Le regard de Monica – Groupes féminins sur Facebook : Arbres à palabres virtuels parfois foyers de bonnes actions

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Le Regard de Monica est une chronique de Burkina24 qui est animée chaque jeudi par Monica Rinaldi, une Italienne vivant au Burkina.monica-rinaldi Cette chronique traite de sujets liés aux femmes, à la consommation locale et aux faits de société.

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Véritable phénomène de coutume, répandu en Afrique plus qu’ailleurs, leur nombre ne fait qu’augmenter. Les groupes féminins sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, ont commencé à faire leur apparition il y a moins de 10 ans, mais leur diffusion est devenue beaucoup plus importante dans les derniers 4 à 5 ans, au rythme de la diffusion de l’accès Internet et des smartphones dans nos Pays.

Partage d’astuces, de conseils, de débats et de vente : un « arbre à palabres » et une « place du marché » virtuelles

Les membres de ces groupes généralement ne se connaissent pas personnellement : les créatrices fondent un groupe dont elles sont administratrices et commencent par y rajouter leurs amies, virtuelles ou réelles. Mais rapidement, celles-ci rajoutent des amies qui rajoutent d’autres amies… jusqu’à se trouver avec des milliers de membres, de toute extraction sociale, âge, religion et provenance.

À la base, leur raison d’être c’est le partage d’astuces et conseils, que cela soit de beauté, de cuisine, de santé, d’éducation des enfants ou de techniques pour séduire l’autre moitié du ciel. Ainsi, certains groupes sont thématiquement focalisés – par exemple – sur la perte de poids, ou sur la perfection du teint, ou sur les tactiques pour bien prendre soin des hommes, ou encore sur les recettes de cuisine.

 D’autres par contre ouvrent à tous les sujets, parfois avec un programme hebdomadaire, le plus souvent de manière libre. Sans oublier le commerce : plusieurs membres proposent leurs produits de tout genre (habillement et accessoires, produits cosmétiques, articles de séduction, articles de cuisine et pour la maison… jusqu’aux annonces de location de maison et de ventes de parcelles) aux autres membres du groupe, en offrant souvent un service de commande et de livraison possible aussi à travers les systèmes de portefeuille électronique.

Très populaires et très fréquentes aussi sont les « histoires anonymes » : des membres qui demandent, à travers l’une des administratrices ou par le biais d’un compte anonyme créé à cet effet, de l’aide ou des conseils aux autres membres pour résoudre une situation qui les met en difficultés. Ce sont souvent les publications qui ont le plus de commentaires, qui souvent se transforment en vrais débats, vraie âme de ces groupes.

Quelques sujets : faut-il fouiller le téléphone de son homme ? Comment gérer des relations compliquées avec sa belle-famille ? Faut-il pardonner l’infidélité des hommes ? Ou mieux, comment l’éviter ? Quel comportement tenir avec ses collègues ? Comment gérer la jalousie maladive de son conjoint ?

Le « ciment » qui tient ensemble ces groupes, composés parfois de plus de 10.000 membres, est la compréhension bien sûr, mais aussi un travail de modération très actif de la part des administratrices, avec un règlement qui, entre autres, interdit de diffuser les contenus du groupe hors du groupe… et parfois son nom aussi.

De la connaissance virtuelle aux bonnes actions concrètes

Celle qui écrit étant membre de pas moins d’une dizaine de groupes, elle est tenue par les mêmes clauses de confidentialité. Néanmoins, aujourd’hui nous ferons une exception car il y a des occasions où ces groupes deviennent des foyers de bonnes actions.

La toute dernière a été créée par un groupe dénommé « Les astucieuses », qui compte plus de 11.000 membres, essentiellement résidantes au Burkina même si quelques centaines voire milliers de membres sont dans d’autres Pays ouest-africains ou de la diaspora. Sur l’initiative des administratrices et avec l’appui de quelques volontaires, ses membres ont initié une collecte de fonds pour faire un don à l’orphelinat de Tanghin. En moins de 2 mois, elles ont ressemblé presque 400.000 F CFA et plusieurs dons en nature (vivres, vêtements).

C’est ainsi que le samedi 29 avril, une petite délégation de membres s’est rendue à la pouponnière Jocheeba, qui se situe dans la cour du collège protestant de Tanghin. Ici, une cinquantaine d’enfants dont l’âge est compris entre 2 mois et 12 ans sont accueillis : il s’agit essentiellement d’enfants abandonnés, mais la pouponnière offre de l’assistance à environ 200 orphelins qui vivent dans leurs familles et qui viennent chaque semaine pour un suivi sanitaire, nutritionnel et psychologique à la pouponnière.

Ce genre de centre ne reçoit pas d’appuis institutionnalisés et vit de la générosité des donateurs, soient-ils liés à l’église protestante ou externes. Ainsi le don, qui était composé de vivres (200 kg de riz local, 100 kg de farine de maïs local, 40 litres d’huile de palme, 18 kg de pâtes alimentaires, 20 kg de lait en poudre, 7,5 kg de lait premier et deuxième âge, un carton de sucre, 10 kg de bouillie enrichie locale) et de produits d’entretien (15 l d’eau de javel, 3 cartons de savon, quelques centaines de couches pour bébé, des serpillères), a été pris comme « un miracle, une bénédiction du ciel » par les bénéficiaires.

Annulation des différences sociales et reproduction des schémas traditionnels : le pouvoir du virtuel

Ces plate-formes d’échanges virtuelles, pour leur nature accessible à quiconque soit alphabétisé et ait un moyen de connexion, ont réussi à radicalement réduire, voire annuler les différences sociales. En effet, parmi les membres on retrouve des étudiantes, des chefs de service, des commerçantes, des fonctionnaires de tout niveau, des personnes en quête d’emploi, des femmes au foyer, des personnes exerçant des professions libérales telles que juristes, médecins. Toutes ces femmes et filles échangent entre elles sans les contraintes de distinction de niveau social que l’on retrouverait en-dehors de Facebook.

Il reste cependant vrai que la culture d’origine des membres se reflète quelque manière dans le fonctionnement des groupes. Les membres les plus jeunes parlent avec respect et déférence aux membres les plus âgées, dont les avis et conseils sont tenus en grande considération.

Lors des périodes de carême catholique et musulman, des restrictions aux publications sont souvent suggérées par les administratrices, afin de ne pas heurter la sensibilité des membres respectant les préceptes religieux. Les valeurs du pardon et de la tolérance sont prônés pour restaurer la paix après des débats particulièrement enflammés – ce qui arrive plusieurs fois par mois !

Probablement, dans quelques années les sociologues se pencheront sur ce phénomène de coutume que sont les groupes féminins sur Facebook. Pour l’instant, nous nous arrêtons là, car dans le temps d’écrire cette chronique, un débat sur l’indépendance financière de la femme dans le foyer est né et il faut absolument aller donner son avis.

Monica RINALDI

Chroniqueuse pour Burkina24

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