Opinion – « De la Haute Volta indépendante au Burkina Faso dépendant »

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Ceci est une contribution d’Emile Lalsaga sur l’indépendance du Burkina Faso. 

« Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta. Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de l’homme voltaïque. Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre nation, j’exprime ma profonde reconnaissance à tous les artisans de notre indépendance nationale.

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A la France, au Général de Gaulle, dont le courage et la magnifique lucidité lui valent l’immortalité devant l’histoire, à toutes les nations qui nous assistent, au clergé qui fournit à ce pays sa première élite avec les moyens de bord, aux professeurs français, qui, patiemment, ont façonné les responsables de ce pays, à nos chefs traditionnels qui ont su sauvegarder l’intégrité de notre Etat contre les atteintes de l’extérieur, aux anciens combattants et anciens militaires, toujours fidèles à l’honneur, à tous nos parlementaires, aux militants politiques de tous les échelons, aux vaillants combattants qui sont morts pour le triomphe de notre liberté, j’adresse, au nom du gouvernement, l’hommage de ma profonde gratitude. “Vive la Haute-Volta indépendante, vive la France, vive la fraternité des peuples de la terre. »

Ainsi Maurice YAMEOGO, premier Président voltaïque  venait de proclamer notre indépendance. 55 ans après, quel bilan peut-on dresser?

Peuple du Burkina Faso

Considérant le discours du Président Maurice YAMEOGO en ces termes : « A la France, au Général de Gaulle, dont le courage et la magnifique lucidité lui valent l’immortalité devant l’histoire, aux professeurs français, qui, patiemment, ont façonné les responsables …, vive la France. »

On peut prétendre que le mérite est revenu à la France de nous accorder notre indépendance  et que cela prime sur notre lutte dans la quête ardue de la non dépendance mentionnée en ces termes : . , « à nos chefs traditionnels qui ont su sauvegarder l’intégrité de notre Etat…, aux anciens combattants et anciens militaires…, à tous nos parlementaires, aux militants politiques. » Dès lors, une erreur fatale venait d’être commise car, si l’indépendance renvoie à la liberté, retenons que la liberté ne saurait être un cadeau de l’oppresseur mais une quête de l’opprimé, un produit d’une lutte acharnée contre toute forme de domination et d’exploitation.

Chers compatriotes

L’indépendance n’est pas seulement le passage de la colonie à la République dans sa forme théorique mais surtout la manifestation de l’émancipation totale d’un peuple, le reflet de la souveraineté d’un pays sans aucune main basse sur sa politique et ses richesses, l’utile métamorphose d’un système de gouvernance  porteur de développement.

Or, l’histoire de notre pays nous a montré que nous ne sommes pas indépendants (au sens premier et profond du terme). Toutes les républiques de 1960 à nos jours ont été les « valets » de la France sauf celle de la période révolutionnaire qui, s’il faut le rappeler était porteuse d’espoir car elle opérait une rupture totale avec le colonisateur et prônait le changement véritable tourné vers le développement endogène.

La Révolution démocratique et populaire  incarnée par le Président Thomas SANKARA s’était dotée clairement d’une feuille de route consignée dans le Discours d’orientation politique  prononcé le 02 octobre 1983 : faire du Burkina Faso une république véritable, un pays moderne et responsable de son destin sans ingérence extérieure, un Etat totalement libre et indépendant.

Peuple du Burkina nouveau

Entre la date du 05 août 1960 et celle du 04 août 1983, j’accorde la primauté à la seconde date si tant il est vrai que « l’existence précède l’essence » selon la formule sartrienne.

Le 03 août 1983 marque à jamais le début de notre existence car la Révolution burkinabè qui venait d être proclamée avait pour objectif de rendre à notre pays son indépendance et sa liberté et à notre peuple sa dignité. 23 ans après notre « indépendance », il fallait rectifier le tir. Ainsi dit le 04 août 1983 précède le 05 août 1960 (essence de notre indépendance).

Peuple des insurgés, Peuple de vainqueurs

55 ans après notre indépendance, nous sommes toujours à la recherche de repères pour bâtir une nation solide et nous libérer définitivement des griffes des impérialistes, prédateurs et fossoyeurs de notre république.

L’ignoble assassinat de Thomas SANKARA le 15 octobre 1987 portait un coup de massue à notre réelle quête d’indépendance tant il incarnait un ordre nouveau et un espoir sans précédent pour notre pays et pour tout le continent africain. La lugubre soirée du jeudi 15 octobre 1987 nous a replongés dans les ténèbres de la dépendance.

La « pseudo rectification » de Blaise COMPAORE et de ses lieutenants nous a rendus encore plus serviles. Pendant  27 ans de règne, le régime COMPAAORE et les puissances impérialistes ont pillé nos richesses. Aujourd’hui, nous sommes plus que dépendants de l’aide extérieure avec notre statut de pays pauvre très endetté.

Aucune politique nationale indépendante  tournée sur le « Produisons et Consommons burkinabè » est mise en valeur pour l’auto-prise en charge de notre nation.

On a assisté surtout à des privatisations sauvages de nos industries, aux détournements de deniers publics, à la corruption, à la promotion de la classe dirigeante au détriment de celle du peuple, au musellement des travailleurs plutôt qu’à leur valorisation, à l’embrigadement de l’école burkinabè  dû à une politique d’éducation dont la qualité laisse à désirer, à un système de santé défaillant, à la spoliation des terres de nos braves paysans, etc.

Un pays ne saurait être indépendant si son peuple est analphabète et affamé.

Chers Burkin bi,

Ce regard rétrospectif  nous interpelle donc à agir promptement et continuellement  pour une indépendance véritable, gage de notre développement humain, économique et durable. Le nouveau vent qui souffle sur le Burkina Faso depuis l’insurrection populaire  des 30 et 31 octobre 2014  et qui a vu la chute du régime COMPAORE, doit nous stimuler davantage dans la quête inlassable de notre indépendance.

Ne courbons plus l’échine face aux politiciens véreux qui sacrifient notre avenir sur l’autel de leurs intérêts égoïstes avec  la bénédiction, la collaboration et la participation de notre ancien colonisateur  mû en néo-colonisateur à travers des programmes de coopérations déguisées qui sont de facto une autre forme d’exploitation des braves et laborieuses populations.

Libérons-nous définitivement de la France qui contrôle notre monnaie car le franc CFA est et restera la forme de dépendance la plus suicidaire de tous les pays de l’Afrique francophone si rien n’est fait pour la création de nos propres monnaies.

Enfin, j’ose espérer que les élections présidentielles qui pointent à l’horizon seront porteuses du véritable changement tant attendu par le vaillant peuple du Burkina.

Qu’au soir du 11 octobre prochain, nous ayons un homme nouveau porteur d’un système nouveau tourné vers les aspirations réelles du peuple  pour un Burkina Faso nouveau émergent et rayonnant dans le concert des nations.

Tond tinga yinga, tond zaka kuum !!!

Je vous remercie.

Sa Romance Emile LALSAGA

Président de sa Pensée,   Chef suprême de son Opinion,

Poète de l’Amour et de la Douleur                                                                                                                                                          [email protected]


NDLR : Le titre est de l’auteur

 

 

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