France-Afrique : Hollande reproché d’avoir « manigancé une sortie digne à Compaoré »

publicite

L’influence de la France, ancienne puissance coloniale, sur les décisions (des) politiques intéresse plus d’un Africain. En décembre 2016, le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique, créé en 2009 autour des enjeux électoraux sur le continent avec pour but de « promouvoir des réformes profondes des politiques française et européenne » a envoyé un questionnaire aux candidats à la présidentielle française pour savoir quelle vision ils ont de l’Afrique, le type de relations qu’ils entendent nouer avec le continent s’ils sont élus, ce qu’ils pensent de la présence militaire française en Afrique, des enjeux climatiques, du système monétaire ouest-africain.

La suite après cette publicité

6 des 11 candidats ont répondu. Nous vous proposons une synthèse de leurs réponses, parmi lesquelles, les propositions tranchées de Jean Luc Melanchon, qui reproche à François Hollande d’avoir « manigancé une sortie digne à Compaoré », « soutenu Sassou Nguesso en reconnaissant la légitimité de son référendum ».

Quelle relation la France doit-elle entretenir avec les pays dont les dirigeants s’accrochent au pouvoir ?

Chez le socialiste Benoît Hamon les mouvements citoyens occupent une place de choix  « à un moment où la tentation du maintien au pouvoir de nombreux dirigeants est palpable » et où « l’aspiration démocratique n’a jamais été aussi forte ».

Il cite entre autres les Filimbi (RDC), Y’en a marre (Sénégal), Le Balai citoyen (Burkina Faso) et le Collectif Tournons la page (campagne en faveur de l’alternance présente dans sept pays africains). Pour que soit encré le processus démocratique en Afrique, il se dit prêt à « veiller à ce que cette aspiration, portée par les citoyens, ne soit pas bâillonnée, mais qu’au contraire elle puisse grandir et se transformer en approfondissement démocratique ».

Le progressiste Emmanuel Macron  pour qui l’Afrique n’a jamais eu autant de pays pourvus de systèmes politiques issus d’élections multipartites, entend « contribuer au renforcement des sociétés civiles, afin d’accroître la redevabilité démocratique ». Pour la candidate frontiste Marine Le Pen, la France n’a pas à « soutenir des dirigeants qui, par leurs politiques, maltraitent leurs populations ».

Son représentant Louis Alliot propose de plutôt axer l’amitié franco-africaine sur les peuples et non sur les dirigeants. Jean-Luc Mélenchon propose également de soutenir les « mouvements démocratiques et populaires » « plutôt que les dictateurs africains ».

Le candidat de La France insoumise reproche au président François Hollande d’avoir « manigancé une sortie digne à Compaoré », « soutenu Sassou Nguesso en reconnaissant la légitimité de son référendum », et de « s’être tu lors de la réélection truquée d’Ali Bongo ».

Déplorant la complaisance de la France à l’égard de certains régimes notamment en Afrique Centrale où, la situation demeure « dramatique », l’Occident et particulièrement la diplomatie française portent selon J.L. Melenchon « une responsabilité lourde » au regard du soutien dont bénéficient les « dictateurs Déby, Sassou, Obiang, Kabila, Bongo ».

Présence militaire française en Afrique…

Actuellement, la France compte quatre bases militaires en Afrique et deux opérations en cours dont Barkhane au Sahel depuis août 2014 (après Serval). Pour le candidat Nicolas Dupoint-Aignan, la présence de contingents se justifie au regard « de graves menaces » dont certains pays font l’objet. Mais, précise-t-il, « l’armée de la République n’a pas à sécuriser tel ou tel régime ».

Au Mali et au Niger, Fillon à la rencontre des militaires les 17, 18 et 19 décembre dernier. © Kasia Wandycz

Emmanuel Macron lui propose plutôt de « renforcer les fonctions régaliennes des États et de développer une réponse africaine coordonnée au niveau régional et continental ». Allant plus loin, que ces deux, Jean-Luc Mélenchon envisage le départ des forces françaises.

« La France ne peut plus accepter que ces bases militaires permanentes en Afrique soient un instrument au service du pillage des ressources naturelles par les grandes entreprises françaises, du financement des dictatures en place et du développement du clientélisme et de la corruption. Cependant, il appartient aux dirigeants africains de demander le départ de ces bases », argumente le candidat de la France insoumise.

Sortir ou non du Franc CFA ?

Le Front anti F CFA n’a cessé de donner de la voix pour une pure et simple suppression du Franc des colonies française d’Afrique. L’horizon 2020 visé par la CEDEAO est fort apprécié par certains chefs d’Etat Africains. Notamment le président burkinabè Roch Kaboré. « il faut progressivement supprimer le franc CFA et mettre en place un nouveau modèle », soutient la candidate du Front national.

A quelques nuances près, les autres candidats s’alignent derrière l’Elysée. Ainsi pour Nicolas Dupont-Aignan, « ce seront les États africains qui décideront, ou non, d’un big bang monétaire après en avoir pesé les risques considérables ».

Pour Emmanuel Macron, qui est En Marche, « la France doit participer à la réflexion sur l’avenir de la zone Franc, avec des économistes et experts africains afin de moderniser certains de ses aspects, sans pour autant remettre en cause ses avantages (intégration, convertibilité, stabilité monétaire) »

Un-modele-de-billet-de-10-000-francs-cfa-emis © DR

Le candidat socialiste l’admet. « La persistance du franc CFA dans une quinzaine de pays d’Afrique, près de vingt après l’usage de l’euro est souvent ressenti par les populations, et à raison, comme un vestige colonial ». Notamment que des questions comme celle du dépôt de garantie auprès du Trésor français puisse alimenter un certain nombre d’incompréhensions. Benoît Hamon s’engage à faire « tout ce qu’il faut pour accompagner au mieux ce choix vers une souveraineté économique et monétaire réelle des Africains ».

Jean-Luc Mélenchon dénonce « le grave défaut de lier les choix financiers de cette partie de l’Afrique à la BCE (Banque centrale européenne) et à l’Europe ». Toute chose qui empêche les pays concernés d’entrer dans la construction d’une Banque centrale africaine.

« Nous devons donc créer une instance de réflexion commune pour faire des propositions concrètes de sortie du système actuel tout en étant réalistes sur les conditions d’un succès d’une autonomisation qui ne doit en aucun cas nuire aux conditions de vie des populations concernées », propose le candidat de La France insoumise.

Oui Koueta

Burkina24

Source : afrique.lepoint.fr

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Oui Koueta

'The vitality of a country can also be measured through that of its journalists'

Articles similaires

Un commentaire

  1. Mélenchon est un démagogue! Il soutiens la dictature de Laurent Gbagbo! Il dit et change de langage selon son audience.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page