Pascal Tapsoba : « Les Koglweogo sont importants, mais il y a des dérives »

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Pascal Tapsoba, président de l’Association Aube du Faso, a été reçu dans les locaux de Burkina 24 le vendredi 18 mars 2016. Au cœur de l’interview qu’il a accordée, la question des Koglweogo. Dans les lignes qui suivent, le président de l’association Aube du Faso donne sa lecture de la situation et propose des pistes de solutions pour résorber la tension.

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B24 : Actuellement la situation entre Koglweogo, population et forces de défense est tendue. Quelle analyse faites-vous de l’existence de ces entités d’auto-défense?

Pascal Tapsoba (PT) : Les Koglweogo, ce sont des regroupements de personnes qui voulaient  défendre la nature contre les feux de brousse, les animaux. C’était à l’origine les missions des Koglweogo d’où l’expression en mooré qui signifie protéger l’environnement et la faune.

Ce phénomène a pris de l’ampleur après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre et à la fin de la Transition parce que les gens se sont rendus compte que le pouvoir appartient au peuple. Ils se disent qu’ils peuvent se regrouper et faire changer les choses. Mais ce sont les braquages de 2015 qui ont poussé le phénomène des Koglweogo. Les Koglweogo sont importants, mais il y a des dérives. L’inconvénient majeur chez les Koglweogo est la méconnaissance des textes.

B24 : Quelle est votre position sur l’existence des Koglweogo ? Faut-il les dissoudre ou  les maintenir?

PT: Quelque chose qui n’a pas été créé administrativement, comment peut-on le supprimer ? Et il y a un problème à vouloir mettre fin à ce phénomène. Si l’on veut y mettre fin, il faut s’assurer que les agents de sécurité et les policiers  qui seront déployés en province pourront faire le travail que les Koglweogo ont abattu en 6  mois ou en une année dans la lutte contre le banditisme.

Est-ce que l’Etat a la capacité de déployer des forces de sécurité dans tous les coins du pays pour garantir la sécurité des biens et des personnes ? Si l’Etat peut le faire, il n’aura qu’à déployer la police et la gendarmerie dans toutes les localités du pays. Et cela permettra de réduire le phénomène des Koglweogo, mais on ne peut  pas les supprimer.

Ce qu’il faut retenir surtout, la résolution de la question des Koglweogo est politique. Les autorités ont peur de prendre des décisions tranchées parce qu’elles se préparent pour les élections municipales à venir. Elles ne veulent pas perdre leur électorat.

B24 : Actuellement, la situation est tendue et une crise se pointe. Que faut-il faire pour résoudre le problème ?


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PT : Actuellement, il faut déployer les forces de l’ordre et c’est ce qu’elles (les autorités) ont déjà commencé à faire à Fada. Le gouvernement ne doit pas céder à la pression des Koglweogo.  On doit respecter la loi et les textes, même si nos textes doivent être toilettés. Par exemple, le délai de rétention d’un détenu après 72 heures si un plaignant ne se prononce pas.

Il faudra aussi engager un dialogue entre les chefs coutumiers et religieux, les responsables des Koglweogo, les sages des localités et les populations. Après, il faut sensibiliser les populations pour leur faire comprendre ce que la loi dit.

Il faut que les forces de défense et de sécurité reprennent le dessus sur ces entités locales de sécurité et jouent correctement leur rôle en intervenant au moment opportun.

B24 : Quelle analyse faites-vous du mandat du président Roch Kaboré en trois mois d’exercice ?

PT : On a vu la promotion du Faso Danfani, l’émission du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. Cela peut être laissé à l’appréciation de tout un chacun. Mais nous trouvons qu’il fait de son mieux. Nous ne pouvons pas juger ces cent jours comme cela parce que nous les jeunes, avons des attentes. C’est avoir de l’emploi et nous voyons que rien n’est fait jusqu’à présent.

Depuis deux mois, on ne parle que de Koglweogo, on n’a même pas le temps de réfléchir à autre chose. Donc les 100 jours de Roch Kaboré, on peut dire que ce sont les Koglweogo qui étaient à jour sur 60 jours. Et il faut qu’on résolve ce problème et continue pour qu’on arrive à évaluer le président sur son programme.

Propos recueillis par Yannick SAWADOGO

et Mariam OUEDRAOGO (Stagiaire)

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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