Tribune – «Se débarrasser du F CFA ? Oui et après on fait quoi ?»

publicite

Dr. Bienvenu-Magloire Quenum se pose des questions sur l’après F CFA.


Des manifestations ont eu lieu le 7 janvier 2017 dans les 15 capitales des pays ayant le franc CFA comme monnaie commune, en Afrique centrale et en Afrique de l’ouest, sauf au Togo, où les autorités gouvernementales les ont interdites. Paris, Bruxelles et Londres étaient aussi de la partie pour protester contre le maintien du FCFA – vu comme un vestige de la colonisation.

La suite après cette publicité

Cet article n’est pas pour décrire le FCFA et ses tares qui sont bien connues: La main mise par les autorités françaises sur le processus de développement économique des pays de la zone CFA, et les conditions exorbitantes imposées aux pays africains pour garantir la gestion de la monnaie commune par le trésor français.

Donc, malgré quelques réticences de certains décideurs africains qui veulent sauvegarder leur gagne pain et perpétuer l’existence de cette monnaie prédatrice, les élites africaines s’éveillent de plus en plus et exigent sa disparition.

L’auteur de cet article abonde dans le même sens, mais pose la question de savoir qu’est ce qu’on fait une fois le Franc CFA éliminé?

L’argument des opposants à la disparition du F CFA

L’argument principal des opposants à la disparition du FCFA, ce décline comme suit: Les pays qui ont leur propre monnaie, tel que le Nigéria, le Ghana, la Sierra Leone, le Liberia (quoi que ce soit un cas à part), la Gambie ne font pas mieux au point de vue croissance et développement économique que les pays de la zone CFA.

C’est vrai, mais il faut aller plus loin et se poser la question de savoir pourquoi il en est ainsi. Alors posons-nous cette question en discutant du système des Banques Centrales.

Le mode de fonctionnement des banques centrales

La monnaie des pays de la zone CFA est émise par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque Centrale de l’Afrique Centrale (BCEAC). Celles des autres pays africains par leur banque centrale respective.

Donc en apparence, ces diverses banques centrales, celles de la zone CFA et les autres n’ont rien en commun, par le fait qu’elles apparaissent comme des entités juridiques séparées. Bien qu’elles aient ceci en commun de ne pas être des entités juridiques ‘appartenant’ aux états, mais appartiennent à des intérêts privés – et émettent la monnaie du pays concerné et « loue » cette monnaie à l’état contre paiement d’intérêts. Il faut retenir que la monnaie émise est louée/prêtée à l’état concerné contre paiement d’intérêts.

Le taux de session de cette monnaie aux banques commerciales et aux banques dites de développement (donc aux états) se situe le plus souvent entre 5%-8%. Ce qui explique que ces banques pratiquent elles mêmes des taux de cession, à leurs clients, supérieurs à 8%. Des taux usuriers de l’ordre de 15%-17% sont courants en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale.

Quel développement de l’économie peut-on espérer avec de tels taux d’intérêts? Les entreprises sont suffoquées dès le départ car le prix de leurs productions ne résiste pas à la concurrence des produits importés.

Toutes les banques centrales du monde fonctionnent sur le même modèle

 

Toutes les banques centrales du monde fonctionnent sur le même modèle institué par la Banque d’Angleterre et sont interalliées – sauf les Banques Centrales de la République Arabe Syrienne, celle de la République islamique d’Iran et celle de la Corée du Nord qui sont des banques centrales indépendantes – actionnaires étranger. Les trois pays qui sont vilipendés et agressés en permanence.

Les taux d’intérêts charges par les banques centrales – Est-ce acceptable ?

 

Que font exactement les banques centrales? Elles impriment la monnaie, le distribue à l’Etat ou aux clients privés sous forme de crédits et chargent des intérêts exorbitants pour le remboursement.

Trouvez-vous normal que des taux d’intérêt de l’ordre de 8% à 17% soient la norme? Quand vous obtenez un prêt d’une banque, que fait le préposé à la gestion du prêt au niveau de la banque? Il ouvre un compte débiteur au nom de l’Etat ou du client privé sur son écran d’ordinateur, et VLAN, pour ce service exige des taux d’intérêts de l’ordre de 17%. Normal? Non. C’est de la pure arnaque.

Remarquez qu’en ce qui concerne l’arnaque, il y a pire que le F CFA.

 

En effet lorsque vous entendez parler de la RESERVE FEDERALE AMERICAINE – vous pensez que c’est la Banque Centrale Américaine. Oui? Que nenni. La Reserve Fédérale n’appartient pas aux Etats Unis d’Amérique. C’est une entité juridique indépendante des USA, qui appartient à des intérêts privés européens, des banques privées européennes. Et cette arnaque gigantesque dure depuis 1913 année de la création de la Reserve Fédérale. Dito pour la Banque Centrale de la République d’Afrique du Sud. Elle appartient aussi à des intérêts privés—européens en majorité.

Donc se débarrasser du F CFA tout seul et mettre en place une monnaie régionale/nationale africaine ne résout rien du tout

Les indications précédentes sont pour mettre en exergue le fait que se débarrasser du Franc CFA et émettre une monnaie régionale/nationale basée sur le système de banques centrales tel qu’il existe actuellement ne va pas accélérer le développement du continent.

C’est pour n’avoir pas perçu ou pas voulu s’attaquer au mode de fonctionnement de la banque centrale de Guinée que la Guinée Conakry n’a pu décoller en 1958 – bien qu’étant doté de réserves minérales considérables. En effet, lorsqu’elle a votée NON au référendum de septembre 1958, la Guinée est devenue sur le champ indépendante et c’est retrouvée du jour au lendemain sans monnaie, la ‘jouissance’ du F CFA lui ayant été retirée illico par les autorités françaises. Il a fallu que les autorités guinéennes parent au plus pressé, en créant la monnaie nationale, le SILLY.

Mais le Silly devait opérer dans un environnement financier international vicié, dominé par le système des banques centrales. Même chose pour les pays ayant leur propre monnaie, le Ghana, la Gambie, le Nigéria. Etc.

L’on peut donc prédire l’échec, sans aucune marge d’erreur, pour la monnaie unique de la CEDEAO, si elle voit le jour, et fonctionne sur le modèle des Banques Centrales, tel que décrit plus haut, pratiquant des taux d’intérêts usuriers. 

Alors que faire?

 

Des générations d’activistes ont tenté en vain, pendant des décennies, de modifier le système financier prédateur méthodiquement mis en place et diaboliquement maintenu en service par les puissances dominantes de l’Europe et de l’Amérique.

Le contexte géoponique, dominé par la toute puissance de l’Amérique, leur était défavorable.

Mais ce contexte géopolitique unipolaire s’est progressivement érodé depuis la crise financière de 2008, pour devenir progressivement multipolaire. C’est à dire que des pôles de décision économiques et politiques on vu le jour pour contester la puissance de l’Amérique.

Les états qui le veulent bien ont maintenant le choix entre les dicta du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (entités dominées par ceux qui ont mis en place le système prédateur des banques centrale) et l’ASIAN INFRASTRUCTUREAND INVESTMENT BANK AIIB / La Banque Asiatique Pour Les Infrastructures et l’investissement mis en place par la République Populaire ce Chine.

Pour le transfert des fonds, les états qui le veulent bien peuvent choisir entre le système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) dirigés par les puissances occidentales et le CIPS – China Interbank Payment System – Le système de paiement interbanque chinois.

Ces deux structures, la CIPS et l’Asian Infrastructure and Investment Bank, changent de façon drastique le système monétaire international en faveur des pays émergents.

Donc continueront à rester sous la coupe du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale, les états émergents qui le veulent bien.

Tout cela veut dire qu’il est maintenant possible de sortir du carcan des banques centrales prédatrices

 Donc au vu des indications du paragraphe précédent, il est possible de sortir du carcan des banques centrales prédatrices, en instituant des Banques Centrales D’Etat, qui appartiennent à la Nation, et qui ne chargent pas des taux d’intérêts exorbitants.

Ces banques Centrales D’Etat deviennent alors de véritables banques de développement:

– Elles émettent la monnaie pour l’Etat, sans Intérêts.
– L’Etat utilise la monnaie pour la mise en place des infrastructures, routes, ponts, barrages, aéroports, universités, écoles, hôpitaux. Etc. – en donnant des crédits aux entrepreneurs à très faible taux d’intérêts, de l’ordre de 0.5%. L’état s’y retrouve en amont quand ces entreprises payent des taxes et l’impôt.
– Accorde des crédits d’achat d’équipement aux entrepreneurs privés et aux artisans à des taux faibles de l’ordre de 0.5%. Ces entrepreneurs paieront en amont des taxes et des impôts.
– Octroie des crédits opérationnels aux entrepreneurs locaux, aux artisans à des taux faibles de l’ordre de 1%.
– Donne des crédits d’équipement aux particuliers, construction de maisons, équipement des maisons. Etc. – à des taux faibles de l’ordre de 0.5%. En conséquence, Il y aura un boom de la consommation.
– Donne des crédits d’achat de semences aux agriculteurs à un taux d’intérêts ZERO. Et des crédits d’équipement agricole à des taux faibles de l’ordre de 0.5%. Une production agricole abondante s’en suivrait. Les paysans en amont paieront des impôts de l’ordre de 5-10% l’an.

De l’utopie tout cela?

Pas du tout, c’est comme cela que les pays comme l’Australie et la Nouvelle Zélande se sont équipés en routes, en ponts, en barrages, en écoles, en universités. Etc. – à partir de la fin du 19 ème siècle jusqu’au milieu du vingtième, avant que les sbires des prédateurs ne se pointent et mettent fin à cette « hérésie ». Faites des recherches sur Internet.

Le développement économique n’est pas une question de monnaie forte ou faible. Distribuer de la monnaie ne résout rien. Il faut qu’il y ait productivité. Le développement c’est la productivité des populations. L’argent doit circuler, c’est à dire que les populations doivent recevoir des crédits à faible taux d’intérêts pour produire des biens à valeur ajoutée compétitive par rapport aux produits importés, et vendre pour accroitre leur part de richesses.

Ceux qui recevront du crédit et resteront non-productif vont vite déchanter. Il faut bien qu’ils mangent, s’habillent et se soignent. S’ils ne font rien leur crédit s’épuisera à grande vitesse et ils demeureront pauvres.
Sur quoi garantir la monnaie commune africaine?

Sur le cuivre, l’or, le manganèse, le fer, le pétrole, le bois des forêts d’Afrique centrale, le platine. Etc.

Ces ressources naturelles seront les garantes d’une monnaie saine pour éviter des émissions de monnaie ad infinitum – source d’inflation.

La République du Gabon peut à elle toute seule garantir la monnaie unique en Afrique centrale. Nul besoin d’aller déposer les avoirs extérieurs entre 50%-65% auprès du trésor français – et ensuite emprunter cet argent de nouveau auprès de la France à des taux usuriers – sans voir sur le plan local la couleur de l’argent.

La République Démocratique du Congo, en association avec l’Afrique du Sud et le Nigéria peuvent garantir la monnaie commune de tout le continent.

Conclusion

 

La conclusion de ce bref article nous amène à constater que pour que la mise à « mort » du F CFA soit bénéfique aux peuples africains, il faut aussi se débarrasser des banques centrales « classiques ». Créer des Banques Centrales d’Etat, de véritables Banques de développement.

Pour ce faire, point n’est besoin d’études de faisabilité sophistiquées. La volonté politique seule suffira; et tout peut se mettre en place en SIX MOIS max. Des experts existent qui peuvent apporter des conseils pratiques.

Deux experts sortent du lot. Une américaine, Madame Ellen Brown de la Publicbankinginstitute.org;  et  un citoyen sud-africain, Monsieur Stephen Mitford Goodson, qui a travaillé comme cadre supérieur à la Banque Centrale Sud-Africaine, et qui de l’intérieur a décortiqué de fond en comble le principe de fonctionnement des banques centrales prédatrices; et proposé des solutions sur comment leur échapper.

Sans oublier des organisations humanitaires qui ont aussi réfléchi au problème de la dette depuis le début du siècle dernier et qui sont prêts à apporter leur contribution à la mise en place des monnaies régionale et nationales.

Dr. Bienvenu-Magloire Quenum
[email protected]


http://businessafrica.net/africabiz/ezine/home.php

Références

https://www.amazon.com/exec/obidos/ASIN/0992736587/africabiz07

http://www.publicbankinginstitute.org/

https://nl.wikipedia.org/wiki/Society_for_Worldwide_Interbank_Financial_Telecommunication

https://search.freefind.com/find.html?si=87984029&pid=r&n=0&_charset_=UTF-8&bcd=%C3%B7&query=Franc+CFA

http://www.businessafrica.net/africabiz/arcvol2/is143front.php

https://www.youtube.com/watch?v=_r9Z-hTn1r4

https://www.youtube.com/watch?v=O99fWf_UIWs

http://tomatobubble.com/id356.html

http://tomatobubble.com/worldwarii.html

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×