Burkina: Offrir une « seconde chance » aux talibés pour prévenir l’extrémisme

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Tous ont droit à une « seconde chance ». Et offrir une seconde chance aux  140 000 enfants talibés, c’est agir pour contrer l’avancée de la radicalisation. Fort de cet état de fait, IQRA, qui veut dire « lire » en langue arabe, offre aux enfants talibés du Burkina une  « seconde chance » en les alphabétisant en langues nationales à travers les caractères arabes. L’association est soutenue dans sa démarche visant à alphabétiser pendant deux ans plus de 80 maîtres coraniques et 3 100 talibés par les ambassades des Etats Unis d’Amérique et d’Allemagne à travers l’ONG EIRENE, qui finance le Programme d’appui pédagogique aux foyers coraniques (PAPEFCO). Le lancement des projets a eu lieu le mardi 29 mars 2016 à  Dédougou.

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« Tous ces enfants comptent devenir des agents de développement »

140 000, c’est l’estimation que l’on fait du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école, qui se retrouvent dans les foyers coraniques. Ces talibés, comme on les appelle, nourrissent l’espoir de contribuer à leur manière à l’édification du pays.

Hawa Guira/Bissiri, présidente de l’association IQRA, voit en le lancement des projets « seconde chance », et Programme d’appui pédagogique aux foyers coraniques (PAPEFCO) la réalisation d’un rêve. Celui de contribuer à la promotion de la paix, du développement socio-économique et culturel  des couches « défavorisées » de la société.

« Tous ces enfants, souligne-t-elle, aspirent à une éducation et comptent devenir des agents de développement pour le Burkina ». Toujours selon elle, la prospérité pour tous les enfants fait accroître la prospérité pour le Burkina.

Hawa Bissiri affirme donc ne pas considérer les enfants des foyers coraniques comme un monde à part, mais comme « une partie fondamentale » du système éducatif, comme des acteurs en faveur de l’avenir que nous souhaitons pour la communauté, d’où son engagement à travers IQRA en leur garantissant la réinsertion socio-professionnelle.

« Ils ont été visionnaires » 

Le Programme d’appui pédagogique aux foyers coraniques, financé à travers EIRENE par la partie allemande, intervient  à Dori. « Seconde chance » quant à lui sera expérimenté à Dédougou et à Kaya dans le Centre-nord.

En ciblant les enfants talibés et les enfants de la rue, estime Martin Coulibaly, ministre de l’éducation nationale, ces deux projets contribuent  à donner une réponse à la préoccupation de l’Etat qui est de ne laisser aucun enfant sans instruction, sans éducation de qualité.

« Ils (partenaires ndlr) ont été visionnaires d’accompagner le gouvernement sur une question qui est difficile, qui est de s’occuper, de donner une ’’seconde chance’’ à ceux qui n’ont pas pu être accueillis ou maintenus dans le système formel », note-il.

Offrir une « seconde chance » pour contrer l’extrémisme

EIRENE accorde depuis 2006 au Niger une attention « particulière » à la question de l’éducation des enfants, qui ne fréquentent pas le système formel dans les pays du Sahel et surtout des enfants en situation de vulnérabilité qui sont dans la rue ou dans les foyers religieux.

Un ex-enfant de la rue réinséré dans un atelier de mécanique moto à Dédougou.
Un ex-enfant de la rue réinséré dans un atelier de mécanique moto à Dédougou.

L’expérience y a porté fruits. C’est tout naturellement que les autorités burkinabè ont décidé de s’en inspirer, soutenues par l’ONG allemande. PAPEFCO touchera 17 fois foyers coraniques dans la région du Sahel sous forme de phase pilote. Selon Joerg Meyer, Premier secrétaire de l’ambassade d’Allemagne, ces initiatives viendront tenir main forte aux autorités des Etats du Niger et du Burkina en matière d’éducation et de prévention du radicalisme.

Ce que confirme le ministre de l’éducation. « La rue, dit-il, n’est pas le lieu où on peut construire son avenir ». Pour y arriver, dit-il, il faut pouvoir lire, écrire et calculer, bannir toute forme de violence et développer des compétences pour se prendre en charge économiquement.

Et « le contexte social actuel précaire caractérisé par une prolifération de  la radicalisation et une culture de la violence de mouvements islamistes extrémistes au Sahel, rend l’approche aussi relevant dans la lutte contre l’analphabétisme et la réduction des risques de déviation des enfants fréquentant les foyers coraniques », a déclaré Joerg Meyer.

« Nous avons encore du temps »

Pour l’ambassadeur Tulinabo Mushingi, il n’est pas encore trop tard pour agir et barrer la route à de l’extrémisme violent. Partageant les résultats d’une étude menée avec le CERFI, l’ambassadeur a déclaré qu’il en est ressorti « une image de vulnérabilité ».


Tulinabo Mushingi

Nous avons encore le temps d’agir


De cette vulnérabilité pourrait naître l’extrémisme violent. « Seconde chance », dit-il,  vise à nous éviter d’en arriver là avec l’éducation, l’inclusion, la tolérance, la bonne gouvernance et les opportunités.

« Nous avons encore du temps », ajoute-t-il. Du temps pour se serrer les coudes et agir ensemble en faveur de l’éducation de tous les enfants, gage d’un développement humain durable dans un monde de paix débarrassé des actes d’une certaine cruauté.

Oui Koueta

Burkina24


Les maîtres coraniques n'étaient pas en reste. Ici une remise symbolique de matériel par les partenaires financiers que sont les ambassades des Etats Unis et d'Allemagne.

Les maîtres coraniques n’étaient pas en reste. Ici une remise symbolique de matériel par les partenaires financiers que sont les ambassades des Etats Unis et d’Allemagne.

Le ministre de l'éducation (tout sourire) en voyant un enfant talibé lire en mooré à partir des caractères arabes.
Le ministre de l’éducation (tout sourire) en voyant un enfant talibé lire en mooré à partir des caractères arabes.
Justin S. Somé, gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun et la présidente de l'association IQRA ont remis des extraits de naissance à deux enfants en âge d'aller à l'école et qui n'en disposait toujours pas.
Justin S. Somé, gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun et la présidente de l’association IQRA ont remis des extraits de naissance à deux enfants en âge d’aller à l’école et qui n’en disposait toujours pas.
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Oui Koueta

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