Réflexion de Lazard T. : Le peuple burkinabè est-il prêt à voter sur la base de l’idéologie d’un parti politique ?

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Ceci est une réflexion d’un observateur de la scène politique, Lazard T., qui souhaite apporter sa contribution au débat politique en cours au Burkina. Il pense d’ailleurs que « ce débat est historique parce que M. Blaise Compaoré et sa majorité ont perdu le pouvoir ouvrant la voie à une élection autant ouverte que démocratique ».

Je voudrais par cet article apporter ma modeste contribution au débat politique actuellement en cours dans mon pays. Avant tout, je voudrais m’incliner sur la mémoire de nos martyrs suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’état manqué du 16 septembre 2015. Que la terre libre du Burkina leur soit légère et que le tout puissant les accueille dans son royaume. Je félicite le peuple Burkinabè entier, les autorités de la transition, la CENI et les acteurs politiques pour la réussite de la transition.

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Je précise que je ne suis pas un acteur politique, ni même un militant de parti politique. Je suis simplement un observateur de la scène politique qui souhaite apporter sa contribution au débat politique actuellement en cours. Il faut dire que ce débat est historique parce que M. Blaise Compaoré et sa majorité ont perdu le pouvoir ouvrant la voie à une élection autant ouverte que démocratique.

Aujourd’hui, la CENI a gagné en maturité, en indépendance et surtout en confiance du peuple et des acteurs politiques nationaux et internationaux. Nous venons vraiment de loin après des décennies pendant lesquelles les élections se suivaient et se ressemblaient; les résultats étaient connus par avance.

Si les résultats du double scrutin du 29 novembre 2015 donne la victoire au premier tour au candidat du MPP, que je félicite en passant, la présidentielle, les résultats des législatives ne donnent pas une majorité à une formation politique. Cette situation inédite dans notre pays pose la question de recomposition de la classe politique Burkinabè. Notre analyse porte sur 3 points: (que les acteurs politiques et historiens m’excusent et me corrigent si j’écorche des noms ou si mes références ne sont pas totalement justes).

  1. L’évolution des acteurs politiques depuis 2000

Suite à l’assassinat du Journaliste Norbert Zongo (RIP) et aux turbulences politiques qu’a connu notre pays et le pouvoir de Blaise Compaoré, un gouvernement protocolaire dirigé par M. Ernest Paramanga Yonli a été mis en place. Ce gouvernement a vu l’entrée en scène d’illustres inconnus comme Gilbert N. Ouédraogo, Ram Ouédraogo, Fidèle Hien, Salvador Yaméogo, Zézouma Millogo et j’en passe.

Ces acteurs grâce à leur participation au gouvernement ont été élus députés pendant l’élection législative de 2002. Certains sont restés au-devant de la scène alors que d’autre par manque de clairvoyance en  ont disparus. C’est dire que participer au gouvernement peut être un tremplin pour la carrière politique d’un parti politique ou d’une personnalité.

  1. Comportement des leaders Sankaristes depuis le renouveau démocratique

Rappelons-nous que le premier parti politique Sankariste a été créé par M. Nayatboumbou Congo Kaboré nommé MTP. Ce parti n’a pas fait long feu après la participation de son leader à un gouvernement de Blaise Compaoré. Nous avons connu les Ernest Nongma Ouédraogo avec la CPS. Beaucoup de partis se sont créés mais n’ont pas fait long feu. Des leaders ont émergés mais je dirai par leur égoïsme n’ont pas pu s’unir pour vraiment impacter la vie politique nationale.

On peut dire que seul l’UNIR/PS bon an, mal an, a pu conserver un certain électorat aussi négligeable pour faire bouger les lignes. Ce parti a toujours eu entre 3 et 5 députés pendant les 3 derniers scrutins législatifs. Presque tous les députés Sankaristes sont passés par ce parti. Cette prouesse jamais encore réalisée par aucun autre parti Sankariste est important à signaler même si son leader M. Sankara mériterait mieux que ça, vu son aura et son sacrifice.

Il faut enfin signaler que les Alliances contre nature n’ont pas manqué chez plusieurs leaders politiques Sankaristes. A commencer par M. Nayatboumbou Congo Kabore, cité plus haut, les Zézouma Millogo, Fidèle kiétéga et tout dernièrement à la faveur de la création du MPP, M. Malick Yamba Sawadogo (10 ans député du Kadiogo sous la bannière de l’UNIR/PS) a rejoint ce parti parce qu’il n’avait pas été aligné tête de lice pendant les élections de 2012.

Comme on le voit ceux qui ont eu courage de se lancer dans la politique sous la bannière du Sankarisme ont connu des fortunes diverses et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Nous avions cru que pour une fois les leaders Sankaristes tiendraient leur engagement à soutenir un candidat, le mieux placé et le mieux connu. A la faveur des élections passées certains ont soutenu le candidat du MPP et d’autres ont même soutenu un candidat libéral, idéologie très loin du Sankarisme.

  1. De l’avenir de l’UNIR/PS face à la situation politique actuelle

L’UNIR/PS est à la croisée des chemins comme dirait un précédent auteur. En effet, après près de 20 ans de combat contre le régime Compaoré caractérisé par la corruption et la gabegie, l’UNIR/PS doit-il changer de fusil d’épaule ou continuer dans l’opposition radicale comme il aimait à le dire. Il faut rappeler que tous ceux qui ont quitté l’UNIR/PS ont accusé le président du parti mais dites-moi si Malick était élu député, allait-il quitter le parti ? Cela est vrai pour Alphonse Ouédraogo, Fidèle kiétéga et bien d’autres.

Il faut comprendre que ces gens ont quitté parce qu’ils ont perdu leur poste. Ont-ils fait mieux en termes de poste de député ou conseillers municipaux en créant leur parti ou en rejoignant un autre parti, je n’en suis pas sûr? Je parie que si le parti reste dans la même posture d’opposition radicale, Il perdra certains députés et des militants encore. C’est cet éternel recommencement qui n’a pas aidé le parti à grandir et à avoir des poids lourds dans toutes les Régions du Burkina.

Je pense que la décision de se joindre, je ne dis pas de fusionner à une nouvelle majorité, avec le MPP de l’UNIR/PS revient aux instances du parti. Les structures du parti, les vrais militants et surtout ceux qui votent UNIR/PS (pas des analystes et commentateurs dans les journaux et médias sociaux) doivent décider de façon démocratique et unanime la conduite à tenir. Ce sont eux qui parcourent le Burkina, utilisent leurs temps et ressources pour la cause du parti. Je comprends l’opinion de certains observateurs et compatriotes quant aux dangers d’une quelconque union avec le MPP, mais pensez-vous que le parti peut être dans l’opposition pendant encore 10ans ?

La vraie question que les Burkinabè devraient se poser aujourd’hui est de savoir si le peuple est prêt à donner le pouvoir à un parti politique sur la base d’une idéologie ou d’un programme de société. A mon avis, la réponse est non pour le moment. Comme on voit, le MPP n’a pas gagné l’élection passée à cause de son idéologie (plusieurs candidats prônent également la social-démocratie) ni à cause de son programme de société (il n’avait pas le meilleur programme et surtout la grande majorité des électeurs n’a pas lu le programme de société du candidat Rock).

Je profite pour corriger un précédant auteur sur le même sujet qui affirme que  le programme de société du candidat Me Sankara est uniquement basé sur la vérité sur le dossier Thomas Sankara. Le programme de Maitre qui doit être sur le site web de l’UNIR/PS est plus large que cela. Il prône la justice en général comme tous les autres programmes. Enfin, le MPP a gagné les élections à cause de 2 facteurs : le charisme et les ressources de ces leaders, ce que les autres partis ne disposent pas.

Je pense humblement que si les autres formations politiques veulent accéder au pouvoir un jour, elles doivent développer leur base, équiper et entretenir des cadres et leaders dans toutes les régions et provinces du pays. Participer à la gestion du pouvoir à un moment donné n’est pas une mauvaise chose en soit. Cela dépend de la vision à long terme du parti ou du leader politique.

Apres toutes ces péripéties que notre pays a traversées avec des morts et des blessés à vie, il est souhaitable que les leaders s’unissent pour travailler dans la paix et la concorde pour le développement de notre cher pays.

Lazard T.

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