Doué Charles Romain, Homme de Dieu : « Les Hommes de Dieu doivent s’éloigner de la politique »

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Doué Charles Romain fait partie de la nouvelle génération d’Hommes de Dieu qui font parler d’eux en Côte d’Ivoire. Issu de ‘’la Sainte église venue des Cieux’’, entendez par-là, l’Eglise du Christianisme Céleste. L’invité de notre interview réside en Grande-Bretagne. De passage en Côte d’Ivoire pour la commémoration du 68ième anniversaire de l’Eglise du Christianisme Céleste, dans un langage franc et direct, il se prononce sur ce qu’il considère être le véritable rôle des religieux dans la vie d’une Nation, surtout en période électorale dans un contexte africain.

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Burkina24 : Quelle est votre approche quant au rôle de la religion dans notre société moderne et surtout africaine?

Romain Charles Doué : La religion est quelque chose inspirée par Dieu lui-même. Et comme dit dans le livre de Jacques Chapitre 1, v26-27, la véritable religion, celle qui est pure d’ailleurs, consiste à rendre visite aux orphelins, assister les veuves, à se pencher sur les conditions de vie des personnes les plus démunies. En clair, exercer l’hospitalité et faire le bien à son prochain. La religion pour moi, elle se définit également dans tout le chapitre 25 du livre de Mathieu.

En ce qui concerne mon approche sur le rôle de la religion, en Afrique, je dirais pour commencer que comme vous le savez, plusieurs religions sont pratiquées sur notre continent africain. L’Afrique elle-même a sa propre religion, l’animisme pratiqué par nos ancêtres, le Christianisme et l’Islam sont venus bien après. Le but de toutes ces religions devrait être d’unir les fils de l’Afrique et converger vers un seul mot : l’Amour qui contient en son sein la fraternité et l’union.

Parce que j’estime qu’il existe un seul Dieu et tout être humain, tout Africain, de surcroit, devrait s’accaparer ce grand commandement qui est l’Amour  qui est enseigné dans toutes les religions. Je dirais, en définitive, pour répondre à cette question  que la religion devrait nous amener, principalement en tant qu’Africains, à nous aimer les uns les autres et à enseigner à pratiquer l’Amour.

Avec l’Amour, nous pouvons prévenir tous les conflits ; avec l’Amour nous pouvons prévenir et réparer toutes les formes d’injustice. Dieu doit être au centre de la religion et qui dit Dieu dit Amour, alors toutes les religions doivent graviter autour de la doctrine de l’Amour.

Malheureusement, le constat que nous sommes à même de faire, modestement, est que les gens sont en porte-à-faux avec ce qu’ils croient dire. Ils le disent, oui c’est vrai, mais leurs actes les trahissent. Tout le monde dit, nous sommes des religions, nous sommes des Chrétiens, nous sommes des Musulmans, Bouddhistes et autres…mais dans les actes, ça ne se voit pas et c’est pour cela qu’aujourd’hui il y a beaucoup de calamités et d’atrocités auxquelles nous assistons.

Si chacun à son niveau,  quelle que soit la religion qu’il pratique,  s’abandonnait à l’Amour qui est tant enseigné par toutes ces religions, il y aura moins de conflits en Afrique et notre continent connaîtra un développement remarquable.

Burkina24 : En tant que leader religieux sillonnant l’Europe et l’Afrique, quelles sont vos propositions pour une véritable stabilité de nos Etats africains  et pour l’épanouissement des Africains eux-mêmes ?

Romain Charles Doué : Merci pour la pertinence de votre question. Dieu nous a permis, par sa grâce, de voyager énormément à travers le monde et l’Europe très particulièrement. Quand dans mes premiers moments, j’ai vu le niveau de vie des occidentaux comparé à celui des Africains, j’ai eu un pincement au cœur. Je dirais que j’ai même été très choqué par ce contraste. Je suis allé jusqu’à penser que cela reviendrait à comparer le jour et la nuit…

Avec tout ce potentiel que l’Afrique a, nous sommes encore les derniers et nous tendons encore la main.

J’estime à la suite de ce constat que la stabilité de l’Afrique et l’épanouissement de l’Africain se trouvent dans la parole de Dieu qui enseigne le courage, le travail. Il faut donc que l’Africain répugne l’oisiveté, le gain facile car toute religion enseigne de se battre, de gagner son pain à la sueur de son front, d’être courageux, d’être digne et de rester surtout intègre comme mes frères burkinabè que j’admire particulièrement.

L’autre volet de ma réponse concerne l’éradication de la sorcellerie en Afrique. En effet, comme vous le savez, nos parents en Afrique à travers l’animisme ont adoré des esprits et idoles d’où la sorcellerie. En Europe, on a connu la chasse aux sorcières qui a été un large mouvement répressif, qui connut son paroxysme de 1560-1580 à 1620-1630, pour se terminer vers 1680 et qui va s’en prendre aux personnes soupçonnées de pratiquer la sorcellerie.

Celles-ci ont été exposées, guillotinées, pendues ou calcinées pour certaines. Les Européens ont compris que la sorcellerie ralentissait l’évolution de leur société. Ils s’en sont donc pris pour l’éradiquer et cela a donné naissance à ce qu’on a appelé plus tard, « l’évolution industrielle ».

La différence entre l’occident et l’Afrique part de là. En Afrique, nous devons faire ce même travail, mais spirituellement j’insiste là-dessus, pour éteindre la sorcellerie qui détruit les talents qui doivent porter haut l’Afrique. En outre, il faudra ajouter le changement de mentalité.

C’est par un travail spirituel et un changement de mentalité que l’Afrique pourra amorcer une véritable émergence pour un vrai développement.

Burkina24 : Quelle est la lecture que vous faites de la tentation aiguisée de certains Chefs d’Etat africains à modifier les constitutions de leurs pays ?

Romain Charles Doué : En Afrique, ce qui se passe est tout sauf de la démocratie, contrairement à l’Europe. En Afrique, la démocratie a été phagocytée pour faire la place à la dictature, au népotisme et consort.

En Afrique, généralement, chacun veut s’éterniser au pouvoir. A l’issue des élections le vaincu n’admet jamais sa défaite au point où les élections surtout présidentielles portent les germes de conflits et de crises parfois avec de lourdes conséquences pour les populations.

J’estime personnellement que si certains Chefs d’Etats Africains s’accrochent à leurs fauteuils cela pourrait s’expliquer par le fait qu’ils ont peur de leurs gestions, entendez par-là, la mauvaise gouvernance.

Ils ont pillé les caisses des Etats Africains, ils sont auteurs de favoritisme tout en marginalisant certaines populations. Ces Chefs d’Etat savent qu’ils ne sont pas démocrates, ils savent également qu’ils n’ont pas la crainte de Dieu, ils n’ont aucun égard pour les pauvres, les misérables et les plus faibles de la société. En clair, ils ont été au cœur de nombreuses injustices.

Me mettant dans la peau, inconfortable, pour moi d’ailleurs, d’un Chef d’Etat voulant s’éterniser au pouvoir, je dirais que ‘’si je n’arrive pas à toucher à la constitution et que je pars du pouvoir, je me retrouve en prison !’’. Voilà le problème. Pour préserver leurs arrières, ils œuvrent à garder ce pouvoir par tous les moyens à commencer par la modification de la constitution. Et cela est à condamner.

Burkina24 : Au regard de tout ceci, y-a-t-il raison de croire en un lendemain meilleur pour l’Afrique et les Africains ?

Romain Charles Doué : En tant qu’Homme de prière, Homme de Foi chrétienne j’ai bon espoir. Je crois en un lendemain meilleur pour l’Afrique et les Africains car la Bible déclare que tout est possible à celui qui croit. Les choses peuvent changer. Je pense, d’ailleurs, que l’Afrique est en train d’amorcer le chemin du changement et cela repose beaucoup plus sur sa jeunesse. Au 21ème siècle, les gens ne sont plus voilés car il ya beaucoup plus d’intellectuels comparé aux décennies passées. Les gens sont éclairés par cette lumière qui est la connaissance.

Cette jeunesse africaine doit donc prendre son destin en main pour relever ce grand défi. L’espoir est permis et avec la grâce de Dieu, nous y arriverons.

Burkina24 : En Afrique de plus en plus, nous assistons à l’irruption d’Homme de Dieu sur la scène politique, soit à travers des prises de position tranchées soit à travers des prophéties qu’on pourrait juger de partisanes. Que répondez-vous à ceux qui estiment que la religion et la politique ne font pas bon ménage et que par conséquent,  les religieux ne devraient pas se prononcer sur les questions politiques ?

Romain Charles Doué : Au regard de cela, la religion et la politique ne font pas bon ménage. J’allais même dire qu’il s’agit d’un mariage contre-nature. On ne devient pas un Homme de Dieu, un prophète, un pasteur, etc…on naît avec ses charismes. C’est pour cela qu’en Jérémie Chapitre 1au verset 5 déclare ceci : ‘’Avant que tu ne sois né, je t’avais déjà établi Prophète des nations’’.

Quand vous prenez 1 Samuel Chapitre 9 verset 9, la Bible parle des prophètes. Quant à Ezéchiel Chapitre 33 au verset 1, il nous parle des devoirs du prophète qui sont d’être des sentinelles en alerte maximale pour intercéder pour le peuple, voir et annoncer le danger qui vient sur le peuple, afin de montrer la voie à suivre selon les recommandations divines pour le bonheur du peuple. C’est en cela que se trouve le rôle du religieux.

La religion pour être utile à la société doit laisser la politique aux politiciens, tout en apportant des conseils aux uns et aux autres sur la base de la neutralité et l’impartialité.

Quand on n’est pas partisan, on a la facilité de dire la vérité, ce qui n’est pas le cas quand on a un parti pris. Quand pour des billets de banques on est prêt à prophétiser et faire des prophéties auto-réalisatrices, c’est qu’il y a problème parce que le dieu argent, le dieu Mammon est en train de corrompre les religieux. Ce qui les emmènent à mal orienter les hommes politiques.

C’est aussi l’une des raisons pour laquelle l’Afrique est à la traîne. Si nous, les hommes religieux, gardons notre position qui est la neutralité tout en disant la vérité, uniquement la vérité comme les prophètes d’autrefois auprès des hommes politiques, l’Afrique éviterait de nombreuses tragédies.

La place des religieux c’est la prière, les enseignements et les conseils qu’ils prodiguent  pour préserver le peuple des malheurs.

Il faut prier pour tout le monde, présidents comme opposants et surtout prier pour le peuple. C’est, d’ailleurs, le véritable rôle des conseillers religieux auprès des dirigeants africains qui en ont, bien entendu. Cela me fait penser au Roi David qui avait plusieurs conseillers mais un d’entre eux était assez spécial, il s’agit de Nathan le Prophète.

Nathan le Prophète, c’est celui-là a qui Dieu a révélé les péchés de David à l’égard d’Uri et à l’égard de Bath-scheba, la femme d’Uri. Ce prophète a eu le courage d’aller vers le Roi et lui révélé ce qu’il a fait dans le secret au risque de sa vie. Et ce courage, nous les hommes de Dieu ne l’avons pas aujourd’hui.

En temps d’élection, les hommes de Dieu doivent véritablement jouer leur rôle qui est de dire la vérité pour cela il faut qu’ils aient eux-mêmes la crainte de Dieu. Quand il va s’agir de lui dire ‘’laisse le pouvoir’’, il faut le dire avec courage. Les prophéties du genre ‘’Dieu m’a dit que tu seras Président’’ ou encore ‘’Dieu m’a dit que c’est toi qui a gagné les élections et que tu dois rester au pouvoir (malgré le sang qui va couler à flot)’’ sont à bannir.

Burkina24 : Parlez-nous brièvement de votre mission chrétienne qui attend de visiter le Burkina Faso…

Romain Charles Doué : Le Ministère que Dieu m’a confié, le Ministère Prophétique International Horeb, a pour vocation selon le Saint-Esprit d’évangéliser, de chasser les démons, de guérir les malades, d’opérer des miracles, de prophétiser, de faire la révélation, faire la vision, panser les plaies des cœurs qui saignent, etc…. Nous allons loin car au delà de l’aspect spirituel nous abordons le social à travers des œuvres caritatives au profit des orphelins, des veuves, des détenus et des démunis.

Moi personnellement qui incarne ce Ministère, j’ai commencé cette œuvre spirituelle depuis tout-petit, 5-6 ans, mais ces dons ont commencé a beaucoup plus se matérialiser en 1992.  Ce n’est qu’en 2011, avec la révélation que nous avons reçu du Saint-Esprit que nous avons mis sur pied ce Ministère.

Notre projet ardent est de faire partager au peuple frère du Burkina Faso cette grâce. C’est une prière que nous formulons afin d’apporter notre modeste contribution aux hommes de Dieu dans ce pays afin de briser les puissances des ténèbres et combattre la sorcellerie qui gangrènes nos vies entant qu’Africains. A la moindre invitation au Burkina Faso que ce soit pour des campagnes d’évangélisation, des croisades de miracles, je saute sur l’opportunité car ce peuple le mérite pleinement.

Burkina24 : A la fin de notre entretien, quelle est votre adresse aux peuples ivoiriens et burkinabè qui s’apprêtent à vivre une période électorale en vu d’élire leurs Présidents de la république respective.

Romain Charles Doué : Permettez-moi avant de lancer mon appel, de remercier votre média Burkina24 pour son professionnalisme et l’opportunité qu’il nous donne de nous exprimer.

Maintenant mon appel au peuple frère du Burkina Faso. Je dis bien peuple frère car le diable a malheureusement animé le cœur de certaines personnes ici en Côte d’Ivoire, faisant croire que le Burkinabè était, excusez-moi du terme, en dessous de l’Ivoirien. C’est triste et dommage à la fois. Heureusement que ce ne sont pas tous les Ivoiriens qui le conçoivent ainsi.

En cette période électorale, je me permets de m’adresser directement aux hommes intègres en ces termes : Chers frères et sœurs du Burkina Faso, vous êtes passés de justesse à côté d’une guerre civile. L’élection ce n’est pas  la guerre. Il faut copier les bons exemples, ceux du Ghana, du Nigéria et du Sénégal notamment. Et nous vous faisons confiance car le défi le plus difficile, vous l’avez relevé, celui de la liberté.

Aux Ivoiriens, je dirais que j’ai comme l’impression que certains d’entre nous ont déjà oublié la crise post électorale de 2010-2011.

Qu’on tire les leçons de ce qui s’est passé et que la voie des urnes soit la meilleure et l’emporte sur la voie de la violence et des armes. Comme l’indique notre devise, l’Union, Disciple et Travail, soyons unis, disciplinés et mettons nous au travail.

La balle qui tue ne choisit pas son camp, RDR, FPI, PDCI…Evitons pour une fois la bêtise et la manifestation de la bestialité humaine. Démarquons-nous des aventuriers qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes.

Interview réalisée par Kouamé L.-Philippe Arnaud KOUAKOU

Correspondant de Burkina24 en Côte d’Ivoire

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