« La faillite ne sera pas seulement pour la SN-SOSUCO » (Moctar Koné)

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La Société sucrière de la Comoé, société nouvelle (SN-SOSUCO)  vit une situation préoccupante, marquée notamment par une difficulté à écouler la production. Le directeur général de la société, Moctar Koné, dans cette interview donnée au correspondant de Radio B24 à Banfora, revient plus en détails l’état de santé de la sucrière du Faso et le solutions envisagées.

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Burkina24 (B24) : La situation économique de la SN SOSUCO semble préoccupante. Quelles sont exactement les difficultés que connait la société ?

Moctar Koné (M.K) : En réalité,  la situation générale de la SN-SOSUCO peut se présenter sous deux aspects, technique et commercial.

L’aspect technique est très positif car nous sommes en pleine croissance de la productivité et même de l’efficience. De 24.000 tonnes de sucre pour la campagne 2012-2013, nous avons produit 27.000 tonnes en 2013-2014 et plus de 33.000 tonnes au cours de la dernière campagne.

C’est sur le plan commercial que nous avons beaucoup de difficultés, ce qui engendre forcément d’énormes problèmes financiers. Mais, à quoi est dû ce problème ? Essentiellement à la fraude et en partie à la subvention dont bénéficie le sucre importé. Sur le marché aujourd’hui, notre sucre en morceaux est le moins cher. C’est le sucre granulé qui se trouve être plus cher que le granulé importé.

B24 : Quelle est la particularité du sucre granulé ? Est-ce cet état de fait qui le rend cher comparativement à celui importé ?

M.K : Notre sucre granulé est vendu à 490 FCFA le Kg à nos clients. Le sucre granulé importé est vendu entre 400 et 450 F/kg.

Ce que les gens ne savent pas, c’est que ce sucre importé bénéficie d’une subvention déguisée en « valeur de référence » qui permet à l’importateur de bénéficier d’un dégrèvement de près de 80 FCFA/kg au prix actuel du marché international.

Si la SN-SOSUCO bénéficiait de la même aide, vous verrez que notre prix du granulé sera le même sinon meilleur que celui des importateurs. Mais, il faut noter qu’il y a sur le marché national du sucre de fraude en grande quantité qui n’a donc acquitté aucun droit d’entrée et qui pose des problèmes même aux importateurs honnêtes.

 Il y a donc une concurrence déloyale comme pour beaucoup de produits industriels. Ce qui met sérieusement en danger l’économie nationale.

Ceci dit, le sucre blond de SOSUCO est un produit évidemment plus saint que le sucre blanc raffiné qui a subi des traitements chimiques avec des produits incorporés pour le blanchir.

B24 : 3 000 employés risquent de perdre leur emploi. Comment ce problème est-il examiné ?

M.K : En ce qui nous concerne, nous prenons ce problème avec le plus grand sérieux, et nous nous battons auprès des autorités pour trouver une solution. Une mesure temporaire d’annulation de certaines Autorisations Spéciales d’Importation (ASI) a été prise par le Ministère de tutelle.

Il y a également le blocage de la délivrance de nouvelles ASI. Mais ces mesures  pour le moment n’ont donné aucun résultat. Il ne faut pas oublier le fait que certaines personnes arrivent à importer du sucre ou d’autres produits sans passer par les voies légales.

En définitive, ce ne sont pas seulement 3000 emplois qui sont menacés, mais bien plus quand on prend en compte les emplois indirects autour de la SOSUCO et toutes les entreprises fournisseurs à travers le pays, car nous dépensons près de 15 milliards de FCFA par an en pièces de rechange, intrants divers, salaires, impôts et taxes divers.

B24 : Est-ce qu’on peut parler de faillite ?

M.K :  Nous ne sommes pas à ce niveau pour le moment, mais si cette situation de laisser aller vis à vis de la contrebande se poursuit, la faillite sera forcément au bout du chemin, mais pas seulement pour la SOSUCO, mais pour toute l’économie nationale.

B24 : Des citoyens appellent sur des radios de la place et s’en prennent aux importateurs de sucre. Vous êtes le DG de la SN-SOSUCO. Comment appréciez-vous ces opinions ?

M.K : Comme nous l’avons dit plus haut, il y a deux types d’importateurs.

Moctar Koné, directeur général de la SN-SOSUCO
Moctar Koné, directeur général de la SN-SOSUCO

Ceux qui mènent une activité légale et normale pour ravitailler le marché national qui représente près de 120.000 tonnes de sucre par an, tandis que la SOSUCO produit entre 35.000 et 40.000 tonnes. Ces importateurs là ont aujourd’hui le même problème que la SOSUCO.

Il y a ensuite ceux qui n’ont aucun respect des règles et lois régissant le commerce. Qui ne savent faire les affaires que dans la tricherie et la corruption.

Ceux-là et leurs complices dans les structures de l’Etat représentent effectivement un grand danger pour l’économie nationale.

C’est donc légitimement que des citoyens clament leurs opinions négatives sur ces individus indélicats.

B24 : En tant que DG, avez-vous un plan de riposte qui fait face à toutes ces conséquences de perte d’emploi ?

M.K :  Nous avons effectivement deux ou trois solutions possibles que nous n’allons pas étaler ici, car nous savons que certains individus ont juré de fermer la SN-SOSUCO.

B24 : La SN-SOSUCO a été privatisé. Trouvez-vous normal que l’on prenne des mesures contre l’importation donc les importateurs de sucre, étant donné que vous êtes tous des particuliers ?

M.K :  Ce que nous demandons à l’Etat, c’est de veiller à instaurer une concurrence loyale entre tous les opérateurs économiques et lutter efficacement contre la fraude sous toutes ses formes.

En plus, nous vous invitons à poursuivre vos investigations afin de pouvoir faire une comparaison objective entre l’impact économique et social de la SOSUCO et celui de l’ensemble des importateurs de sucre en relation avec leur activité sucrière. Vous serez édifiés.

B24 : Avez-vous un message particulier à l’endroit de nos auditeurs ?

M.K :  Une modeste opinion sur la polémique actuellement en cours sur le sucre et partant sur les affaires même au Burkina-Faso. Toutes les grandes théories distillées çà et là se résument en deux parties.

Une partie des Burkinabè pense que pour nous en sortir,  il faut s’unir et œuvrer ensemble dans la même direction de la création de richesses sur le territoire national, en respectant les règles qui régissent les affaires dans notre pays

Une autre partie est persuadée que les affaires consistent à amasser égoïstement de l’argent par tous les moyens même les plus malhonnêtes. Et même si cela est négatif pour l’économie nationale, pourvu qu’on se remplisse les poches.

Je vous remercie!

Propos recueillis par Charles BAKO

Correspondant Radio B24  à Banfora

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