Guy Giroud, metteur en scène : « La culture est un bien immense et le peuple burkinabè l’a compris »

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 La compagnie Marbayassa  a été créée par trois Burkinabè. Depuis la disparition du metteur en scène Hubert Kagambega, c’est Guy Giroud, son ami français, qui assure la mise en scène des spectacles qui « voyagent ». Guy Giroud  est présent à Ouagadougou pour la présentation de sa dernière création, « Le malade imaginaire » de Molière, mise en scène sous l’appellation de « Baâda, le malade imaginaire ».  Elle est en programmation au Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (CITO), le vendredi 19 et samedi 20 février 2016, à l’Espace Gambidi le 25 février 2016 et à Bobo le 27 février 2016. Comment est-il parvenu à cette compagnie qui est aujourd’hui celle qui voyage le plus en Europe ? Elle totalise en effet plus de 300 tournées dans les villes de Paris, Bruxelles,  Avignon, La Guyane, Cologne, Francfort et St Etienne, entre autres. Réponse dans cette interview.

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Burkina 24 (B24) : Après la mort de Hubert Kagambega, c’est à  vous qu’est revenue la direction  de la compagnie. Pourquoi ?

Guy Giroud (G.G) : Je connais bien la compagnie. J’étais un ami de route, un ami de Hubert et on avait des projets ensemble. On avait même déposé un projet à l’institut français sur l’interculturalité.

Quand le malheur de sa disparition est arrivé, 15 jours plus tard, les comédiens  tournaient en France et moi je leur ai proposé de les loger et d’assurer leur transport. Cela a été une tournée terrible, très triste.

Un soir, les comédiens m’ont dit « Guy, il faut qu’on fasse une réunion ». Ils m’ont dit « comme tu nous connais, tu travaillais avec Hubert,  tu sais comment on travaille, on aimerait que ce soit toi qui fasses  les mises en scène de la compagnie ».

J’ai dit ouf ! C’est beaucoup. Il faut que je réfléchisse. Puis j’ai dit oui. Voilà comment ça s’est passé. C’était à la demande des comédiens.

B24 : Au départ, ils étaient trois à créer la compagnie. Les deux autres ne se sont pas intéressés par la direction ?

G.G : Il n’y a qu’un que j’ai très peu connu qui vit à Paris maintenant. Je l’ai croisé ici une fois. Et il y a Issa Sinaré, qui est lui le directeur de la compagnie ici et Issa était d’accord avec les comédiens.

B24 : De nombreux projets sont tombés à l’eau à la disparition de leur promoteur.  Pensez-vous que  Marbayassa aurait pu subir le même sort ?

G.G : Je ne sais pas. Mais j’espère qu’il est fier là où il est du travail qu’on fait après lui. En tout cas, on essaie. Très souvent,  on parle de lui quand on est sur scène ou en tournée.

C’est vrai que j’avais travaillé avec lui. J’ai écrit des projets avec lui. J’espère quelque part ne pas le trahir.

Pour les autres, je pense que la culture est un bien immense et le peuple burkinabè l’a complètement compris, complètement intégré. Je suis très fier du peuple burkinabè.

Je pense que la culture se relève toujours,  même des disparitions de ses leaders, surtout dans un pays comme le Burkina où la culture est importante. Il y a des pays où ce serait plus difficile.

Mais au Burkina,  la culture est tellement présente que je pense que la culture se relève toujours.

B24 : La programmation de la compagnie Marbayassa est beaucoup plus tournée vers l’Europe. En moyenne combien de programmations faites-vous dans l’année et comment vos spectacles sont-ils appréciés par les Européens ?

G.G : La compagnie Marbayassa est effectivement tournée vers l’Europe. C’est vrai qu’en Europe, il y a beaucoup de salles, il y a beaucoup de saisons, il y a des possibilités de tournée. Quant aux chiffres, je crois qu’on a joué « Candide » près de 140 fois et « Le malade imaginaire », qu’on va jouer ici, environ 220 fois.

On fait actuellement deux à trois tournées dans le mois par an en Europe, en France, Belgique, Allemagne, Mayotte en Guyane.

Oui, ce sont des spectacles appréciés. C’est vrai aussi que moi je choisis mes textes et je les propose aux comédiens. Mais on veille à ce que ce soit des spectacles qui soient agréés par des gens d’ici et d’ailleurs.

B24 : On connait les difficultés des compagnies africaines de tourner en Europe. Doit-on la facilité de la compagnie à votre présence ?

G.G : Ce qu’on a fait, c’est d’avoir une représentation en France. Je crois que c’est indispensable si on veut tourner en Europe.  C’est compliqué de le faire à partir d’ici.  On a une équipe, Marbayassa France,  qui travaille toute l’année sur les tournées, en contactant des tourneurs, des directeurs de salles et des directeurs de saisons.

B24 : Vous travaillez sur des classiques français, comme « Candide » ou « Le malade imaginaire » et c’est donc logique que vous soyez tournés vers l’Europe. De tels spectacles intéressent-ils les Burkinabè ?

G.G : Quand on a joué à l’institut français, la salle était archipleine.

B 24 : Mais on pourrait dire toujours que c’est à l’institut français, un lieu qui n’est pas si fréquenté par les Burkinabè…

G.G : C’est rare,  mais on a joué dans des lycées,  à Loumbila et dans beaucoup d’autres endroits. C’est franchement quelque chose qui fait appel à une culture commune. J’ai totalement réorienté la pièce. Par exemple, dans « Le malade imaginaire », il y a un médecin. Mais sur scène,  le médecin c’est le féticheur.

Il y a beaucoup de réadaptation. Venez voir la pièce ! Vous verrez et vous direz après si cela peut parler aux Burkinabè. Toutes mes créations, je les fais ici. la première se tient à l’institut français et à la générale dans la cour de la compagnie à Gounghin, des habitants de Ouaga, et non des gens de l’institut français, viennent.

Je sais qu’on me dit  souvent, « Ah, c’est incroyable ! On croirait que cela a été écrit pour l’Afrique ! ». Je crois que le talent de Molière est universel. Je serais en chine que je le réadapterai à leurs réalités.

B24 : Qu’est-ce qui vous attache tant à Marbayassa ? Avez-vous Vous travaillez avec d’autres compagnies ?

G.G : Je ne sais pas. Mais je peux dire ce que m’a dit un ami grand comédien et directeur de festival : « tu sais ce que t’as réussi ici, c’est super beau. Tu as créé une compagnie avec des gens qui vivent ensemble,  qui ont l’habitude depuis sept ans d’être ensemble. C’est vraiment une compagnie ! ».

Je suis en train de me creuser la cervelle  pour voir comment je peux mettre à peu près tous les comédiens dans le prochain spectacle pour resserrer les liens de la compagnie pour que ce soit toujours l’esprit d’une compagnie.

Propos recueillis par Revelyn SOME

Burkina24

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