Santé au Sahel : « C’est comme si on nous prenait comme des cobayes »

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Depuis février 2016, le projet « Renforcement du contrôle citoyen de l’action publique au Burkina Faso pour une redistribution des richesses nationales favorables aux populations rurales » est mis en œuvre. Porté par plusieurs Organisations non gouvernementales, ce projet vise à inciter les populations à la base pour un contrôle des différentes politiques de développement qui leur sont destinées. A cet effet, une tournée de presse dans le Centre-Nord et dans le Sahel a eu lieu du 13 au 15 juillet 2017.

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« La société civile est prise en compte dans toutes nos activités. Si elles (les associations) ne sont pas là, le travail ne peut pas être crédible. Elles disent ce qu’elles pensent de ce que nous voulons faire et c’est dans les discussions qu’on arrive à résoudre certains problèmes ». C’est en ces termes que la première adjointe au maire de Kaya, Binta Sawadogo, appréhende la contribution des Organisations de la société civile (OSC) à Kaya, dans le Centre-Nord du Burkina Faso. Elle loue leur « courage », parce que, fait-elle remarquer, elles « encouragent » la municipalité « à aller de l’avant ».

Cette société civile que Binta Sawadogo complimente est le Comité de contrôle citoyen du Centre-Nord, un regroupement d’OSC qui a vu le jour en 2016 et composé de 10 membres venant de plusieurs associations et ONG. Pour mériter ces fleurs de la municipalité, dans son fonctionnement, le Comité dirigé par Safiatou Ouédraogo a élaboré un plan d’action avec diverses activités. Au nombre de celles-ci, confie Pierre Nana, membre du Comité, une sensibilisation pour améliorer l’assiette fiscale de la municipalité qui a porté fruit.

« Avant, on disait que l’argent d’une femme ne doit pas dépasser 50.000 F CFA »

« On a vu à un moment donné qu’il y avait des problèmes de recouvrement » des taxes « qui étaient liés à une incompréhension. Les gens pensaient qu’on collectait leur argent pour dilapider », relate Pierre Nana. A cet effet, des rencontres ont eu lieu avec les parties prenantes et ce partage a permis d’améliorer la collecte. Tout bénef, à en croire la premiere adjointe au maire de Kaya : « des commerçants se présentent même pour payer leurs taxes ».

Après à peine une année d’existence, le Comité de contrôle citoyen du Centre-Nord a reçu des formations qui lui permettent d’assurer le contrôle budgétaire, le suivi des politiques publiques en matière agricole, d’éducation et de santé. « Nous donnons nos avis et nous n’avons pas peur de nous exprimer », clame M. Nana. Le comité, en sus de ces contrôles, s’investit également dans la prise en compte et à l’implication effective des jeunes et des femmes dans les politiques.

A ce titre, un atelier régional en direction des coutumiers et des religieux a eu lieu en ce qui concerne le plaidoyer sur l’implication des femmes. Suite aux différents plaidoyers, les femmes sont plus impliquées dans les politiques. « Je me dis que nous sommes sur la bonne voie », indique M. Nana. « Parce que avant, se souvient Koritimi Diallo/Ouédraogo, on disait que l’argent d’une femme ne doit pas dépasser 50.000 F CFA. Si ça dépasse, elle devient trop autoritaire. Mais maintenant, avec la sensibilisation, les hommes ont compris ».

Vidéo – Accès aux terres cultivables : La nouvelle place de la femme à Kaya

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Les membres du Comité avouent avoir conscience qu’il faut améliorer la communication auprès des communautés pour que les populations comprennent les contenus des politiques de développement et « insister sur la redevabilité » qui est tout le sens du contrôle citoyen. Dans le Sahel burkinabè où un autre comité de ce genre a également vu le jour en 2016, il y a de la matière.

En effet, plusieurs programmes de développement sont initiés pour la relance économique du Sahel avec des milliards de  F CFA en perspective. A titre d’exemple, le Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL) d’un coût global estimé à plus de 300 milliards de FCFA et le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) pour une prévision d’injection de 419,9 milliards de FCFA. Du grain à moudre pour le Comité de contrôle citoyen du Sahel.

Mais contrairement à son jumeau du Centre-Nord, le comité du Sahel n’a pas encore bien entamé ses activités. Depuis sa mise en place, le comité s’est efforcé de se donner d’abord plus de visibilité. A cet effet, plusieurs rencontres ont eu lieu avec les autorités municipales et régionales. Il est à noter, explique Boureima Diabaté, que le travail du Comité de contrôle a pris un retard du fait des soubresauts politiques que le Conseil régional a rencontrés sous la Transition. « C’est tout récemment que le bureau a été mis en place », relate-t-il. Les plans de développement ne sont pas disponibles, ce qui entrave le contrôle. Malgré ce contretemps, les problèmes demeurent et le comité en fait échos.

Santé au Sahel : « C’est comme si on nous prenait comme des cobayes »

« On remarque ici (au Sahel), quand on affecte les agents, c’est leur première expérience. D’ici-là qu’ils ont la main, ils sont affectés et ce sont des nouveaux qui viennent encore. C’est un problème et nous avons interpellé le Premier ministre. C’est la même façon au niveau de l’enseignement.

A chaque fois qu’on voit un agent de santé, soyez sûr qu’il n’a que deux ou trois ans de service. Donc franchement, la qualité laisse à désirer. Au moment de faire cinq ou six ans, il va être réaffecté. C’est comme si on nous prenait comme des cobayes. ‘’Venez, on va vous essayer ici et une fois que vous avez la maîtrise, on vous envoie vers des centres beaucoup importants que le Sahel’’ (…) Au niveau du CHR, il y a un problème de gestion, de compétence, de matériel. A un moment, le groupe même était en panne. Un groupe qui fonctionne depuis 1998 ».

Hassane Bokoum, membre du Comité de contrôle citoyen du Sahel

L’un des autres problèmes relatés par le comité concerne le retard dans la distribution des semences à l’endroit des agriculteurs. Inoussa Waongo, directeur régional de l’Agriculture et des aménagements hydraulique du Sahel qui reconnait l’impératif du contrôle citoyen en encourageant le Comité du sahel évoque également ce retard dans la distribution des semences. « Mais le problème a été résolu », indique-t-il. A l’en croire, cela provenait de la procédure de passation de marchés.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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