Burkina-France : « Nos intérêts restent les mêmes » (Xavier Lapeyre de Cabanes)

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« C’est très agréable de travailler au Burkina. Vous êtes très accueillants. Les Burkinabè m’ont toujours facilité la compréhension de certaines réalités. Je suis très heureux au Burkina Faso ». C’est en ces mots que Xavier Lapeyre de Cabanes, le nouvel ambassadeur de France arrivé au Burkina il y a 8 mois de cela, appréhende le « Pays des Hommes intègres ». Quelques jours après l’élection de Emmanuel Macron à la présidence française, il a reçu des organes presse dont Burkina 24 pour faire le point du vote des Français au Burkina. D’autres sujets ont également été abordés ce 9 mai 2017. 

 Le 7 mai 2017, les Français ont élu leur  Président en la personne de Emmanuel Macron. Au Burkina, comment s’est déroulée cette élection présidentielle ?

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Xavier Lapeyre de Cabanes (X.L.C.) : Ça s’est très bien déroulé. Comme au Premier tour, 15 jours auparavant, nous avions deux bureaux de vote pour les Français qui habitent au Burkina Faso. L’un à Bobo-Dioulasso et l’autre à Ouagadougou. Les électeurs se sont  déplacés un petit tout peu moins, 43% pour être précis. C’est un chiffre assez honorable, assez élevé parce que les Français, quand ils habitent à l’étranger, ils oublient de voter, ils n’y pensent pas ou ils se sentent moins proches peut-être de la communauté nationale.

Il n’y a pas eu d’incident et le résultat est de 90,5% en faveur de Monsieur Macron et de 9,5% en faveur de Madame Le Pen.

 Finalement le taux d’abstention est assez considérable. Peut-on dire que c’est une élection par défaut ?

X.L.C. : En France, le taux d’abstention a été assez élevé. 25% des électeurs. Ce qui est un peu inhabituel. Les précédentes élections présidentielles ont toujours eu des taux (de participation) beaucoup plus proches de 80%, voire au-dessus. Là, c’est un taux faible qui montre qu’il y avait une partie des électeurs qui ont considéré qu’aucun des deux candidats ne les convenait, sans doute.

Avec l’élection du nouveau président, quelle sera la nouvelle dynamique de la coopération entre la France et le Burkina Faso ?

X.L.C. : C’est un peu tôt pour le dire. Il (Emmanuel Macron) prendra ses fonctions le 14 mai 2017. On peut penser très logiquement que la politique qui a été suivie depuis assez longtemps en faveur de la coopération ne va pas changer. Il n’y a pas de raison. Pourquoi ? Parce que nos intérêts restent les mêmes. On est très proches d’un très grand nombre de pays d’Afrique. Nous avons des intérêts de sécurité dans les pays de la région du Sahel, compte tenu des menaces auxquelles font face le Mali, le Niger, le Burkina Faso et bien d’autres en matière d’attaques terroristes. Elles vont subsister. Elles ne vont pas disparaître du jour au lendemain.

La France devra donc continuer à soutenir les pays qui font face à ces menaces parce que l’instabilité de ces pays est nuisible à tous. Ensuite, parce que l’installation éventuelle d’une sorte de « Sahelistan », c’est-à-dire d’une force terroriste serait catastrophique, non seulement pour les pays du Sahel, mais pour les pays d’Europe parce qu’on a vu ce qu’Al Qu’aida était capable de faire très loin de ses bases en organisant des attentats en 2001 à New York.

En matière de coopération, il n’y a pas de raison qu’elle change. Le candidat Emmanuel Macron l’avait dit, qu’il continuerait la politique de coopération que la France mène depuis des années avec les pays Francophones.

Vous l’avez dit, il n’y aura pas beaucoup de changement alors que de plus en plus la jeunesse africaine décrie cette coopération. N’est-il pas temps d’écouter ces voix et de réorienter cette coopération ?

X.L.C. : Je ne sais pas à quel type de critiques vous faites allusion. C’est comme on dit, aucune politique n’est parfaite. Cela me parait  donc parfaitement légitime de critiquer toute politique. Il faut que les critiques soient bien orientées sur un endroit particulier. Dans ce cas, on fera autrement. On essaye malgré tout de faire en sorte que la politique de coopération qu’on mène soit utile au développement des pays où on la mène.

Il y a deux mois, je suis allé à Dori dans le Nord, dans une zone qui est menacée.  J’ai inauguré avec le ministre de l’énergie, une ligne électrique qui a été financée avec l’aide de l’Agence française de développement. Je ne pense pas que cette coopération soit inutile. Il me semble qu’apporter l’électricité à 200 000 personnes, c’est utile. Ces types d’actions, on va les poursuivre. Dans quelques mois, on inaugurera la centrale solaire de Zagtouli. Ce sera la première et la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest. Elle est financée par l’Union européenne et par l’Agence française de développement. Ça c’est utile je pense. Ça va augmenter l’indépendance énergétique du Burkina Faso.

Mais il y a sans doute des actions qui sont moins utiles. Dans ce cas, mieux vaut les abandonner pour faire des actions qui servent au développement du pays.

Pour revenir à la présidentielle en France, Marine Le Pen a eu score non négligeable. Des Burkinabè et partant des Africains tendent à avoir peur du fait des idéaux qu’elle défend. Ces peurs sont-elles réelles ?

X.L.C. : Je pense que les premières personnes qui ont peur, ce sont les Français. Les personnes concernées en premier par une éventuelle élection de Marine Le Pen, ce sont les Français. Ce n’est pas forcement injustifié d’avoir peur, parce que son score a été élevé. Il a été élevé dimanche dernier, plus élevé que ce que son parti avait eu jusqu’à présent, mais moins élevé que ce qu’il était espéré par les partisans de Marine Le Pen.

Maintenant, on verra dans 5 ans ce que donneront les résultats de l’élection présidentielle. On commence à peine un nouveau mandat. Ce n’est pas la peine d’avoir peur. On va se concentrer sur l’action politique pour faire en sorte que ce qui a amené des citoyens français à voter pour Marine Le Pen, que ces raisons-là disparaissent.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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