Développement de la filière soja : Le Burkina Faso compte sur l’expérience française

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Le Ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques du Burkina Faso, Jacob Ouédraogo, a procédé à la signature le 16 janvier dernier à Paris, d’un protocole d’accord afin de structurer et rendre performante une filière de la culture du soja au Burkina Faso.

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C’est un protocole d’accord tripartite, qui court jusqu’en 2022, négocié et engagé avec la Fondation Avril, reconnue d’utilité publique, et Agropol, une association française regroupant les acteurs des oloéo-protéagineux.

Développer la filière soja présente un intérêt stratégique pour le Burkina Faso. Culture basse, donc de la sphère du travail champêtre des femmes, le soja présente l’avantage de s’adapter aux conditions climatiques difficiles du Burkina Faso.

En réalité, cette légumineuse n’est pas étrangère aux paysans burkinabè, et c’est plutôt sa mise en place comme enjeu économique qui n’est pas encore suffisamment structurée. Présentant l’avantage d’entrer dans l’alimentation humaine, par les divers produits qui peuvent en être tirés come l’huile, le lait dont les Burkinabè se souviennent l’expérimentation sous la Révolution de 1983, mais aussi les brochettes qui achalandent les marchés des villes et campagnes du pays, le soja a le mérite aussi de pouvoir contribuer à l’amélioration de l’élevage, car son tourteau est tout aussi riche en protéines.

Enjeu nutritionnel pour l’homme, de par sa forte teneur en protéine, le soja participe aussi de la protection de l’environnement en ces temps de stress climatique, car son apport en azote contribue à enrichir et conserver les sols sur lesquels il est cultivé.

Devant un tel avantage comparatif face aux autres cultures, le protocole d’accord signé à Paris dégage cinq principaux objectifs à promouvoir, à savoir réduire l’insécurité́ alimentaire et la malnutrition des populations rurales et urbaines par la production d’une alimentation saine et durable, réduire la pauvreté́ rurale par l’amélioration du revenu des agricultrices et des agriculteurs familiaux, promouvoir la création d’emplois pérennes et décents dans les territoires par le développement des activités économiques, artisanales et agro-industrielles, et favoriser la mise en place de systèmes agricoles et alimentaires durables et résilients face aux changements climatiques.

« La protéine fait partie des enjeux des années à venir. Cette matière première nécessaire à la vie et au développement fera l’objet de tension et de disponibilité sur la planète, et il est pertinent que chaque pays et sous-région se préoccupe de ses ressources en protéines, et vous avez cette vision au Burkina Faso », a souligné Gérard Tubery, Président d’Agropol, en marge de la signature du protocole.

La mise en œuvre du protocole vise, de façon concrète, d’ici cinq ans, une production annuelle de 100 000 tonnes de soja au Burkina Faso.

Comment y parvenir

Pour atteindre ces objectifs, les trois parties se sont imposées des obligations. Ainsi, on retiendra que le gouvernement burkinabè, à travers le ministère en charge de l’agriculture, en plus de la mise en place d’un dispositif législatif et règlementaire incitatif, devra promouvoir une étroite collaboration avec les institutions de recherche, dont l’INERA, mais devra surtout intégrer le soja aux programmes d’intrants subventionnés et aux programmes de soutien aux semences.

Quant à Agropol et la Fondation Avril, outre les apports de fonds nécessaire à la mise en œuvre du programme, ils apporteront leur expertise et savoir-faire dans le domaine des oléo-protéagineux. Si en France, c’est principalement le colza et le tournesol qui sont cultivés, il n’en demeure pas moins que leur « filiarisation » peut servir de modèle pour le soja, qui demeure une culture tropicale.

Ce partage d’expérience est un des points forts, qui ont incité la FAO, basée à Rome, à signer en 2012, un accord cadre avec Agropol, pour un soutien aux pays du Sud dans le développement de leurs filières oléo-protéagineuses. Aujourd’hui, le Burkina fait figure de pays pionnier dans la mise en œuvre de cette démarche qui ne manquera pas justement de faire…tâche d’huile.

Pour Mme Alice Anago Sidibé, représentante adjointe du Burkina Faso auprès de la FAO qui a fait le déplacement de Paris pour la circonstance, « c’est un sentiment de satisfaction, mais surtout de fierté, devant cet aboutissement. Les enjeux des oléo-protéagineux, notamment le soja, sont énormes et il s’agit principalement de mieux le structurer en filière. En ce début des Objectifs de Développement Durable, c’est un grand pas que le Burkina fait. »

Pour Philippe Leroux, Directeur général de la fondation Avril « Pour que cela marche, il faut structurer la filière, et en cela, il faut saluer la vision du ministre Jacob Ouédraogo », soulignera.

La structuration de la filière intègre ce qu’ici, en France, les agriculteurs, très organisés, appelle le « capitalisme patient », c’est-à-dire dire l’agriculture comme business, un secteur dont les retours sur investissement s’inscrivent dans la durée. Pour que l’économie agricole soit forte et durable, il faut certes des politiques publiques hardies, mais surtout un engagement visionnaire des acteurs, que sont les agriculteurs et les industriels intéressés à la transformation des produits agricoles.

L’agriculture française, structurée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, se présente comme une agriculture solide et reposant sur des fondamentaux qui lui sont propres. Sont de ces fondamentaux, l’organisation des agriculteurs, tant en syndicats qu’en associations et coopératives, comme par exemple les Groupements agricoles d’exploitation en Commun (GAEC) et les Coopératives d’utilisation de matériels agricoles (CUMA). Dans les CUMA, les agriculteurs mutualisent leurs moyens pour être plus productifs et compétitifs, tandis que les syndicats, dont la puissante FNSEA (Fédération nationale des Syndicats d’exploitants agricoles), sont les vigies de défense des intérêts.

Alors, que peut tirer le Burkina Faso, pays qui cherche ses marques, avec un paysannat qui occupe 80% de la population, et peine à nourrir le pays, de l’expérience organisationnelle française? Le Ministre Jacob Ouédraogo semble voir loin, car pour lui, « nous pouvons nous inspirer de ces modèles pour l’organisation de notre monde rural. Nous n’avons pas la mécanisation telle qu’ici en France, mais nous avons déjà l’opération 100 000 charrues, et c’est déjà un début de mécanisation. Notre volonté c’est d’acquérir des motoculteurs, des tracteurs, afin d’avoir une agriculture forte qui puisse progresser par filière. »

Que ce soit à Paris, Le Mériot, Reims ou Pomacle, Jacob Ouédraogo, qui avait avec lui des chefs d’entreprise travaillant dans le secteur des huiles, pourrait avoir enclenché une nouvelle dynamique dans les politiques agricoles nationales, celle qui consiste à décupler le potentiel de la filière oléo-protéagineuse, principalement le soja.

R.A. BAMBARA

AmbabfPAris

www.ambaburkina-fr.org

 

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Rédaction B24

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