Ada Bocoum/Sorgho, architecte : « On a beaucoup à faire »

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Au Burkina,  il y a 16 femmes sur 129 architectes inscrits à l’ordre des architectes. Ada Yaya Bocoum/Sorgho est l’une d’elles. Elle est architecte, urbaniste et gérante du cabinet Africa Etudes et a pour ce faire participé du 24 au 31 juillet à Washington aux Etats-Unis au 18ème congrès de l’Union Internationale des Femmes Architectes (UIFA). Sur une centaine de femmes de 30 pays présentes au congrès, Sorgho était la seule Africaine. A l’issue de ce dernier congrès, le Burkina Faso a été désigné pour l’organisation du 20ème . De retour au pays, nous l’avons rencontrée pour en savoir plus sur le métier d’architecte et le congrès de l’UIFA.

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Burkina 24 (B24) : Pourriez-vous nous parler du congrès auquel vous avez pris part?

 Ada Yaya Boucoum/ Sorgho (A.Y.B.S) : Le premier congrès de l’Union Internationale des Femmes architectes a eu lieu en 1963. Généralement,  c’est une trentaine de pays qui participent avec près de 200 personnes.

Mais une centaine de personnes ont pris part à celui de Washington cette année. C’est une occasion pour nous les femmes de nous retrouver entre nous et pour chacune de montrer ses projets.

C’est un métier qui est vraiment dominé par les hommes malgré le fait qu’il y ait des femmes qui font des projets extraordinaires. Mais quand on a une  telle association, cela nous fortifie, nous permet d’aller de l’avant

Au cours de ce congrès, ils étaient impressionnés de voir que j’étais la seule Africaine et ils ont souhaité que le congrès de 2019 se tienne à Ouagadougou.

Il y a également l’archive internationale des femmes architectes dont le siège est à quelque 300 km de Washington qui recrute tous les projets des femmes pionnières de chacune dans leur pays. On est allé visiter l’archive et on a vu qu’au niveau des œuvres, il n’y a que 4 pays représentés.

Je crois que si on arrive à décrocher le congrès pour 2019, ce sera une occasion de montrer les différents types de constructions qu’on a ici.

Pour le Burkina, il faudra qu’on puisse créer la section de l’union des  femmes architectes du Burkina pour organiser ce congrès en 2019. Ce ne sera pas une affaire de madame Sorgho mais une affaire de l’ordre des architectes du Burkina.

Si on doit accueillir une rencontre internationale, c’est tout le pays qui est mis en avant et également le métier qui, même au Burkina, n’est pas trop connu.

B24 : Qu’est-ce que vous menez comme activités au cours du congrès ?

A.Y.B.S : Au cours du congrès, on fait des communications sur des projets déjà réalisés par les femmes, sur les technologies avancées puisque dans le métier chaque année, il y a de nouveaux logiciels, de nouvelles méthodes de travail pour pouvoir devenir meilleur.

Egalement l’opportunité qu’on a eu là-bas, c’est qu’ils ont une école d’architecture. On a donc fait un atelier sur lequel chacune a donné son avis sur le futur dans l’architecture et le problème des bâtiments dans le développement durable et les bâtiments écologiques.

La différence, c’est que dans chaque pays, on n’a pas le même problème côté climat. Eux ont le froid et nous, la chaleur. Cela fait vraiment des échanges.

On a fait également des projections sur les constructions que les femmes réalisent comme à Tiébélé, au Niger et les autres étaient très impressionnées par ces choses qu’elles n’ont pas l’habitude de voir.

B24 : Quels sont les enseignements vous tirez de ces rencontres ?

A.Y.B.S : Les enseignements est que cela permet d’avoir une ouverture d’esprit, discuter avec des personnes, tirer du profit avec des personnes très expérimentées qui ont  20 ou 30 ans dans le métier.

On avait des dames de 75 ans qui étaient là. Cela nous a permis de voir différemment dans la construction et également en matière d’occupation d’espace.

Nous avons l’habitude d’avoir de grandes parcelles dans nos pays. Eux ont des parcelles où la largeur fait 5 m souvent, mais ils arrivent à créer des habitats où les gens vivent correctement.

Cela nous donne des idées pour revoir notre façon de construire et également sur le développement durable et les bâtiments écologiques.

B24 : Le 20ème congrès  se tiendra au Burkina. Comment s’est fait le choix ? Est-ce parce que vous étiez la représentante du seul pays africain ?

A.Y.B.S : Oui, cela a été un avantage, puisqu’il n’y avait pas d’autres pays africains et que c’est une destination qui n’est pas très connue. Depuis 1963, il y a eu un seul congrès sur le continent et c’était en Afrique du sud. Cela a donc été quelque chose qui a pesé et tout le monde était partant. C’est donc à nous maintenant de relever ce défi.

B24 : Quelles seront les retombées pour le Burkina ?

A.Y.B.S : C’est déjà faire découvrir le pays à 200 personnes de 30 pays du monde et également faire connaitre mieux le métier de l’architecte parce qu’au cours du congrès, on aura des communications.

En termes de retombées touristiques, le Burkina n’est pas une destination bien connue. Si ces personnes viennent et apprécient, ce sera gagnant pour tous.

B24 : Avez-vous le soutien des autorités pour l’organisation du congrès ?

A.Y.B.S : Je viens juste de rentrer. On va d’abord prendre attache avec l’ordre des architectes du Burkina, le ministère de tutelle et monter le dossier.

Il faut qu’on puisse présenter un dossier sérieux en 2017 lors du 19ème congrès en Argentine à Rosario pour confirmer si nous pourrons oui ou non tenir l’organisation.

Si on arrive et que notre dossier n’est pas solide, on va nous le retirer étant donné qu’il y a d’autres pays qui ont plus de moyens et qui pourront le faire en deux ans. On va travailler là-dessus.

B24 : Quel est l’état des lieux de l’architecture au Burkina ?

A.Y.B.S : Je dirai que c’est très peu connu parce que le Burkinabè se dit que quand tu veux construire, si j’ai mon argent, je vois mon tâcheron et je lui explique ce que je veux.

Alors que quand vous avez un budget,  il faut un professionnel qui va vous dire les options à prendre.

Et l’occupation de l’espace est assez complexe. Malheureusement ici, on se dit que quand on consulte un architecte, c’est un peu comme si on met de l’argent juste pour qu’il vous remettre des dessins.

Ce sont les profanes qui parlent comme ça. Pourtant, c’est un dossier technique très sérieux qui va vous permettre d’avoir un projet bien et digne de ce nom.

Même au niveau des banques, si vous voulez un accompagnement, généralement on vous demande de voir un professionnel qui va vous faire un devis, votre plan et même la partie des honoraires est considérée comme un investissement. Alors que les gens se disent, je vais payer ça à l’architecte alors que je peux payer 10 tonnes de ciment avec cet argent.

C’est souvent ça le raisonnement. On a beaucoup à faire. Il faut qu’on communique beaucoup sur le métier. Actuellement l’ordre des architectes a un programme dans ce sens pour mieux faire connaître le métier.

B24 : Vous êtes néanmoins souvent consultés ?

A.Y.B.S : Je dirai très peu. Ceux qui nous consultent parfois  sont réticents à cause des prix. Ils ne veulent pas tout dire parce que quand quelqu’un vient, il faut qu’on puisse avoir une idée du budget.

Quand les gens ne veulent pas donner toutes les informations, c’est un peu difficile. Cela fait qu’on n’est pas très consulté.

B24 : Un de vos collègues dénonçait récemment dans un journal des pratiques peu recommandables dans le milieu,  notamment les fraudes au concours. Quel commentaire faites-vous ?

A.Y.B.S : Je crois que c’est un problème qui est réel. Je crois qu’on doit travailler à assainir le milieu.

C’est vrai que l’ordre avait proposé déjà un test pour le concours d’architecture qui n’a pas encore été mis en application.

On a fait une proposition en 2012 mais jusqu’à présent, ce modèle pour les TDR du concours d’architecture n’est pas encore mis en application. Effectivement, il y a des  problèmes  dans  le concours  d’architecture, même si notre confrère n’a pas  forcement  abordé le problème de  la bonne  manière.

B24 : Un mot pour clôturer cet entretien ?

A.Y.B.S : Je vous remercie déjà et je lance un appel à toute la population pour dire que quand on a un projet de construction, on ne doit pas se dire qu’il est petit. Il faut se confier à un professionnel.

Propos recueillis par Revelyne SOME

Burkina24

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