Retour au coton conventionnel : Entre qualité de la fibre et pénibilité du travail

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Cela fait un peu plus d’une année que le Burkina a été contraint de retourner au coton conventionnel après plusieurs campagnes avec le coton bt. Les principaux acteurs (sociétés cotonnières et organisation faitière des producteurs) avaient voulu limiter les pertes financières dues en grande partie à une fibre qui devenait courte et induisait la perte du « label coton Burkina ». Comment expliquer le phénomène de la fibre courte du coton bt qui avait pourtant presque dompté les ravageurs ? Comment les producteurs ont vécu la campagne 2016-2017 ? Quelles leçons en ont tiré les sociétés cotonnières ? Quelques réponses.

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En ce mois d’avril 2016, l’association interprofessionnelle du coton burkinabè (AICB), qui regroupe l’association professionnelle des sociétés cotonnières (APROCOB) et l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB) annonce l’abandon temporaire du coton OGM et le retour au coton 100% conventionnel.

 Il est vrai que depuis quelques mois, les nuages s’amoncelaient dans la relation entre les principaux acteurs  et la firme américaine Monsanto qui a introduit le coton BT au Burkina. Mais personne ne s’attendait au retour au coton conventionnel sur l’ensemble des superficies pour la campagne 2016-2017.

Que s’est-il réellement passé pour que le Burkina en arrive à une décision aussi radicale ? Selon l’AICB, le passage au coton OGM a eu des conséquences irréversibles, notamment la perte du « Label Coton Burkina », la perte de la prime qualité et une mauvaise valorisation de la fibre qui devenait plus courte.

 La perte globale est sans appel : un manque à gagner de l’ordre de 50 milliards de F CFA. Voilà les principaux arguments présentés lors de la conférence de presse de lancement de la campagne le 22 avril 2016.

 Et pourtant, il n’a jamais été question de remise en cause de la technologie, selon l’AICB. « Le problème ce n’était pas la technologie », affirme la main sur le cœur, le secrétaire à l’information de l’AICB, Ali Compaoré, par ailleurs directeur général de la Société cotonnière du Gourma (SOCOMA).

Pourquoi le choix du BT ?

Et de faire la genèse du choix du coton BT : « Ce qui nous a amenés à adopter le coton bt, c’est essentiellement la protection phytosanitaire. En 1996 et en 1998, nous avons eu des infestations exceptionnelles de chenilles et de mouche blanche. La biotechnologie était une alternative. A l’évaluation de l’introduction, on s’est rendu compte qu’on pouvait améliorer le  rendement de 30 % par rapport à la variété conventionnelle. On avait démontré qu’on pouvait réduire les traitements de 6 à deux. Voilà les deux principaux éléments qui ont été vendus aux producteurs ». C’est en effet en 2003 que les expérimentations commencent et de 2008 à 2011, la culture à grande échelle  a été effective dans les champs.

Ali Compaoré de l’AICB

Cependant, selon Ali Compaoré, les rendements escomptés n’ont pas été au rendez-vous. Egalement, d’autres ravageurs sont apparus, ce qui a amené les producteurs à multiplier les traitements phytosanitaires pour les contrer.

Pour le DG de la SOCOMA, c’est la firme Monsanto qui est responsable de ce problème technique de gestion du gène puisqu’il fallait faire plusieurs opérations pour purifier le coton BT afin qu’il garde les caractéristiques de longueur, de ténacité et de résistance par rapport à la filature.

 Nous avons tenté de joindre la firme américaine pour avoir son appréciation. Sans succès puisque leur bureau au Burkina a été délocalisé.

Différence

La décision politique prise, il fallait maintenant l’appliquer sur le terrain pour la campagne cotonnière 2016-2017. Au bilan, l’AICB ne fait pas grise mine. Et les chiffres sont éloquents selon le secrétaire à l’information, Ali Compaoré : « 740.400 ha ont été emblavés en 2016-2017 pour une production  estimée à 688.000 tonnes en hausse de 17% par rapport à la campagne dernière. Sur le plan industriel, nous avons une nette amélioration de la qualité du produit. En 2015-2016, la proportion de soie courte était de l’ordre de 53% alors que cette année,  nous avons à peine 1% de soie courte ».

Du côté des producteurs, ce n’est pas exactement le même son de cloche. Nous avons rencontré en mai dernier des producteurs de coton à Houndé, ville située à 252 km de Ouagadougou. Biénimi Kaboué, Bambio Dambo et Gninlé Kaboué cultivent le coton depuis qu’ils sont jeunes. Au regard de la pénibilité du travail et des intoxications dues aux nombreuses pulvérisations des pesticides, le coton BT reste leur préféré.

Peut-on un jour penser au retour au coton BT ? Pour le secrétaire à l’information de l’AICB, Ali Compaoré, c’est une transition parce que  la prospection est en cours avec d’autres firmes pour éventuellement revenir dans les années à venir avec une autre variété de coton génétiquement modifié.

Par Moïse Tarpaga

Correspondance particulière

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