Norbert Bangré dit « Américain », cireur professionnel

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« Petit cireur » hier, aujourd’hui  premier entrepreneur cireur reconnu officiellement au Burkina Faso, Norbert Bangré dit « Américain », est un expert dans le domaine du cuir. Il dirige l’« Entreprise de cirage moderne et divers (ECIMOD)» qui est une société qui excelle dans le domaine de l’entretien et le cirage du cuir. Il s’est prêté aux questions du site Lesaffairesbf, afin de partager son expérience et présenter davantage son entreprise. Aussi donne-t-il son point de vue sur la vision de la jeunesse au Burkina Faso.

Burkina 24 (B24) : Pourquoi on vous appelle « Américain » ?

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Norbert Bangré (NB) : Je m’appelle Norbert Bangré à l’état civil et plus connu sous le nom de « Américain ». On m’appelle Américain parce que j’ai compris la vision des USA. A l’école, quand on a dit que Christophe Colombe a découvert l’Amérique en 1492 et en moins de 6 siècles ils ont impacté le monde. Cela m’a fait comprendre que c’est à travers le travail qu’ils sont arrivés à ce stade.

J’ai compris que c’est le travail qui peut changer la vie d’un homme. Moi, qui suis issu d’une famille pauvre et orphelin de père depuis 7 ans, je vais travailler pour changer ma vie. J’ai commencé à persévérer et à toucher ce que je trouve comme opportunité. Cela m’a conduit à vendre des gâteaux pour payer ma scolarité, à être cireur de chaussures et vendeur d’eau. J’ai le niveau CEP. On m’appelle l’Américain parce que quand j’ai un objectif, je l’atteins toujours quel qu’en soit le prix.

Souvenir de Norbert Bangré vendant l'eau
Souvenir de Norbert Bangré vendant de l’eau

B24 : Comment êtes-vous devenu le premier entrepreneur cireur ?

NB : Depuis la nuit des temps,  le cirage est un métier laissé à lui-même. Les gens n’avaient pas de considération. J’ai commencé dans les années 1996 et à l’époque, c’était des Ghanéens qui faisaient ce boulot. On les appelait des « mastas ». Les gens ne donnaient pas d’importance à ce métier. C’est en 2007 que j’ai mis en place mon entreprise officiellement.

B24 : Qu’est-ce qui vous distingue des autres cireurs ambulants ?

NB : Dans le domaine du cirage, les gens ne connaissent que les chaussures. Mais moi je suis allé au-delà  de ça. J’ai pris des renseignements pour savoir si les salons en cuir que les gens payent sont entretenus. Je me suis rendu compte que le secteur est vierge. Les structures qui importent ces salons n’ont pas les produits d’entretiens.

Américain à l’oeuvre

Burkina24

C’est en ce moment que j’ai commencé à chercher des partenaires. J’ai  suivi des formations en Europe dans ce cadre. L’entreprise de cirage moderne et divers (ECIMOD Sarl) est la toute première entreprise officiellement reconnue dans le domaine du cirage au Burkina Faso. J’entretiens, je répare les rayures, je fais le tannage, le vernissage et le cirage de tous les produits en cuir.

B24 : Qui sont vos clients ?

NB : Mes clients touchent tout détenteur d’un objet en cuir. Mes clients sont en général des gens qui ont fait des grands équipements en cuir et ont besoin du suivi d’un professionnel. Les bureaux des ministres, des directeurs de banque, des sociétés d’Etat, des organisations internationales, des détenteurs de véhicules luxueux, etc. J’assure un suivi professionnel du cuir.

J’ai ciré, entretenu, les chaussures, les salons, les véhicules à la Présidence du Faso et de certains ambassadeurs. Egalement le représentant du FMI à la maison comme au bureau, c’est moi qui m’occupe de tout ce qui est cuir.

B24 : Gagnez-vous votre vie avec ce boulot ?

NB : Je rends grâce à Dieu, parce que le métier de cirage est un métier noble. Ce métier m’a donné beaucoup d’ouvertures. J’ai ciré des chaussures des personnalités que je n’avais jamais imaginé les approcher mais par ce métier;  je côtoie de hautes personnalités. C’est un métier qui nourrit son homme. Il suffit d’aimer ce qu’on fait.

B24 : Quels sont les conditions pour devenir entrepreneur cireur ?

NB : Je dois aller en Europe en février pour une formation approfondie. A mon retour, je vais mettre un centre de formation de cirage et en particulier pour  la gent féminine. Parce que les filles ont l’art d’embellir et entretenir les meubles.

Je suis en train de mettre en place une idée, la « vision horizon 2017-2020 », un projet de sensibilisation et de conscientisation de la jeunesse africaine sur le changement de la mentalité et la valorisation de l’apprentissage des métiers. Je voudrais revaloriser les métiers que les gens trouvaient banals.

70% de la population au Burkina Faso est jeune. Et si on n’arrive pas à vite faire et si les jeunes ne sont pas occupés, ils seront près à toute tentation. Moi ma vision est que chacun puisse avoir quelque chose à faire. En ce moment, ça sera son business qui l’occupera.

B24 : Votre mot de la fin

NB : Je m’adresse à la jeunesse à ne pas être complexée et de ne pas trier les métiers. De «ne pas dire avec mon niveau je ne dois pas faire ça, c’est enterrer son avenir sans le savoir ». La jeunesse est arrivée à un stade où on ne peut plus les forcer. On doit les conscientiser à se soumettre à toute activité pouvant les permettre de vivre.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Burkina 24

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