Opinion – « Adresse aux révolutionnaires d’octobre 2014 »

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Rasmané Ouédraogo, dans cette adresse, parle aux révolutionnaires d’octobre 2014.

Camarades,

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Neuf mois se sont écoulés depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a engendré la chute du régime génocidaire de Blaise COMPAORE. Neuf mois c’est peu être pas trop mais il faut reconnaitre que c’est le temps que met un fœtus pour sa viabilisation en tant qu’être humain. C’est aussi le temps qu’il aurait fallu aux autorités transitionnelles pour tracer les sillions pour une société moderne plus juste et démocratique comme promis dans le premier message du Président Michel KAFANDO à l’issue de son investiture.

Mais hélas ! Force est de constater à ce jour que la période postrévolutionnaire est synonyme d’inertie décisionnaire en matière de justice, d’amélioration des conditions de vie et de consolidation des acquis démocratiques. Alors que ces sujets figuraient parmi les revendications des insurgés, ils sont restés des sujets de préoccupation secondaire durant les neuf mois de la transition.

A propos de la justice, on peut remarquer primo, qu’aucun acte de poursuite n’a été émis à ce jour contre qui devra répondre de la trentaine de martyrs tombés sur le champ d’honneur. Pourtant, les tueurs présumés sont là et plus ou moins connus dans cette savane où se cacher n’est pas la chose la plus aisée.

Malgré les rapports accablants des organisations internationales et nationales de défense des droits humains mettant en cause la garde présidentielle dans ces exactions, les autorités de la transition se sont préoccupées de saluer leur mémoire le 30 mai dernier dans le cadre d’une somptueuse cérémonie ponctuée de discours inutiles, vicieux et outrecuidants.

Résultats : ceux qui ont ôté la vie à ces honnêtes et valeureux combattants de la liberté et du progrès circulent chez nous au Faso, mieux, ils se plaignent d’exclusion s’ils ne sont pas en train de se battre pour le maintien d’une institution liberticide et génocidaire comme le RSP qui n’inspire que de la peur et de la méfiance.

Aussi, les vieux dossiers judiciaires en instance avancent à petits pas comme s’il y avait une peur morbide à les faire avancer au cours de la transition.

Secundo, malgré la loquacité remarquable des CNTistes cupides dont l’impatience petite bourgeoise a fini par trahir l’enthousiasme révolutionnaire qui a prévalu à leur désignation, aucune mise en accusation n’a été faite à l’encontre des membres du clan COMPAORE. Pourtant, le Mouvement pour la Démocratie et la Citoyenneté (MODEC) dont je suis membre a tiré la sonnette d’alarme dans une déclaration en date du 30 octobre 2014 même.

En effet, cette organisation, convaincue que la victoire du peuple insurgé était imminente suggérait déjà la mise en accusation de Blaise COMPAORE pour atteinte à la Constitution et les membres du dernier gouvernement de Luc Adolphe THIAO ainsi que les membres du Front Républicain et les députés de la majorité pour complicité d’atteinte à la constitution.

Le défaut de suite à une telle suggestion a permis aux personnes mises en cause de s’exiler ou de vaquer à leurs occupations politiques prêchant l’inclusion dans l’impunité et ourdissant des complots contre la transition et ses organes dans le seul but de les déstabiliser par sursaut d’orgueil.

Concernant les acquis démocratiques post-insurrectionnels, on note que la constitution dont la défense l’a été au prix du sang versé est restée en l’état. Aucune initiative des CNTistes ou du Gouvernement n’a été prise dans le sens de verrouiller l’article 37, ouvrant la faculté d’appliquer la constitution dans sa forme actuelle par le nouveau pouvoir qui sortira des urnes à la fin de la transition.

Cela est forcément source de d’immobilisme dangereux pour notre jeune démocratie. Du reste, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est fort à parier que, toute chose étant égale par ailleurs, l’histoire pourrait se répéter à l’horizon 2025.

Que dire du RSP dont le démantèlement recommandé par le collège des sage au lendemain de l’assassinat de Norbert ZONGO et qui demeure au cœur de la polémique 15 ans après ? En vérité, sans verser dans du ZIDA Boys, je pense qu’une institution qui suscite de la peur dans une démocratie n’a pas d’objet ni de raison d’exister.

Dans notre démocratie, le RSP est l’institution la plus vomie des burkinabè et par conséquent, son maintien cause énormément du tort à la démocratie et au peuple. Il doit être impérativement liquidé afin de :

  • préserver l’unité et la cohésion au sein des forces armées nationales ;
  • rétablir la confiance entre le Peuple et l’Armée ;
  • dépouiller l’ancien régime de ses vestiges armés ;
  • rendre hommage aux martyrs de 27 années de tyrannie.

Camarades,

De ce qui précède, il convient de souligner que la révolution doit s’approfondir pour assurer une prise en charge intégrale des préoccupations légitimes du peuple burkinabè. Tout Révolutionnaire qui pense autrement se trompe politiquement en niant la théorie de la « Révolution Permanente », un des principaux outils de compréhension de la dialectique dans l’héritage politique de la 4ème Internationale.

Je lance donc un appel aux patriotes révolutionnaires, aux démocrates progressistes et aux combattants de la liberté à se mobilier davantage pour faire échec à la braderie des acquis politiques de l’insurrection d’octobre 2014 et restaurer la dignité de notre vaillant peuple.

Rasmané OUEDRAOGO

   Président du MODEC


NDLR : Le titre est de l’auteur

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