars ou à 40 dollars, nous ne visons pas le prix, le marché se stabilisera de lui-même ’’.

Et en ce qui concerne le timing d’une éventuelle décision émanant de l’OPEP, c’est le secrétaire générale de l’organisation Al-Badri qui prend le devant en dissipant tout espoir devoir de son organisation de se réunir bien avant la fin du premier semestre 2015, car pour lui la situation de ne justifie pas une rencontre extraordinaire. Et de par la même occasion-il dit rassurer l’un et les autres que leur choix ne vise aucun pays comme le disent certaines personnes.

Néanmoins pour que l’OPEP atteignent son objectif de ne pas intervenir avant la fin du premier semestre 2015 pourrait être facilité si les autres pays non membres de l’OPEP venaient à réduire leurs productions car ils représentent tout de même soixante % de la production mondiale.

Car si ce n’est pas le cas on risque d’assister à un chaos, le prix du baril étant bas certains pays fortement dépendant des recettes pétrolières  voudront augmenter leurs productions afin de maintenir leurs recettes, ce qui risque de surabonder le marché de pétrole, et les prévisions de six mois pour épuiser la quantité actuelle de pétrole sur le marché ne sera alors qu’un mirage.

Et même au sein de l’OPEP il faudrait envisager une solidarité interne pour soutenir les pays membres les plus vulnérables par les plus forts comme l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis qui ont des réserves importantes.

Car il n’est pas évident que malgré la bonne volonté de ces pays membres, les différents pays puissent faire face aux pressions internes de leurs populations. Donc l’OPEP joue à la une carte à double face dont le revers peut être catastrophiques pour tout le secteur pétrolier mondiale, et également pour sa propre cohésion. Ils seraient également intéressant de savoir jusqu’à quand nos pays africains pourront faire face à cette situation.

Désiré NIKIEMA

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