Le Regard de Monica : Oui, les produits burkinabè sont aimés à l’extérieur !

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Le Regard de Monica est chronique de Burkina24 qui est animée chaque jeudi par Monica Rinaldi, une Italienne vivant au Burkina. Cette chronique traite de sujets liés aux femmes, à la consommation locale et aux faits de société.

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Le Burkina Faso est une terre agricole. Plus de 4/5 de sa population est employée dans le secteur rural, qui représente plus d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) du Pays. Malheureusement, notre production reste prioritairement orientée à la consommation interne – souvent à l’autoconsommation – ce qui est naturel si l’on considère que l’enjeu de la sécurité alimentaire n’est pas encore résolu.

Toutefois, des expériences de transformation de quelques produits de notre terre existent, dont certaines à l’échelle industrielle ou semi-industrielle, même si la plupart reste limitée à la dimension artisanale.

Ceux-ci généralement connaissent un bon succès parmi les consommateurs burkinabè qui, de plus en plus, prennent conscience du fait que les produits issus de notre territoire offrent des meilleures garanties de qualité par rapport à certains équivalents importés à bon marché. Mais qu’en est-il du consommateur extérieur ?

« Des produits au goût franc »

De plus en plus d’étrangers visitent le Burkina Faso – soit pour des raisons professionnelles ou de tourisme à différent titres ; il est donc inévitable qu’ils essayent certaines de nos spécialités – alimentaires et non. Beaucoup d’entre eux repartent même avec des petits échantillons, histoire de les présenter à leurs proches ou tout simplement d’emmener avec soi un petit souvenir de notre Pays.

Des mangues séchées (ou fraîches pendant la saison), du beurre de karité naturel, des cacahouètes, du miel, des confitures, du savon à base de karité, du pagne tissé en bandes ou cousu sous plusieurs formes (notamment du linge de maison), du sésame, des noix d’acajou… La liste des produits de notre territoire qui sont appréciés par nos visiteurs étrangers est longue.

« À chaque fois que je vais au Burkina, je reviens avec du beurre de karité naturel, que j’offre à mes amies. C’est extraordinaire pour la peau, surtout avec le froid ou comme après-soleil. En Europe,  les pommades de karité coûtent excessivement chères (5.000 à 15.000 francs le pot, Ndlr) et quand on regarde la composition, l’on s’aperçoit qu’il y a des rajouts d’autres substances » me dit une dame sur sa cinquantaine.

« Dans les produits que je ramène du Burkina, je retrouve un goût franc et véritable que je ne trouve pas dans leurs équivalents qu’on vend dans nos supermarchés. Les mangues, les arachides et les acajous que je trouve au supermarché viennent de l’Amérique latine et ont souvent été traités ou trop sophistiqués – le goût n’est plus le même », rajoute un homme ayant passé la soixantaine.

« Moi, j’ai particulièrement apprécié le jus de mangue qu’on trouve partout, c’est vraiment naturel. Ce serait vraiment bien si l’on pouvait faire des jus à base de tous les fruits que l’on trouve, et surtout si ces jus pouvaient arriver chez nous »,  renchérit une autre dame.

Aux dires de ces quelques personnes que nous avons rencontrées, il existerait un intérêt du consommateur européen pour des produits « tropicaux » différents de ce qu’il est possible de trouver habituellement. Certainement, il s’agirait d’un marché de niche, réservé à cette portion de la population ayant la curiosité d’essayer des goûts inhabituels sous des emballages qu’ils n’ont pas l’habitude de voir.

Évidemment, nous rappellent ceux-ci, il y a plusieurs critères : le consommateur européen a besoin d’être rassuré qu’il s’agit de produits de qualité, contrôlés et sûrs, sans oublier la dimension économique – pour ceux qui ne connaissent pas notre Pays, voir l’écriture « Fabriqué au Burkina Faso » n’est pas forcément une marque de garantie telle à justifier un prix plus élevé.

Est-ce un marché possible ?

Effectivement, le pas entre l’exportation par des particuliers qui veulent ramener un peu de Burkina chez eux et l’exportation à l’échelle commerciale par des canaux plus ou moins traditionnels n’est pas chose aisée. Les règlements du marché européen sont très stricts et les produits qui y sont admis doivent respecter une longue liste de standards, vérifiés par des contrôles à la source et à l’arrivée dont le coût et le matériel nécessaire à les effectuer n’est pas à la portée de tous.

En outre, une fois les produits éventuellement arrivés sur les marchés, la concurrence est très forte – comme écrit plus haut, un consommateur européen « lambda » ne verra pas forcément une différence entre des cacahouètes sud-américaines et des cacahouètes burkinabè, en même temps exporter des produits à moindre prix jouerait sur leur qualité, risquant de faire coller à nos exportations commerciales le label de « moins cher et de faible qualité ».

Reste-t-il néanmoins que dans les valises des voyageurs il y a de plus en plus de produits issus de l’agriculture burkinabè : non seulement des étrangers qui viennent en visite mais aussi des Burkinabè qui, en allant à l’extérieur, ont le plaisir d’offrir à leurs amis et parents quelques échantillons de notre terre. Souvent même « à la demande » car il arrive que l’on te dise « si tu viens, emmène-moi du beurre de karité et des mangues séchées s’il te plaît… ».

Des réflexions à conduire

Si l’exportation commerciale de nos produits transformés n’est peut-être pas pour aujourd’hui, leur promotion à l’intérieur de nos frontières est de plus en plus d’actualité. Les derniers scandales sur la sophistication alimentaire ont révolté les Burkinabè qui se posent désormais des questions devant un produit importé dont ils ne connaissent pas vraiment l’origine ou les conditions de conservation.

C’est l’occasion pour nos producteurs de recouper leur espace dans les goûts et les paniers des consommateurs…

Monica RINALDI

Chroniqueuse pour Burkina24

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