Arrestation des Koglwéogo : Retour à Fada

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Au lendemain de l’arrestation des leaders des pro- Kogleweogo, la tension n’est toujours pas baissée à Fada N’Gourma. Ce samedi 19 mars 2016, la ville était inerte. Beaucoup de services et les commerces sont restés fermés. Les gendarmes et les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité ont fait des patrouilles afin de neutraliser les poches de résistance du groupe d’auto-défense qui tentent vainement de se rassembler. Dans cette bataille d’occupation de terrain, des escarmouches ne manquent pas entre les forces de l’ordre et les manifestants.

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Fada, une ville paralysée. Le marché central et les boutiques aux alentours sont fermés. Les stations-services et  les grandes banques étaient fermées à notre arrivée en cette matinée de ce samedi 19 mars. Week-end oblige ?

Les services administratifs, notamment l’Hôtel de ville, le gouvernorat, la poste  avaient leurs portes closes. Les forces de l’ordre dans leur pick-up font la patrouille à l’intérieur de la ville.

Le marché de Fada fermé ce 19 mars 2016
Le marché de Fada fermé ce 19 mars 2016

Un seul lieu pourtant semble faire l’objet de beaucoup d’attention : la Place de l’Unité, un bastion des manifestants.  Aux alentours de ce grand lieu de rassemblement sont souvent postées les forces de l’ordre. Les gendarmes et les éléments de la Compagnie républicaine de sécurité se relaient régulièrement pour empêcher tout attroupement.

Aux environs de 9 h, un groupe de manifestants tente de bloquer le passage des véhicules autour de cette Place de l’Unité. Les forces de sécurité qui n’étaient pas loin des lieux les en empêchent. Un accrochage intervient, les gendarmes dispersent les manifestants par des gaz lacrymogènes. Dans le tohu-bohu généralisé, un confrère de la radio liberté reçoit un coup de ceinturon. Il tombe et son dictaphone est endommagé, avant que les gendarmes ne s’aperçoivent qu’il est journaliste.

Les bouchers contre les Koglwéogo ?

Le Président des commerçants de Fada, Yacouba Thombiano, demande à ses collègues de rouvrir les boutiques afin d’entamer des négociations
Le Président des commerçants de Fada, Yacouba Thombiano, demande à ses collègues de rouvrir les boutiques afin d’entamer des négociations

A l’intérieur de la ville, bien que la majorité des commerces soit fermée, il y en a quelque rares qui sont tout de même ouverts. C’est le cas de Yacouba Thombiano, président des commerçants de Fada. Assis devant son commerce, son opinion compte aussi dans cette crise.

« J’ai appris l’arrivée des Koglwéogo ici, puis un jour il y a un député qui m’a appelé pour savoir si nous sommes pour la mise en place des Koglwéogo. Je lui ai répondu en disant qu’au regard du travail abattu par ces derniers, nous aimerions qu’ils viennent à Fada, parce que c’est une zone classée rouge », nous dit-il.

Alors si les commerçants semblent être d’accord pour la mise en place de ces groupes d’auto-défense, pourquoi dit-on que les bouchers s’y opposent ? « Vous-même vous connaissez les vrais raisons, ce n’est pas moi qui vais vous les dire », nous réplique-t-il.  En effet dans l’opinion d’une bonne partie de la population de Fada, les voleurs de bétail vendraient à vil prix auprès des bouchers l’objet de leur vol.

Par conséquent, les bouchers seraient contre la mise en place des Koglwéogo. Une hypothèse que bat en brèche le président de l’association des bouchers, Salif Tandamba qui se justifie en ces termes : « Pour moi, le Kogleweogo est une bonne chose. La région de l’Est est délaissée. Nos paysans souffrent. » « Avant, poursuit-il, les voleurs se masquaient pour opérer ; mais maintenant, ils opèrent en plein jour et sans masque ».

 Pour lui, les commerçants ne les ont pas avisés avant d’entamer la démarche de la mise en place  des Koglwéogo. « …Par exemple, si vous dites le matin qu’il n’y aura pas de marché, alors que les bouchers ont déjà abattu les animaux, ils ne peuvent pas prendre leur viande aller déposer et ça va se gâter », s’offusque-t-il.

De son côté, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et du peuple (MBDHP) section de l’Est dit avoir rencontré au début les acteurs judiciaires de la région, notamment le procureur du Faso, le président du Tribunal et les membres de Koglwéogo. Le vice-président du MBDHP, Saidou Rawouega que nous avons rencontré au siège de la structure dit avoir procédé à des négociations entre les protagonistes pour qu’ils mettent « balle à terre ».

 Mais cela n’a pas abouti. Sur la question des kogleweogo ?

Le Président des commerçants de Fada, Yacouba Thombiano, demande à ses collègues de rouvrir les boutiques afin d’entamer des négociations
Le Président des commerçants de Fada, Yacouba Thombiano, demande à ses collègues de rouvrir les boutiques afin d’entamer des négociations

« Il faut la situer à deux niveaux, estime-t-il. D’abord il y a la question de la sécurité de la population qui est un devoir de l’Etat.

Aujourd’hui, nous nous rendons compte que le braquage est plus de 60% dans la région de l’Est.

Les sévices corporels que les paysans vivent  dans leur village sont réguliers et constants. C’est pratiquement une fois tous les trois jours […].

Il est légitime de notre point de vue que les populations se battent elles-mêmes pour assurer leur sécurité. Mais nous disons qu’il fallait les encadrer ».

Des faits de rébellion et de tentative de déstabilisation reprochés à…

A ce jour, plusieurs personnes ont fait l’objet d’arrestation. Selon le procureur absent que nous avons joint au téléphone, quinze personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire. Parmi lesquels quatorze membres de Koglwéogo et un présumé voleur, accusé par ces derniers de vol de bétail.

A la suite des premières procédures judiciaires, le procureur Blaise Bazié nous a confié que les membres des Koglwéogo, à l’exception d’un, ont été transférés à la prison de haute sécurité à Ouagadougou pour des raisons de sécurité.

Il leur est reproché des « faits d’enlèvement, séquestration, torture, coup et blessure ». Le présumé voleur est gardé dans les liens de la prévention pour des faits de vol. « Diallo est sous mandat de dépôt du procureur, il sera jugé à l’audience correctionnelle », rassure Blaise Bazié.

Dans ce dossier, dit-il, tant que les gens seront dans la rue pour faire pression, les personnes arrêtées seront maintenues en détention. Pour lui, il faut laisser la justice suivre son cours. « Je suis sur cette position et je n’entends pas reculer », martèle-il.

Parmi les quinze, Moussa Thombiano alias Django se trouve parmi les quatre dernières personnes arrêtées. Il est reproché à Django et sa bande, des faits d’attroupement armé, de rébellion et de tentative de déstabilisation.

Martin OUEDRAOGO

De retour de Fada N’Gourma

Burkina24

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