CHR de Tenkodogo : Une opération caisse vide en cours

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Le bras de fer se poursuit toujours entre le personnel du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) et l’administration du Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo. Après des mouvements de grève qui ont abouti à des concessions, le syndicat qui se dit toujours insatisfait a adopté une nouvelle forme de protestation : l’opération caisse vide. Cette opération en vigueur depuis le 18 mai 2016 consiste à administrer gratuitement des soins aux patients. Ce méli-mélo a fait que les mesures gouvernementales, notamment la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes n’a pas encore commencé au sein de l’établissement.

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En cette matinée du  9 juin 2016, le Centre hospitalier régional de Tenkodogo, comme à son accoutumée, fourmille de monde. Sous le hall des services de la maternité, des femmes et quelques rares hommes devisent. De l’autre côté des services de la pédiatrie, des accompagnateurs sont dispersés le long de l’allée. Un peu plus loin, un groupe d’agents de santé, essentiellement des femmes, est assis en train de converser. Quelques minutes après, un homme en blouse vient les prendre en aparté dans une des salles du bâtiment au-devant duquel elles sont assises. Il s’agit du secrétaire général du SYNTSHA, Mathias Guitanga.

Pendant ce temps, les accompagnateurs des malades défilent dans les allées des bâtiments, qui pour aller payer des produits à la pharmacie, qui pour chercher du petit-déjeuner. Nous accostons un couple qui venait de finir la consultation pour lui arracher quelques mots.

2)Issaka Zabsonré, accompagnant d’un malade sexagénaire: "On a fait des examens mais on n'a rien payé"
Issaka Zabsonré, accompagnant d’un malade sexagénaire: « On a fait des examens mais on n’a rien payé »

« Effectivement la consultation a été gratuite mais je suis en train d’aller à la pharmacie pour payer les produits prescrits ; donc pour le moment je ne sais pas si là-bas sera gratuit ou payant », nous confie Elisabeth Segda, bébé au dos. A la suite de cela, le SG du syndicat nous reçoit dans un bureau pour le rendez-vous que nous lui avons demandé.

Avec la présence d’un de ses camarades syndiqué, il nous briefe l’historique du mouvement : « A l’issue de la grève de 48 heures des 5 et 6 avril derniers, il y a eu des échanges avec le Conseil d’administration. Aucun protocole n’a été signé, parce qu’aucun point n’a été satisfait. Après, on est revenu avec un autre préavis de grève de 72 heures les 26, 27 et 28 avril. Il y a eu également des rencontres auxquelles le Secrétaire général du ministère a participé. Nous attendions qu’un protocole d’accord soit signé mais ça n’a pas été le cas ».

Des concessions faites par l’administration…

En rappel, la plateforme revendicative du personnel syndical tourne autour de trois points principaux (cf. encadré).

Et pourtant sur ces points, le Président du Conseil d’administration, Romial Sawadogo, par ailleurs Directeur régional de la santé du Centre-Est dit avoir fait des concessions. Il estime pour sa part que l’administration a apporté des solutions sur beaucoup de points. « Par exemple ils ont parlé de l’insuffisance en personnel […] la dernière affectation que moi-même j’ai signée,  j’ai envoyé 11 agents au CHR. Le ministère vient d’envoyer un gynécologue, j’ai discuté avec la hiérarchie qui promet que d’ici là, on aura deux médecins spécialistes qui vont venir s’ajouter. Aussi, sur les fonds propres de l’hôpital, ils vont recruter plus de 10 agents. Même pour les réactifs, entre les besoins de 2015 et de 2016, on a augmenté de 7% le montant qui est destiné à cela. Au niveau de la comptabilité, il y a eu un changement d’agent comptable », s’époumone le PCA.

Mathias Guitanga, à son niveau, persiste qu’à l’heure actuelle, les conditions de travail ne sont pas au top : « on n’a pas de matériel pour travailler. Les services n’ont pas de gants pour travailler, il faut envoyer le patient aller payer pourtant ce n’était pas le cas ; parce que les tarifs (ndlr :de consultation) inclut les gants. Il y a des ruptures fréquentes en imagerie et au laboratoire. On n’avait plus d’ambulance par manque de pneumatique. C’est le district qui nous aidait pour faire nos évacuations… ».

3)	Le SG du SYNTSHA/Boulgou Mathias Guitanga : ‘’On a reculé alors que son contrat c’était pour faire progresser le CHR’’

Visiblement, tout porte à croire que le fond du problème demeure la question du Directeur général du CHR.  Puisque le personnel syndical ne veut plus exécuter tout ordre venant de lui, prétextant que son contrat est fini depuis le mois de février. Mathias Guitanga et ses camarades estiment qu’au cours du premier mandat de Constant Dahourou, le CHR a « reculé » et au même moment, il y a eu «  des malversations financières sous sa coupe » sans que rien ne soit fait.

A propos de cette malversation, un nouvel agent comptable a été nommé en conseil des ministres du 25 mai dernier en remplacement de l’ancien. Alors, du moment où l’agent comptable a été remplacé est-ce qu’il n’y a pas lieu de ne plus réclamer le départ du DG ?

5 jours de sit-in en perspective

Que nenni ! Rétorque le SG du SYNTSHA/Boulgou. « Puisque les malversations financières ont été observées sous sa direction. Il n’y a pas de raison qu’on enlève l’autre et qu’on le laisse ». « Si on l’a interpellé depuis 2013, poursuit-il, et que c’est en 2016 qu’il prend sa responsabilité d’écrire au Trésor pour dire que tu n’as plus confiance en la personne c’est que tu as été complice à un certain moment ».

Le DR de la Santé s’étonne toujours qu’on en veuille à la tête du DG. Pour lui, Constant Douhourou a été soumis à une évaluation qui lui a permis d’être reconduit. « En son temps, il n’y avait pas de problème ; parce que nous avons fait l’évaluation en janvier. Vous conviendrez avec moi qu’en janvier au CHR il n’y avait pas de problème. Puisque s’il y avait des problèmes, même si la note était bonne on allait dire que le climat social n’était pas bon. […]C’est au moment où on s’apprêtait à lui donner une nouvelle feuille de route que les plateformes ont commencé à tomber. »

Dans ce contexte de dialogue de sourds, la mesure prise par le gouvernement pour rendre  les soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes n’a pas encore vu le jour au sein de l’hôpital régional. Aux dernières nouvelles, les choses semblent rentrer dans l’ordre pour ce qui concerne la gratuité. Le PCA a assuré que plus d’une cinquantaine de personnels du CHR a suivi une formation dans le sens de commencer à appliquer la gratuité.

Mais pour ce qui est de la plateforme du syndicat, le ton se durcit. Le bureau du SYNTSHA appelle les travailleurs à un sit-in à partir de ce lundi 13 juin jusqu’au vendredi 18 juin 2016. Des sit-in de 7h à 10h pour appuyer l’opération caisse vide.

Martin OUEDRAOGO

Correspondant de Burkina24 à Tenkodogo


Plateforme revendicative du personnel SYNTSHA du CHR

  1. DES CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL
  2. Améliorer la gestion des consommables, réactifs et médicaments face aux ruptures fréquemment enregistrées ;
  3. Améliorer les évacuations sanitaires par la réduction du temps d’attente de l’ambulance ;
  4. Renforcer le CHR en personnel.
  5. DE LA GESTION DES RECETTES DU CHR
  6. Donner une suite au rapport des travaux de vérification de quittances manuelles de 2013 qui a révélé des malversations financières ;
  7. Auditer la pharmacie pour mieux comprendre le déficit de fonctionnement ;
  8. Relever l’agent comptable de ses fonctions avec audit de sa gestion.
  • DE LA MOTIVATION DU PERSONNEL
  1. Elaborer un plan de carrière pour le personnel contractuel du CHR ;
  2. Nommer un Directeur Général par intérim à la date du 18 février 2016, date de fin du contrat de l’ancien Directeur Général ;
  3. Arrêter le recrutement/Renouvellement tacite du contrat du Directeur Général au CHR de Tenkodogo.

 

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