Etats généraux des hôpitaux publics : « Notre contribution »

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Dans cette déclaration, ce citoyen apporte sa contribution aux états généraux sur les hôpitaux publics que compte organiser le gouvernement burkinabè.

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Dans le cadre des «Etats généraux des hôpitaux publics qui auront lieu du 4 au 7 juillet 2016», nous avons jugé nécessaire d’apporter notre modeste contribution en vue du renforcement de la réflexion sur le sous thème de «la politique nationale de l’équipement et de maintenance dans les hôpitaux».

Nous avons pèle mêle choisi d’aborder quelques sujets que nous jugeons essentiels et qui, s’ils sont bien cernés et mis en œuvre peuvent grandement et durablement contribuer à une bonne marche de nos hôpitaux.

 Il s’agit dans un premier temps de la problématique de disposer d’un plateau technique en parfait état de marche en tout temps, en deuxième lieu la mise à disposition des ressources humaines capables d’avoir la maîtrise complète de la technologie biomédicale et de l’utilisation des équipements, en troisième position comment résoudre les problèmes de stérilisation des matériels médicaux qui se sont toujours posés avec acuité. Dans le même ordre d’idée nous esquissons une solution pour l’incinération des déchets biomédicaux et en dernière position la nécessité d’avoir un budget minimum pour la maintenance des équipements médicaux.

  • Dans un hôpital, toutes les disciplines de la médecine, à quelque niveau que

ce soit utilisent les équipements médicotechniques qui forment  le plateau  technique et qui jouent un rôle majeur dans l’aide au diagnostic et à la thérapie. Ils représentent le plus souvent un investissement considérable.

Le personnel utilisateur doit pouvoir disposer, à tout moment et en toutes circonstances de matériels et équipements médicaux en parfait état de marche. Or à ce niveau il y a un abîme au Burkina Faso.

Dans nos hôpitaux les appareils sont mal utilisés, malmenés et mal entretenus par des utilisateurs non motivés venant d’horizon divers et le plus souvent avec peu ou pas de compétences de proximité pour les réparations en cas de panne. Cette situation va encore perdurer si une solution durable n’est pas trouvée. Alors que faire?

La solution la meilleure est de  trouver une formule pour empêcher l’appareil médical de tomber en panne ou du moins de limiter la fréquence de ses pannes. L’appareil médical ne supporte pas d’être malmené par des personnes multiples et diverses.

 Il n’est pas comme une bicyclette que n’importe qui peut emprunter pour ses courses et ramener. A ce niveau également, la meilleure solution consiste non seulement à spécialiser les utilisateurs mais aussi à empêcher la mobilité de ce personnel utilisateur des appareils.

D’abord comment faire pour limiter la mobilité du personnel? D’une manière générale, le fonctionnaire burkinabé en début de carrière et plus généralement en fin de carrière, préfère s’installer dans l’ordre dans la capitale, dans les grandes villes ou dans sa région d’origine.

 D’où le mouvement perpétuel de personnel qui s’observe et qui perturbe certains services des hôpitaux à un moment donné de l’année avec des départs et de nouveaux venus qui mettent à mal l’utilisation des appareils. Alors pourquoi ne ferons-nous pas comme en Europe pour fixer nos fonctionnaires? Par exemple en France, il est difficile de rencontrer un fonctionnaire breton ailleurs qu’en Bretagne. Sans être du régionalisme, cette formule de régionalisation des ressources humaines est une émulation intense pour booster les régions partant tout le pays.

 La Bretagne est la région la plus puissance et la plus en pointe  en matière de recherche scientifique, technologique et médicinale qui profite à toute la France ainsi qu’à l’Europe.  Il en est de même pour l’Alsace.

  • Concernant la mise à disposition des personnels spécialisés de haut niveau

technologique pour l’opérationnalisation de nos programmes d’activités, le Burkina Faso a besoin d’aller à l’école du président visionnaire Patrice Talon du Benin. Le président Talon après son élection et après un diagnostic sans appel de l’existant dans son pays pour la mise en œuvre de sa politique de développement, a conclu que son pays le Benin est un désert de compétences (bien sûr, il ne s’agit pas ici de compétences littéraires) qui pourrait l’empêcher d’atteindre ses objectifs et qu’il  faille former ses compatriotes à tous les niveaux de compétences pour lesquels il fait appel à l’aide d’une puissance technologique en l’occurrence la France.

Cette vérité criarde a touché à l’amour propre de ses compatriotes qui se sont offusqués notamment sur les réseaux sociaux, alors qu’il a dit toute la vérité, rien que la vérité. Cela est valable pour toute l’Afrique notamment la partie subsaharienne dont notre pays le Burkina Faso. Notre pays est un désert de compétences et  doit suivre l’exemple du Benin s’il veut réellement sortir de la médiocrité pour un développement véritable.

Il ne sert à rien de se voiler la face sur cet aspect des choses. Il est absolument nécessaire de former les personnels cadres burkinabé sur les segments de pointe. C’est pourquoi le Burkina Faso a commis une grave erreur en mettant à mort la Direction des Infrastructures, des Equipements et de la Maintenance (DIEM) qui constituait une structure centrale de haut niveau de service public de gestion des équipements biomédicaux, des infrastructures de santé et de la maintenance biomédicale, de maitrise de la technologie biomédicale pour le Burkina Faso  et de formation d’une pépinière de techniciens biomédicaux pour nos formations sanitaires. Cette structure avait déjà une parfaite maîtrise du patrimoine infrastructurel et matériel du ministère de la santé. Cette malheureuse initiative est l’œuvre de gens médiocres dont la finalité est leur égoïsme et leur «tube disgestivisme»  dans la prise d’une décision aberrante  de dissoudre une telle structure vitale pour notre pays.

 A noter que le même format de structure existe partout en Afrique, dans tous les pays qu’ils soient anglophones, francophones, arabophones ou lusophones avec généralement le soutien de PTF de pays développés qui y envoient de coopérants techniques pour épauler ces structures, ce qui contribue à un transfert de compétences technologiques et de gestion de ces pays développés vers les pays en voie de développement. En conséquence, le Burkina Faso a un devoir impérieux de se réapproprier cette structure-là.

Par ailleurs, il est important de lever une certaine confusion généralement entretenue dans certains milieux, les uns de bonne foi et les autres pour noyer le poisson dans l’eau. Contrairement à ce que d’aucuns peuvent penser, il ne suffit pas de prendre un ingénieur électronicien ou électricien/électromécanicien  et jeter dans l’appareillage biomédical pour qu’il devienne un ingénieur biomédical. Mais non, non et non. Cela n’est qu’une caricature de bon aloi de l’ingénieur biomédical.

«Le bois peut séjourner  cent (100) ans dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman» comme le dirait l’écrivain Seydou Badian. Mais alors qu’est-ce que l’ingénierie biomédicale?  L’ingénierie biomédicale est une nouvelle discipline possédant une double culture technique et médicale formant le génie biomédical. Elle est une application  des principes et des techniques de l’ingénierie dans le domaine médical visant au contrôle des systèmes biologiques ou au développement d’appareils servant au diagnostic et au traitement des patients (thérapie).

 Ce domaine est donc un mélange de médecine, de biologie, d’ingénierie et de physique.  Ses fonctions et activités englobent la conception et la recherche, la fabrication et la commercialisation du matériel biomédical, le conseil à l’achat, l’installation et la mise en œuvre d’équipements biomédicaux, la maintenance et le management de la maintenance, la mise au point d’équipement et la formation des utilisateurs d’équipements biomédicaux etc.

  • L’autre aspect qui mérite d’être pris en compte pour un bon fonctionnement

des hôpitaux, c’est le système de stérilisation pour le compte des blocs opératoires et autres laboratoires en vue de réduire l’occurrence des infections à l’hôpital. Au Burkina Faso, tous les hôpitaux qu’ils soient nationaux ou régionaux sont de vrais cimetières d’appareils de stérilisation (autoclaves) tous modèles confondus.

Le Centre Hospitalier Universitaire Souro Sanou (CHUSS) détient la palme. Certains appareils y ont eu moins d’une année de vie pour une prévision de sept (7) ans. On rencontre des épaves d’autoclaves dans certains coins de cet hôpital. A ce niveau nous proposons la solution des systèmes de stérilisation centrale dans chaque chef-lieu de région. A titre d’exemple une seule stérilisation centrale suffit largement pour toute la ville de Ouagadougou avec un personnel spécialisé bien formé pour l’utilisation et la maintenance des autoclaves de grandes capacités. En Europe des hôpitaux s’associent pour  créer la stérilisation centrale et ça marche très bien. La dissémination des autoclaves dans plusieurs services d’un hôpital est contreproductive avec en plus des dangers d’explosions qui peuvent intervenir à tout moment.

De plus, l’autoclave consomme beaucoup le courant électrique au cours de son fonctionnement intermittent et cela perturbe le fonctionnement des autres appareils qui sont dans les environs notamment les appareils de laboratoire qui peuvent  en être influencés et donner des faux résultats pendant les analyses. La mise en œuvre concrète du système de stérilisation centrale peut prendre la forme des banques de sang actuelles avec une large autonomie de gestion et peut se faire par étape en commençant par Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

  • Dans le même ordre d’idée il n’est pas superflu de se pencher sur

l’incinération des déchets biomédicaux dans nos hôpitaux. Il est aussi souhaitable de mettre en place un centre d’incinération par incinérateur électricité/diesel par région avec un personnel bien formé (utilisateurs, techniciens de maintenance et manipulateurs des déchets biomédicaux).

Une bonne initiative qui s’est révélée finalement malheureuse parce qu’ayant été menée sans une étude préalable d’impact environnemental a été faite par le CNLS-IST qui a doté des officines de santé privées de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso de six (6) incinérateurs électricité/diesel. Or, l’incinérateur électricité/diesel est un gros pollueur de l’environnement en plus de répandre de la cendre sur les toits et les terrasses des maisons environnantes.

Pourtant, il suffisait tout simplement aux responsables du CNLS-IST qui ont peut-être en horreur les conseils avisés des spécialistes, de se rendre au Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles de Gaulle qui a enregistré des plaintes du voisinage à cause de son incinérateur qui inondait la zone de fumée et qui a fini par «fermer boutique», pour avoir la bonne information avant de se décider à l’achat de ces incinérateurs pollueurs et épandeurs de cendre et de maladies (cancer de poumon et autres maladies respiratoires).

A noter que l’incinérateur du CHU Yalgado Ouédraogo n’enregistre pas de plaintes parce que sa fumée se déverse dans une zone inhabitée (forêt Bangreweogo et barrage).  Toujours, comme l’africain ne croit que ce qu’il a vu de ses propres yeux, un autre tour du côté du Centre Médical de la Présidence du Faso à Ouaga 2000 aurait également instruit nos responsables du CNLS-IST qu’ils pouvaient mieux faire.

En effet, cet incinérateur de la présidence du Faso est du même modèle que ceux acquis par le CNLS-IST, mais sa particularité est qu’il est muni d’un système intelligent de filtration de la fumée. Ce système enlève la fumée pour ne laisser passer que l’air, ce qui laisse le voisinage sain et sauf. Ces acquisitions du CNLS-IST ont été sans doute une mauvaise affaire pour une prestigieuse institution ayant vocation de lutter contre la maladie qui se surprend à propager la maladie en pleine agglomération à cause de la négligence de ses agents assermentés qui sont allés trop vite en besogne. De toute évidence, nous sommes d’avis qu’il est de bon  ton que le CNLS-IST pare au plus pressé avant que des plaintes des riverains des sites où ont été installés ses incinérateurs, ne fusent de partout et aussi par devoir de protection de la population.

Enfin, la mise en œuvre des centres d’incinération par chef-lieu de région et à l’écart des centres villes ne doit pas poser de problèmes de financement au ministère de la santé qui peut bénéficier de l’appui de l’ONEA, de l’AFD et de l’OMS qui sont des institutions très sensibles aux problèmes d’assainissement et d’hygiène des hôpitaux et des cités urbaines. En Europe ce sont les mairies en association avec des partenaires privés (syndicats) qui sont chargées de ce volet.

PS : les erreurs commises par le CNLS-IST sont sur le point d’être dupliquées dans nos Centres Régionaux de Transfusion Sanguine (CRTS) par nos amis du PADS qui ont encore la possibilité de se rattraper en menant une étude d’impact environnemental sur les sites avant de poursuivre le processus d’acquisition de ces incinérateurs à problème.

Le ministère de la santé doit scrupuleusement y veiller et même celui de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique. Le système de santé du Burkina Faso doit absolument éviter d’être le dindon de la farce, «éradiquer la maladie par-ci et semer la maladie par-là».

  • On peut noter aussi en dernière analyse, l’inexistence de budgets de

maintenance des équipements médicaux dans nos hôpitaux. A titre d’exemple, l’appareil de radiographie du centre hospitalier régional de Fada N’Gourma est resté plus d’une année non fonctionnel faute de budget de maintenance pour l’achat d’une carte électronique pour sa réparation.

 Mais paradoxalement, les ordinateurs, les climatiseurs et le parc automobile sont dotés de budget de maintenance. Il est donc souhaitable qu’un budget pour la maintenance des appareils médicaux soit pris en compte dans les budgets annuels des hôpitaux, le CHUSS de Bobo-Dioulasso est un bon exemple en la matière.

  • Un autre sujet qui mérite une réflexion qui est en lien avec le sous thème cité

plus haut, en sa partie «politique nationale de l’équipement» mais qui n’a pas été développé dans cette contribution, indique de tenir désormais compte de l’application des règles du droit de la santé relativement à l’imputation de la faute technique et de la responsabilité juridique à l’hôpital qui demande une traçabilité de tout le processus d’acquisition des équipements jusqu’à l’utilisation. En somme qui a fait quoi et pourquoi?

Telle est notre contribution qui correspond à notre domaine de compétence pour des hôpitaux efficients pour le bonheur de nos populations.

Guetwindé Norbert CONCOBO

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