Opinion : « L’impact des changements climatiques sur l’agriculture »

publicite

Ceci est une contribution de Pascaline Compaoré sur la question des changements climatiques et leur impact sur l’agriculture.

« Les changements climatiques représentent un défi urgent et une menace potentiellement irréversible affectant les moyens de subsistances… » Déclare Sam KUTESA lors de l’Assemblée générale des nations unies sur le climat le 23 septembre 2014.

La suite après cette publicité

Les changements climatiques figurent au nombre des questions complexes et sensibles en ce début du XXI è siècle. Ils sont aussi complexes qu’une équation à plusieurs inconnus. Nos modes de croissance et de consommation sont jugés excessifs. Pire ces méthodes ont dangereusement et durablement détérioré et détruit les ressources de la planète. Ainsi, il n’est de point de questions qui soit lourde de conséquences pour l’avenir de l’humanité que la question des changements climatiques. Jamais les menaces pesant sur l’environnement et les êtres vivants n’ont été aussi nombreuses et aussi graves. Les conséquences à long terme, voire leur irréversibilité menacent la vie actuelle et hypothèquent l’avenir des générations futures. La dégradation de l’environnement compromet les objectifs de développement économiques, sociaux de notre siècle.

Les changements climatiques se caractérisent par une augmentation de la température globale à la surface de la terre. La principale cause demeure les émissions de gaz à effet de serre. Les conséquences sont nombreuses. Les températures élevées entraineront une augmentation des précipitations mais qui seront reparties de manière inégale sur la planète. L’Amérique du sud et l’Europe du nord seront bien arrosées tandis que le sahel, le sud de l’Afrique et la Méditerranée recevront moins de précipitation. Cette partie du monde selon les scientifiques est déjà très vulnérable et subira les lourdes conséquences des changements climatiques.

Quel peut être l’impact des changements climatiques sur l’agriculture ? Nous entendons analyser d’une part les conséquences des changements climatiques sur l’agriculture et d’autre part suggérer des perspectives pour une agriculture durable.

I- Les conséquences des changements climatiques sur l’agriculture

Les changements climatiques sont devenus une priorité pour la communauté internationale. En effet, cette année se tiendra à Paris une grande conférence des Etats dont le but est de conclure un texte contraignant sur les changements climatiques. Ces derniers affectent les moyens de subsistance des êtres humains à travers le monde. Les conséquences sur l’agriculture sont nombreuses :

D’abord, les changements dans les régimes des pluies entrainent deux conséquences majeures. Les agriculteurs seront confrontés à l’incertitude et à la variabilité des pluies d’une part et l’indisponibilité de l’eau pour les cultures d’irrigation d’autre part. A cela s’ajoute la fréquence accrue de la sécheresse et des inondations susceptible de rendre les terres impropres à l’agriculture. D’autres catastrophes naturelles capables d’anéantir les récoltes pourront gonfler les lots des menaces sur l’agriculture. Il s’agit des menaces telles que les typhons, les risques d’invasions par des insectes ravageurs. Les changements climatiques favorisent également l’expansion de mauvaises herbes qui ont des capacités d’adaptation élevées que les cultures.

Ensuite l’agriculture est extrêmement sensible aux changements climatiques. Les scientifiques estiment que la variation de température favorisera l’agriculture dans les régions septentrionale et défavorisera les régions tropiques arides et semi arides. Notons que ces régions sont déjà victimes de l’insécurité alimentaires (la corne de l’Afrique, et les pays sahéliens). Les effets négatifs des changements climatiques en Afrique subsaharienne sont élevés. Les baisses des rendements sont estimées à : le riz 15%, le blé 34% et le maïs 10%.

Dans les régions côtières l’élévation du niveau de la mer entraine l’augmentation de la salinité des terres agraires ce qui réduira considérablement la qualité et la quantité des récoltes. Les rendements agricoles pourraient baisser de 33% d’ici la fin du siècle dans certaines régions selon les statistiques. La baisse des rendements exposera plus des millions d’individus à la faim. Selon le rapport de la FAO de 2012-2014 environ 805 millions de personnes vivent en situation de sous alimentation chronique dans le monde.

La baisse des rendements amplifiera également la hausse des prix des produits agricoles de base tels que le riz le maïs et le soja. A titre illustratif, selon le rapport Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) de 2009 sur l’impact des changements climatiques sur l’agriculture, les changements climatiques amènent des hausses de prix supplémentaires au total de 32% à 37% pour le riz, de 52 à 55% pour le maïs, de 91 à 111% pour le blé et de 11 à 14 % pour le soja.

En outre les changements climatiques influent négativement sur l’élevage. La réduction des pâturages rendra plus cher les fourrages. L’enchérissement des fourrages provoque une augmentation des prix de la viande. Cette augmentation des prix réduira la consommation. A titre illustratif, d’ici 2050 la viande de bœuf sera plus cher à plus de 60% et la disponibilité en calorie va augmenter ce qui entrainera une malnutrition infantile d’environ 20%.

Enfin, les changements climatiques affectent la biodiversité planétaire. La dégradation des écosystèmes prive l’humanité de l’une de ces principales sources de nutrition.

D’une manière générale, les changements climatiques auront un impact négatif sur l’agriculture et menacera la sécurité alimentaire mondiale.

Mais malgré ces menaces, il est trop tôt pour être pessimiste. Nous pouvons renverser la tendance en changeant nos comportements. Nous disposons d’une panoplie de perspectives pour une agriculture durable.

https://cajeburkina.files.wordpress.com/2015/03/elevage.png

II- Les Perspectives pour une agriculture durable

Les changements climatiques impliquent des mesures d’adaptation et d’atténuation des risques afin de sauvegarder notre planète. L’adaptation de l’agriculture aux nouvelles conditions de changements climatiques demeure nécessaire pour l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire. Pour se faire il y’ a urgence à introduire de nouvelles variété de cultures ou de nouveaux types de productions. Abondant dans le même sens, le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva lors du forum international sur l’agriculture et les changements climatiques tenu à Paris le 20 février 2015 déclare « Le modèle de production agricole qui prédomine de nos jours n’est pas adapté aux nouveaux enjeux liés à la sécurité alimentaire du XXIème siècle ». Il suggère une adaptation de l’agriculture aux changements climatiques en ces termes «  nous devons opérer un revirement en intégrant les systèmes de production durables, inclusifs, et résilients ».

L’adaptation de l’agriculture est donc envisagée comme une alternative pouvant résoudre le problème de la sécurité alimentaire, renforcer la résilience face aux changements climatiques, réduire les émissions de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines. De plus en plus beaucoup d’initiatives se créent pour répondre à ce besoin de repenser l’agriculture. La FAO héberge en son sein l’Alliance mondiale sur l’agriculture intelligente face au climat, une initiative créée en septembre dernier par l’Assemblée générale des Nations Unies et réunissant les: gouvernements; les acteurs de l’agriculture; les acteurs de la société civile; organismes multilatéraux et internationaux, et le secteur privé. L’alliance a pour mission principale la promotion des accroissements durables et équitables de la productivité et des revenus agricoles; le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires et des moyens d’existence basés sur l’agriculture; et à contribuer à la réduction ou à l’élimination des gaz à effet de serre émis par le secteur agricole. Cette structure est capable de mettre l’agriculture sur les rails durables dans un environnement hostile.

En plus l’agro écologie, une philosophie développée par le célèbre Pierre Rabhi un franco-algérien qui responsabilise l’Homme devant la vie, la nature. Ce concept est perçu comme un moyen humaniste capable de nous permettre de nous nourrir sans détruire l’environnement. Cette méthode de production est à même d’empêcher la dégradation des sols, la perte de la biodiversité toute deux essentielles pour la génération future. Notons que 2015 est consacrée l’année internationale des sols par la FAO.

Pour réussir ce pari du siècle, il faudrait accélérer le rythme de développement humain durable à travers l’éducation et la sensibilisation sur la durabilité.

Les Etats devront davantage investir dans les techniques d’irrigation. L’irrigation selon les scientifiques progressera de 5 à 20% dans le monde entier. L’aménagement de ce secteur contribuera à lutter efficacement contre la faim.

Les Etats devront davantage pour assurer le développement du monde rural, faciliter l’accès aux intrants et aux terres, aux services, aux technologies, et aux marchés. Ils devront améliorer les investissements privés et publics dans le but d’augmenter les rendements agricoles. Selon le rapport IFPRI précité, il faudra un investissement supplémentaire de 7 milliard de dollar par an pour financer les recherches d’infrastructures rurales et d’irrigation nécessaire pour neutraliser les effets des changements climatiques sur le bien-être de l’humanité.

En outre il faut prendre des mesures en vue de réduire les pertes post-récoltes et de moderniser les mécanismes de distributions de nourritures. Faire de l’adaptation de l’agriculture un point central des négociations internationales sur le climat.

Le BF a déjà pris les engagements suivant en vue de stimuler son secteur agricole.

En marge du sommet de Malabo les 26 et 27 juin 2014 sur la croissance et la transformation accélérée de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie, les chefs d’Etats et de gouvernement de l’union africaine ont adopté la déclaration de Malabo en s’engageant entre autre à

  • Diversifier les stratégies d’approvisionnements des intrants agricoles
  • Développer des outils de résilience et gestions des risques agricoles
  • Adopter et opérationnaliser une politique nationale de sécurité alimentaire
  • Aménager et réhabiliter les périmètres irrigués
  • Faciliter l’accès au financement
  • Faciliter l’accès à la terre

L’application effective de ces engagements permettra de résoudre le problème de la sécurité alimentaire et d’améliorer le bien-être des populations.

Les actions que nous prenons actuellement dans la lutte contre les changements climatiques sont plus avantageuses que les comportements drastiques qui nous seront imposés par les impacts à l’avenir.

Pascaline Compaoré

Master II en droit international

Cadre d’Action des Juristes de l’Environnement / Burkina Faso

[email protected]  et cajeburkina@yahoo.fr

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×