Opinion – « Un Faso du « Savoir oser »

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Koudraogo Ouedraogo continue son analyse. Dans cette deuxième partie, il insiste toujours sur la nécessité de choisir un président en phase avec les aspirations du peuple.

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Dans la première partie de mon propos, « Un Faso de la Rupture », j’ai énumérer les maux que je pense, nous avons voulu rompre avec par la révolution des 30 et 31 octobre 2014. Nous avons cité la médiocrité, l’arrivisme, la France-Afrique. Nous essayer de montrer comment certains hommes politiques proéminents de notre pays incarnait cette médiocrité, cet arrivisme, ces réseau occultes qui n’ont que fait trop de mal à nos pays.

Nous avons cite 3 conditions sine qua non à la continuation de notre belle révolution :

  • La Rupture
  • Le savoir oser
  • Le pragmatisme et l’originalité

Nous nous proposons de traiter cette fois du « savoir oser » !

Savoir oser

Un casse-tête que j’aime bien :

« De l’œuf et du poussin, lequel des deux fut le premier ? », dans un contexte créationniste, la question ne se pose sans doute pas, ou importe peu ! Dieu aurait pu créer l’œuf d’abord, qui donna ensuite naissance au poussin ! Il aurait aussi pu créer d’abord le poussin, qui pondra l’œuf ensuite ! Bref, pas de casse-tête !

Dans le contexte évolutionniste, darwinien, c’est un peu plus compliqué ! L’œuf a-t-il évolué avant le poussin ? – de quoi ? – ou le poussin a-t-il évolué avant l’œuf – de quoi ? – ?

La question de l’expérience est très souvent soulevée à propos de l’élection du 29 Novembre ! Pour certains, il faut absolument des hommes d’expérience à la tête de l’Etat ! Dans notre contexte, après 27 ans de dictatures, les seuls qui peuvent se vanter d’une expérience quelconque ne peuvent que être ceux qui ont composé d’une façon ou d’une autre avec la dictature ! D’où mon problème de l’œuf et du poussin !

Il faut avoir gouverné pour en avoir l’expérience ! Hors, si on a gouverné au Faso ces 30 dernières années, l’ont fait sans aucun doute parti de cette classe que la révolution des 30 et 31 Octobre 2014 a balayé ! Révolution ou pas, le pays n’en veut plus ! Puisque vous insistez, les urnes vous le prouveront !

Mais l’expérience est-elle nécessaire pour gouverner le pays ?

En 2008 aux USA, un jeune sénateur qui n’en était qu’à son premier mandat de sénateur décida de s’attaquer à l’ « establishment » démocrate et de conquérir le pouvoir d’Etat ! Sa vision ?

Un pays plus juste ! Un pays plus juste sur le plan interne par l’accès à une assurance médicale pour de millions de familles qui subissaient de pleins fouets les effets néfastes des pratiques des sociétés d’assurance ! Un pays plus juste sur le plan externe, en se mêlant moins des affaires des autres et en préférant la diplomatie à la guerre ! Avançons 7 années plus tard et c’est 16.4 millions supplémentaires d’américains qui bénéficient de l’assurance médicale !

Deux guerres américaines arrêtées en Irak et en Afghanistan. De nombreux dictateurs jadis soutenu par l’oncle Sam qui ont été virés sans ménagement : Tunisie, Egypte, Yémen, Burkina-Faso, etc. Des percées diplomatiques sur le nucléaire iranien, un réchauffement des relations avec Cuba. La crise économique la plus grave du pays depuis 1929 jugulée en moins de 6 mois après son investiture !

Le même exemple fut répéter avec succès dans beaucoup d’autre pays : Royaumes Unis, Grèce, etc ..

Comparaison n’est pas raison, mais en mathématique, il suffit de démontrer qu’il existe au moins un cas qui ne satisfait pas la règle pour conclure qu’elle est fausse !

On n’a donc pas besoin d’expérience pour gouverner un pays ! On a besoin d’idées, de projets, des objectifs !

Supposons que moi Koudraogo, ingénieure du génie logiciel par formation, architecte technique de logiciel par métier me retrouve à la tête du ministère de la culture ! Supposons que j’y arrive avec une seule idée dans la caboche : « l’acculturation du burkinabè commence à sa naissance, par le nom qu’il reçoit de ses parents. Il faut combattre cette pratique, pour que le senoufo ne se nomme plus ‘Abdul’ comme un arabe, et que le moaga ne prétende pas être français en s’appelant ‘Pierre’ ». (A propos de ‘Pierre’, je dois du reste protester avec véhémence que, du nom original en hébreux, il fut traduit en ‘Cephas’, ‘Peter’, ‘Poitr’, etc.. et quand ce fut le tout de dire ‘Kougri’, on lui a préféré ‘Per’ ! Quand même !)

Bon sujet de dissertation pour mes directeurs généraux, qui eux sont des ‘experts’ de la culture ! Un mois après, j’ai leurs conclusions sur mon bureau. En résume, il y a plusieurs possibilités me disent-ils, mais les 2 principales sont légiférer ou sensibiliser. Au Zaire, une loi interdisait les noms non-autochtones, et l’effet escompté fut produit. Au Sénégal, il n’y a pas de loi, mais on note quand même que beaucoup de musulmans ne portent pas forcement des noms arabes : Maky, Pap, etc. Ni l’Islam, ni le Christianisme ne requièrent des gens qu’ils abandonnent leurs noms traditionnels ! En tant que Ministre, j’écoute les avis de mes experts et ensuite je prends ma décision !

Il est temps pour une autre petite parabole :

Un jeune étudiant en première année de MBA dans une université prestigieuse arrive pour son stage dans une grande institution mondiale. Son tuteur lui confie un essai : « un pays membre de l’institution connait de grosses difficultés financière. Si rien n’est fait, le pays sera en rupture de paiement dans les mois qui suivent. Nous avons l’argent pour venir en aide au pays, mais pour l’instant, nous ne faisons que jeter notre argent dans un gouffre sans fin, et cela doit changer ». L’étudiant tout perspicace qu’il est, répond : « il faut restructurer les finances du pays, monsieur !».

Le tuteur : « Mais à quoi penses-tu ? » L’étudiant : « Réduire les charges sociales, euuuh , -50% sur les allocations au chômage ? » Le tuteur : « Hmm, tu es sur la bonne, mais c’est un pays peu avancé, il n’y a pas d’allocation au chômage ! Mais tu comprends bien ce qu’il faut faire. Tiens, voici un résumé du portefeuille du pays. N’hésite pas à te débarrasser de tout ce qui engloutit de l’argent sans jamais le retourner.. ».

Quelques jours plus tard, notre jeune à élaborer un programme entier de coupes sombres afin d’assainir les finances du pays. Le tuteur est content ! Il reprend le texte dans un langage plus officiel. Il rencontre le ministre des finances du pays en question, qui se trouve être un docteur es science de la gestion ! L’accord est très vite signé : cure d’amaigrissement contre financement.

Quelques années plus tard, notre jeune étudiant qui est maintenant spécialiste en restructuration publique, lit en ligne un commentaire « Quand le Dr. Xxx était ministre, ce pays a été reconnu comme le meilleure élève dans l’application du plan ». Cela le fait sourire : « Pauvre con ! » pense-t-il. « Quel mérite y a-t-il à cela ? Nous aurions pu passer notre plan directement au technicien du ministère ! Lui, son rôle était de produire le plan, et il n’en avait aucune idée ! Docteur !!, Mes fesses oui ! J’étais en première année quand j’ai pondu ce plan, messieurs ! »

Un phénomène beaucoup plus répandu en Afrique qu’ailleurs ! Certains politiciens cherchent à nous impressionner avec leur CV : Dr es bla bla, directeur de ci, directeur adjoint de ça ! Ca fait beau ! Mais sont-ils bon à rien ? Trois questions pour vous situer :

  • Comment sont-ils arrivés à ces ‘gros’ postes ? Parachutage ou longue marche à travers les échelons ?
  • Ou sont-ils allés à partir de ses ‘gros’ postes ? Plus haut par mérite ou ont-ils quitté comme ils sont arrivés ?
  • Qu’ont-ils entrepris par eux-mêmes ? Avec quel succès ? Si c’est des bureaux de consultation, nous en avons tous. Les prestations de services à l’Etat, on a tous fait ! Celui qui ne peut que gérer les entreprises des autres ne sera qu’un administrateur à la tête de l’Etat ! Ce n’est pas ce que nous recherchons !

L’intelligence et le succès académique sont deux choses très différentes ! Je connais moi des analphabètes qui sont milles fois plus intelligents que des PhD !

Vous n’êtes certainement sans savoir qu’Albert Einstein par exemple n’a jamais été un élève brillant ! Pourtant, il était doué d’une intelligence sans pareille ! Par contraste, vous connaissez tous le Dr. Watson, James Watson, prix Nobel, père de la génétique moderne ! Figurez-vous que cet érudit respecté et respectable dans le domaine scientifique, ait tenu les propos suivants en 2007 : « ceux qui ont à traiter avec des employés noirs savent que ce n’est pas vrai ».

 « Nos politiques sociales se fondent sur le fait que leur intelligence est la même que la nôtre (Occidentaux blancs), alors (…) que toutes les recherches concluent que ce n’est pas vraiment le cas », a-t-il affirmé au journal britannique.
Mais bien sûr qu’il raisonne comme un pied en dehors de la génétique !

Il n’y a pas d’école préparatoire au poste de Président de la République ou de Ministre ! Il y a cependant des écoles pour être administrateur ! Mais, il ne s’agit pas d’élire un administrateur ! Le président du Faso n’est pas là pour « gérer » le pays ! Un seul homme ne peut pas gérer un pays. C’est pourquoi il existe une administration publique !

Le rôle du président, est de gouverner ! Il y a une nuance ! Il est vrai que ceux-là qui ont beaucoup d’expérience, n’auront aucune peine à gérer le pays, « bien gérer » le pays pour emprunter le terme a certains mange mil ! Une fois encore, il ne s’agit pas de voter un gestionnaire, mais plutôt un gouverneur, un président !

Quand nous avons eu besoin de « gérer » le pays, le temps de la transition, nous avons fait une offre d’emploi. Un profil a été publié, et le recrutement s’est fait sur la base du CV, pas au suffrage universelle ! Le profil, effectivement demandait de l’expérience dans le protocole et le fonctionnement de l’Etat. On n’a pas demandé quelqu’un avec des projets, avec une vision ou quoi que ce soit ! Les anglais parlent de « care taker », celui qui prend soin de, en attendant.

Quand on y pense, l’expérience en politique n’est pas forcément une bonne chose. En Europe, ils appellent ceux-là les « politiciens de carrière ». C’est-à-dire des gens qui vivent grassement sur le dos du peuple, sans jamais avoir connu ce que cela faisait d’aller faire un travail ordinaire tous les matins et de payer ses taxes pour entretenir ces politiciens qui n’ont aucune idée de la galère du citoyen lambda. Croyez-moi, ils n’ont pas du tout le vent en poupe de nos jours !

On considère que l’on rentre en politique pour conquérir le pouvoir, parce que l’on a des idées que l’on veut faire valoir ! Quand ensuite on y passe le temps d’une carrière entière, c’est qu’en vérité on est incompétent ! Cela parce que l’objectif qu’on s’est fixé en entrant en politique n’a pas été atteint ! L’objectif n’a pas été atteint, parce que les électeurs n’en ont pas voulu ! Un honnête homme se retire alors et vaque à ses propres occupations.

Ceux qui passent leur vie à chercher le pouvoir ont rarement fait le bonheur de leur peuple. Les exemples sont légions : Joseph Kabila, Laurent Gbagbo, Abdoulaye Wade, Alpha Condé, etc. Qui aurait pensé qu’après les violences exercées sur lui par l’ancien pouvoir, Alpha Condé aurait lui-même violemment réprimé son opposition ?

Le Congo se meurt toujours de la bêtise de Kabila, père et fils ! Le Pr. Gbagbo n’a pas trouvé mieux que les commandos de la mort pour remplacer les CRS. Wade lui, utilise l’argent du peuple pour construire des monuments dont il retient les droits d’auteur ! Je passe sous silence le ministère du ciel et de la terre, dont le ministre n’était nul autre que son fils !

Les sondages, surtout sous nos tropiques n’engagent que ceux-là qui les produisent ! Compaoré en Aout 2014 juste pendant le sommet USA-Afrique s’en sortait avec une cote de popularité de 70% suivant un sondage publié à l’époque (http://www.gallup.com/poll/174287/african-leaders-scorecard-mixed-bag.aspx) – 81% lorsqu’on considère uniquement la population des 45 ans et plus . Quelques mois plus tard, on le mettait à la rue !

Conclusion :

Si nous avons osé faire la révolution, nous devons oser la poursuivre ! Nous devons oser mettre des gens avec des idées neuves à la tête de l’Etat ! Il y a aura des erreurs certes ! Mais au moins, ne feront pas que refaire la même chose et escompter des résultats différents. L’affaire du développement d’un pays est in tâtonnement ! Un tâtonnement pour trouver ce qui marche ! Lorsqu’on a trouvé le bon bouton, la machine démarre en trombe ! Voila ! C’est un peu comme un tour chez le mécano : Il commence par la bougie, il la nettoie .. rien, le gicleur .. , le carburateur .. et Vroomm !

Le développement, c’est la même chose ! Ce n’est certainement pas le nombre d’écoles construites en « dur » comme on dit chez nous ! Même sous les manguiers, on apprend ! Ban Ki Moon, vous a d’ailleurs dit que lui il a fait les classes sous les arbres ! Endetter un pauvre pays lourdement endetté pour construire des écoles en dur, c’est de la bêtise, surtout dans un pays à forte croissance démographique ! A un coup d’au moins 25 millions l’école, avec une population a plus de 60% en âge de scolarité !

Nous n’en finirons jamais ! C’est pour nous dire dans 5 ans, « Aaah ! J’avais oublié que les burkinabè ‘bossent’ beaucoup la nuit dé ! ». Moi je connais des pays « hyper-développés » – si je puis ainsi dire – ou les enfants vont en classe dans les « préfabriqués » (sorte de maison-conteneur préfabriqués, prête à être utilisé !).

Le développement, ce n’est certainement le nombre de kilomètres à parcourir pour arriver à un centre de santé ! Blaise est allé se faire opérer de la cataracte a presque de 6000 km de Ouaga ! Pourtant il avait bien un médecin particulier !

Koudraogo Ouedraogo

Email: [email protected]

Blog: http://burkinafache2015.wordpress.com

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