Saisie judiciaire de la clinique « les Genêts » et mise en vente: Lettre ouverte à monsieur le Président du Faso

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Dans cette tribune, Célestin Badolo plaide pour le sauvetage de la Clinique « les Genêts ».

Certains journaux des moments et de la place font écho de la saisie par voie judiciaire de la mythique et renommée clinique « Les Genêts ». Le mois de février 2017, nous publions une tribune dans laquelle nous en appelions à un changement de cap dans la gouvernance ne serait-ce que dans les secteurs pourvoyeurs de services sociaux de base. La présente adresse reste dans le même ordre d’idées.

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En effet, rien que le dynamisme du mouvement social dans le secteur de la santé, montre à souhait, que les exigences du peuple sont non négociables. La politique sanitaire du pays est bien claire, la volonté manifeste de toutes les parties prenantes à aller de l’avant pour le bien-être des populations est on ne peut plus affichée. Si de tous les candidats à l’une des rares vraies présidentielles de toute l’histoire politique du Burkina, le choix du peuple a été sans appel sur votre personne, c’est aussi en partie pour donner un coup de pousse franc et distingué dans le secteur de la santé aussi. Qu’en est-il à présent ?

Autant que les acteurs techniques, politiques de ce secteur, il y a aussi les acteurs économiques qui s’investissent aux côtés de l’État pour améliorer et agrandir l’offre de santé dans notre cher pays. Au rang de ces derniers, les promoteurs des cliniques privées.

Il faut tout de suite rappeler que l’existence de ces officines relève du partenariat public-privé dans le secteur de la santé et non d’une quelconque cupidité de leurs promoteurs. De toute façon, les questions de prix pratiqués (que d’ailleurs l’État peut contrôler) relèvent de la simple loi du marché. C’est en l’incapacité de l’État à répondre à lui tout seul aux demandes des populations en matière de santé que viennent au secours ces acteurs. Imaginons donc un seul instant, toute la ville de Ouagadougou attendant ses soins rien que des services publics en la matière.

Ceci étant, et comme autorisé par le cadre règlementaire, les promoteurs de cliniques privées, sont dans leur quasi-totalité amenés à recourir à l’assistance financière des banques de la place sous des closes qui engagent les parties. Du point de vue juridique, on comprend que chacune des parties exige à l’autre la contrepartie due dans les délais et les formes convenus.  

Mais quelques interrogations s’imposent et nous voulons vous en faire part ici. Si nous convenons que nous sommes sous un régime politique d’obédience socialiste, n’existe-il pas de mécanismes de protection des entreprises du genre qui œuvrent dans le sociale, si seulement celles-ci offrent des prestations conforment au cahier de charge technique entre elle et l’État ?

 N’est-ce pas une portion des missions de l’État que celles-ci se proposent d’accomplir ? Alors que même les régimes capitalistes des pires formes, trouvent toujours des mécanismes de protection de ces genres d’entreprises, où avons-nous mis nos fondements idéologiques ? Combien de familles à Ouagadougou se trouvent vivre des salaires servis à l’occasion de l’existence et du fonctionnement de cette clinique ? La Société générale (banque cocontractante) disparaitra-t-elle si l’on ne ferme pas cette clinique ? Sera-t-elle contrainte à la compression de son personnel si les échéances sont encore repoussées ? Il me semble que c’est cela aussi la social-démocratie.

La majorité de notre people ne peut jouir des évacuations sanitaires, encore moins le privilège des nantis du moment d’aller soigner leur grippe, ou faire leur bilan de santé en Occident; le peuple est indigent, sauver une Clinique est une responsabilité sociale de l’État. Ce n’est pas le promoteur qu’on sauve, ni encourager de la mauvaise gestion, c est la vie du peuple qu’on sauve.

Aujourd’hui, c’est la clinique « Les Genêts » qui est menacée de disparition (dans sa forme actuelle), il me semble important d’annoncer, sans faire le prophète de malheur, pour les jours à venir, le tour de toutes les autres cliniques privées à travers le pays.

 La raison est très simple Excellence monsieur le Président. Elles seront toutes contraintes de mettre la clé sous le paillasson parce qu’elles ne peuvent tenir sans prêt bancaire si elles ne spolient les pauvres populations déjà sous toutes formes de pression sociale. Autrement, elles se transformeront, à leur corps défendant, en mouroirs.

En définitive, je voudrais croire en la capacité de l’État socialiste, en la conséquence des hommes qui tiennent celui-ci, je voudrais croire que l’État existe aussi pour le plus faible et pour une justice sociale. Les méthodes et les moyens en la matière sont multiples, sans me lancer à une énumération éhontée, pourrait-on se fier à la simple volonté politique pour sauver notre société. Oui, il s’agit de sauver notre société, si non toutes nos cliniques subiront le même sort, ou alors, elles deviennent des mouroirs et ce qui devrait survenir surviendra.

Célestin Badolo

Activiste de la bonne gouvernance et de la démocratie

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4 commentaires

  1. J’aimerais juste attirer l’attention des uns et des autres sur un fait : mise en vente ne signifie pas systématiquement vendu. Pour qu’il y ait vente, il y a des conditions à réunir. Et ces conditions ne me semblent pas réunies pour l’instant.

  2. Je ne comprend pas pourquoi cette clinique qui pratique les prix fou qui n’est pas à la portée du citoyen lamda peut-être dans ses conditions problématique et chaotique ? Vraiment aidé moi à comprendre pourquoi cet état de fait. Hé Burkina Faso yako ooooo, yako.

  3. cette clinique est très mal gérée, elle pratique des prix de fou, paye mal ses médecins, magouille sur les médicaments en vendant ceux à la date d’expiration…..mauvaise réputation

  4. D’une manière générale, les promoteurs des cliniques privées sont pris à leur propre jeu corporatiste, ce qui les place en situation de dépendance vis-à-vis des banques de la place. Sous leur pression constante et celle de leur fédération, la loi continue d’interdire à un investisseur non professionnel, autrement dit à une personne physique ne pouvant pas revendiquer la qualité de médecin, le droit de créer ou de participer financièrement à la création d’une clinique privée. S’agissant des personnes morales, les seules autorisées à le faire sont les congrégations religieuses, à titre non-lucratif.
    Le résultat de ce blocage corporatiste, où l’intérêt des patients ou le respect de la déontologie ne sont que des prétextes, c’est que les cliniques privées souffrent de sous-capitalisation chronique. À la création, elles résultent généralement de la mise en commun de la part des médecins promoteurs d’une partie de leur patrimoine foncier (un terrain) et d’un peu de cash. Dans le même temps, ou un peu plus tard, ces promoteurs peuvent faire appel au financement des banques, qui voient dans le secteur des cliniques privées une véritable aubaine, voire une vache grasse : non seulement on peut appliquer à ces établissements des taux d’intérêts relativement élevés, mais surtout le risque de non-remboursement est très faible en raison de la facilité avec laquelle on peut saisir les actifs immobilisés d’une clinique. Peu ou prou, les banques sont toujours des prédateurs qui cherchent à augmenter la proie tout en réduisant au minimum les efforts à faire pour lui mettre la griffe dessus…
    La première conséquence de cette sous-capitalisation (qui est le fait idiosyncrasique des entreprises burkinabè), c’est que les investissements et les réinvestissements sont réalisés en fonction des moyens disponibles sur place, en particulier selon le crédit bancaire accordé, et non pas en fonction des besoins du marché. Or, faire avec ce que l’on a dans les poches est tout sauf une vision stratégique pour un investissement. D’où des équipements incomplets, redondants, tardifs, voire inutiles, sans même parler du fait que ces équipements sont souvent de seconde main.
    La seconde conséquence, c’est que les cliniques privées tombent assez rapidement sous la coupe des banques, sans lesquelles elles ne peuvent plus investir ou fonctionner faute de trésorerie, et ce à des taux d’intérêts exorbitants. Le risque est grand alors que ce soit les banques qui en réalité dirigent de l’extérieur les cliniques privées, au détriment des intérêts de celles-ci et également des patients au final.

    Dans son dernier rapport, la Banque Mondiale insistait pour que des capitaux privés puissent figurer au capital des cliniques privées et que celles-ci puissent être possédées par des personnes morales. Mais ces recommandations sont restées lettre morte, car elles vont à l’encontre du corporatisme médical, où chaque praticien rêve de créer son propre établissement alors qu’il n’en n’a pas la surface financière. C’est un peu un syndrome qui prévaut dans l’ensemble de l’économie burkinabè et qu’on peut résumer par le terme « entrepro-mania ». Au lieu de créer des entités viables du point de vue stratégique et financier, chacun peut se lancer dans l’aventure avec 5 000 F en poche (le prix d’un repas en ville comme capital social, ne riez pas, mais c’est la loi), quitte à constater quelques années plus tard que les moyens lui faisait défaut dés le départ. Un véritable casse-pipe, que les cliniques privées découvrent aujourd’hui et qui ont pour conséquence pour certaines d’entre elles d’être mises en vente par leur banquier.
    Pour prendre une image, c’est un peu comme si vous vouliez vous rendre à Bobo-Dioulasso avec votre véhicule alors que vous n’avez dans le réservoir que du carburant pour aller jusqu’à Boromo. Vous vous dites, on verra bien en route. Or en route, soit vous trouvez quelqu’un qui est prêt à vous faire crédit en prenant votre véhicule en garantie, mais en vous faisant payer le carburant deux fois plus cher (banque), et vous pouvez continuer votre route ; ou vous roulez jusqu’à la panne sèche, vous confiez votre véhicule au premier venu et vous continuez votre chemin à pied.

    S’agissant des cliniques privées, l’impasse dans laquelle elles se trouvent et avec elles une partie du secteur de la santé au Burkina Faso ne peut être levée tant que les professions médicales maintiennent leur corporatisme et que la propriété de leurs actifs ne peut pas être le fait de personnes physiques ou morales non professionnelles, y compris à titre majoritaire. En clair, pour disposer de capitaux à bas coût (la moitié de ce que les banques de la place proposent, voire moins si on procède par apport en compte courant), de partenaires dont les intérêts sont liés en interne à ceux de la clinique et surtout, pour se développer en fonction d’une vision stratégique du marché de la santé, les cliniques privées doivent intégrer des capitaux privés, ce qui revient à distinguer le capital financier (argent) du capital technique (compétence médicale).
    La question de la déontologie et de la défense de l’intérêt des patients n’est pas contradictoire avec la possession du capital financier par des personnes non professionnelles, puisqu’il suffit d’instituer un management médical, y compris avec un droit de véto s’agissant d’un certain nombre de questions, à côté du management organisationnel et financier. À chacun son rôle, au financier, de financer et d’assurer la gestion financière de la clinique ; au médecin, de soigner les patients et d’assurer la gestion médicale de la clinique. Qui aurait à perdre dans ce montage ? Personne, et en tout cas pas le patient burkinabè ! Peut-être les banques de la place, qui devraient cesser de se sucrer et revoir à la baisse leurs taux d’intérêt et les conditions de leur crédit…

    Il est à noter que certains fonds d’investissement étrangers ont marqué de l’intérêt pour le secteur des cliniques privées, mais qu’ils ont fait demi-tour à raison de la législation totalement fermée. Ces fonds offraient l’avantage de constituer pour les cliniques où ils pourraient investir un interlocuteur de premier rang devant les fournisseurs internationaux de matériel médical, ce qui n’est pas rien quand on sait combien les termes de la négociation sont défavorables aux cliniques privées burkinabè qui souhaitent s’équiper. Redonner envie à ces fonds de revenir prospecter au Burkina Faso n’est pas chose impossible, mais encore faut-il leur proposer un cadre juridique compatible avec les règles du business, ce qui n’est pas le cas des discussions actuelles autour d’un texte réglementaire qui pourrait autoriser les capitaux privés à hauteur de … 25 %.

    Pour finir, s’agissant de la saisie par une banque locale et la mise en vente de la clinique Les Genêts, il faut garder à l’esprit que cette vente n’est possible qu’à des professionnels de santé, ou à un groupement de ces professionnels, ce qui risque encore de morceler le capital et par conséquent de rendre encore plus improbable les prises de décision stratégiques, chaque spécialité défendant ses propres intérêts de spécialité, le plus souvent sans possibilité d’arbitrage.
    Par ailleurs, il est à se demander si la banque locale concernée n’a pas dans son portefeuille d’autres cliniques, pressenties, voire à l’origine de la procédure de saisie, ce qui rendrait l’opération sans aucune conséquence pour elle, puisqu’il s’agirait d’un simple transfert d’écriture dans ses livres. Jusqu’à quel point la saisie de la clinique des Genêts est-elle un règlement de compte, dont l’enjeu soit le leadership des cliniques privées et partant de la fédération qui les regroupent, et dont la banque ne serait que l’instrument ?

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