Monseigneur Paul Ouédraogo: Les Burkinabè n’ont «jamais supporté longtemps l’autoritarisme »

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Le président de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), Monseigneur Paul Ouédraogo,  a accordé au journal d’obédience catholique ‘’La Croix ‘’ une interview à l’issue du coup d’Etat au Burkina.  Le putsch  avorté de l’ancien Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et l’arrestation de son chef le général Diendéré ont été au centre de l’échange.  

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Dissuasion. L’homme d’église, par ailleurs président de la CRNR, révèle que tout a été mis en œuvre pour dissuader le Général de mettre un terme au coup de force dès les premières heures de son avènement. Rien n’y fait. Face à la détermination du général Diendéré, Monseigneur Paul Ouédraogo a dit avoir décidé de laisser tomber. «  Assumez votre décision », lui aurait-il dit avant de le quitter en plein milieu de la nuit.

Refuge. La suite, on la connait. L’intervention de l’armée régulière a mis un terme à la résistance du régiment. Le général se sentant pris au piège s’est donc réfugié chez le nonce apostolique. Ce dernier mis devant le « fait accompli » n’a donc eu autre choix que de le garder le temps, qu’il se mette à la disposition des autorités burkinabè.

Mobilisation de forces étrangères et djihadistes

Monseigneur Paul Ouédraogo est revenu sur la place et le rôle que le général Diendéré a occupés tout au long du règne de l’ancien président Blaise Compaoré. Evoquant son intervention dans de règlement de conflits dans la sous-région, il a estimé que l’hypothèse de l’appel à des troupes étrangères ne pourrait être écartée.

« Il avait su établir des liens avec beaucoup de monde dont les Touaregs et les islamistes de la bande sahélienne. Qu’il ait fait appel à ses amis lorsqu’il a été mis en difficulté, ce n’est pas impossible », relativise P. Ouédraogo.

En revanche, l’homme d’église dit ne pas avoir vu venir le coup d’Etat orchestré par l’ex-RSP. Et ceci pour bien de raisons. Les candidats des partis dont certaines candidatures ont été invalidées les avaient remplacés par d’autres. Et ceux recalés pour l’élection présidentielle avait dit « prendre acte de la décision du Conseil Constitutionnel ».

 Surpris. Pour lui, il n’y avait donc pas de quoi s’inquiéter quant à l’interruption du processus électoral et de la bonne marche de la transition. « Il y avait lieu de croire que tout le monde se préparait démocratiquement aux élections du 11 octobre », a déclaré Paul Ouédraogo. C’était sans compter sur la détermination de ces derniers à prendre part aux élections.

 Pas d’entorse à la règle commune. Revenant sur le sentiment d’exclusion dont se plaignaient et continuent de se plaindre les candidats recalés, Monseigneur Paul Ouédraogo a cité le cas de bien de pays où après de semblables dérives, les responsables avaient été mis à l’écart le temps d’un instant.

« Les pétainistes ont bien été exclus du jeu électoral à la sortie de la Seconde guerre mondiale en France. Les pro-Ben Ali ont subi le même sort en Tunisie. Pourquoi le Burkina aurait-il échappé à la règle commune ? », s’indigne l’homme d’église.

Les syndicats, la société civile et les pouvoirs coutumiers et religieux ont été des acteurs clés dans la lutte commune du peuple burkinabè depuis son accession à l’indépendance. Monseigneur Paul Ouédraogo a donné une brève analyse qui résume l’union du peuple burkinabè face aux défis communs.

« Il y a une singularité burkinabè, a déclaré l’archevêque. Nous n’avons jamais supporté longtemps l’autoritarisme. Toute l’histoire de notre pays après l’indépendance est rythmée par les mobilisations populaires contre les dérives autoritaires. Le poids des syndicats est considérable dans notre pays. Il y a aussi l’émergence de la société civile. Enfin, les pouvoirs coutumiers et religieux militaient pour l’alternance politique. Lorsque toutes ces forces se liguent pour un même objectif, rien ne leur résiste ».

La résistance a réussi une fois de plus à faire échec à ce nouveau coup de force. Il ne reste plus qu’à faire face aux innombrables défis qui une fois relevés feront du pays cette nation démocratique dont son peuple a toujours rêvé. Pour l’archevêque il faut commencer par « solder les comptes des années Compaoré ». Ensuite faire de la place pour « refonder le pays en profondeur ».

Il recommande pour cela l’instauration d’institutions « moins présidentielles » et la dotation du pays d’un « système de contrôle juste et efficace ». Déclarant que la corruption et l’impunité rongent le pays, l’archevêque estime qu’ « il faut s’en préserver » à travers une réforme de la justice et ne pas oublier de prendre en compte des secteurs comme l’éducation et la santé.

Sur la question de savoir si l’église burkinabè ne sort pas de son rôle,  l’homme d’église s’est voulu rassurant quant à la place et le rôle que doit et peut jouer au sein de la communauté. « Notre mission ne se limite pas à annoncer la Bonne Nouvelle et l’Evangile sans se soucier des conditions dans lesquelles vivent les populations. L’église a non seulement le droit, mais aussi le devoir de regarder toujours le politique, de lui rappeler sans cesse que l’autorité n’est pas une fin en soi mais un service. L’église a donc un devoir de vigilance »

Synthèse de Oui Koueta

Burkina24

Source : La croix

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Oui Koueta

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