Burkina : L’administration publique passée au crible

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L’Union Nationale des Administrateurs civils du Burkina Faso (UNABF) tient son premier symposium d’Etat les 28 et 29 juillet 2017 à Ouagadougou sous le thème « Quelles réformes pour une administration publique efficace et efficience ; priorités et agenda ». Cette rencontre soutenue par l’Etat burkinabè, le PNUD et la CARFO et qui se veut un cadre de réflexion nationale et internationale pour l’amélioration de la gouvernance administrative connaît la participation des unions sœurs de pays de la sous-région.

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« Une administration publique est budgétivore, (environ 50% des recettes propres de l’Etat), elle souffre d’une certaine lourdeur et la quasi insouciance des agents publics face aux récriminations et insatisfactions des citoyens laissent croire que l’administration publique fonctionne pour elle-même ». Tels sont les maux qui minent l’administration publique burkinabè et relayés par Alidou Dipama, le président de l’Union Nationale des Administrateurs du Burkina Faso (UNABF).

Alors que, citant son discours, les experts de l’administration des Nations-Unies s’accordent que l’administration publique  a un rôle déterminant pour  le développement d’un pays pauvre, elle est la pierre angulaire du développement durable à travers sa capacité à créer un environnement favorable pour stimuler la croissance économique, la cohésion sociale et la protection des biens collectifs.

Alidou Dipama, président de l’Union nationale des administrateurs civils du Burkina

C’est fort de ce constat que, conclut-il, « une administration qui jouit de la légitimité de ses résultats est une administration qui crée une économie. En revanche, une administration qui n’est pas capable de résultats est une administration qui produit une société en colère ».

« D’ailleurs, a-t-il ajouté, lasses d’attendre, certaines populations ont fini  par créer leur propre administration et ainsi elles perçoivent leur propre taxe, votent leurs propres règles, ont leurs tribunaux, leurs propres prisons et se galvanisent même d’être plus efficaces que l’administration des fonctionnaires ».

« C’est pourquoi l’administration burkinabè doit se reformer », estime-t-il et c’est pour contribuer  à cette réforme que l’Union Nationale des Administrateurs civils du Burkina tient cette rencontre avec comme thème « Quelles réformes pour une administration publique efficace et efficiente : priorités et agenda ».

Par ailleurs, Alidou Dipama reconnait qu’une réforme est déjà engagée et commence à prendre forme avec l’instauration du budget programme considéré comme un pas vers la gestion axée sur les résultats.

Cependant, pour lui, pour garantir la productivité administrative, un nouveau paradigme de notation axée sur les résultats des responsables publics devrait voir le jour de sorte à ce que la notation soit tributaire de leur indicateur de résultats.

Les participants au symposium

« Si à la fin de l’année, tes résultats sont insuffisants, tu commences à plier tes bagages pour te dégager toi-même en attendant que le conseil de ministres  ne statue sur ton sort.(…) Les responsables techniques n’auront ainsi plus le choix que de prendre les sanctions nécessaires vis-vis des agents indélicats et improductifs sous leur hiérarchie car la contre-productivité de ces agents peut conduire à leur éjectabilité à fin de l’année », explique-t-il.

Pour lui , cette forme de notation aura plusieurs mérites notamment la productivité, l’imputabilité, la crainte de l’autorité administrative et tende vers l’adoption d’un texte sur la méritocratie qui distingue les fonctions politiques des fonctions techniques soumises aux critères de résultats.

Le ministre de la fonction publique et de la protection sociale, Clément P. Sawadogo, co-président de la cérémonie, rappelant la volonté du gouvernement de soigner davantage la qualité du service public du pays, dit se réjouir de voir la réflexion engagée par des administrateurs civils eux-mêmes.

« Nous avons besoin de leur réflexion pour enrichir le tableau des actions et des mesures que l’on doit prendre pour aller de l’avant », dit-il.


Face aux récentes revendications des administrateurs civils pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail, le ministre de la fonction publique Clément Sawadogo répond :  

« Il  est important que chaque acteur puisse bénéficier de conditions de travail meilleures. Mais avant que l’Etat lui-même ne puisse vraiment distribuer toutes ces conditions meilleures à tout le monde, il faut d’abord trouver les richesses qu’il faut.

C’est à la fois comme un cercle vicieux, puisque sans les moyens on ne peut pas bien travailler. Mais où trouver les moyens, s’ils n’existent pas. Il faut que quelque part une génération accepte aussi de se sacrifier pour qu’on crée les conditions matérielles, qu’on produise d’avantage, qu’on accepte de travailler sans forcément avoir de grands moyens et c’est cela qui va permettre de rompre ce cercle vicieux, cette chaîne  infernale pour que les générations à venir soient plus aisées.

Je crois que chaque citoyen doit être plutôt fier d’avoir pu créer les conditions pour que ses enfants vivent mieux que lui. Aujourd’hui, c’est ce que nous devons comprendre. Cette génération doit comprendre cela. Sinon, si elle croise les bras pour attendre d’hypothétiques  moyens d’amélioration, je ne vois pas qui va apporter les moyens pour nous ». 


Et Siméon Sawadogo, ministre de l’administration territoriale, de lancer à ces agents que « cette adaptation de l’administration publique aux mutations de la société en permanence,  aux besoins des usagers, est au cœur de votre engagement à servir l’intérêt général. C’est aussi l’une des exigences du statut général de la fonction publique auquel le gouvernement est attaché ».

Le présent symposium dont le comité scientifique est composé d’experts d’administration du Burkina, du Bénin, du Mali et du Sénégal, traitera durant deux jours des thématiques relatives à la réforme de l’administration centrale de l’Etat, de l’administration déconcentrée et décentralisée,  entre autres.

A terme, des propositions de réformes prioritaires avec échéances afin d’améliorer la gouvernance administrative pour un développement économique et social sont attendues.

Revelyn SOME

Burkina24

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